Jeannette Wogaing, est professeure et enseignante au département d’Anthropologie à la
Faculté des Lettres et Sciences Humaines de l’Université de Douala au Cameroun.
Dans une figure de style assez singulier, on l’a donc entendue dire : « Mon époux, mon assassin », une manière bien simple d’illustrer les actes de barbarie subis par une femme dans son foyer. Voici l’extrait de sa perception, récupéré dans les réseaux sociaux.
« La violence est un phénomène présent dans toutes les sociétés humaines. Les auteurs d’actes de violences sont autant les femmes que les hommes et ce, à tous les âges de la vie indépendamment du niveau d’études. Cependant, ses formes et ses manifestations varient dans le temps et l’espace.
Au Cameroun en occurrence, les violences faites aux femmes et davantage les féminicides qui désignent « l’assassinat ou le meurtre d’une femme simplement parce qu’elle est une femme, mais peut aussi faire référence à toute mort donnée à une femme ou une fille ».
En 2022, environ 48 800 femmes et filles dans le monde ont été tuées par leur partenaire intime ou d’autres membres de leur famille. Cela signifie qu’en moyenne, plus de cinq femmes ou filles sont tuées toutes les heures par un membre de leur propre famille. Alors que 55 pour cent des féminicides sont commis par des partenaires intimes ou d’autres membres de la famille, seuls 12 pour cent des homicides sont commis dans la sphère privée.
Ces féminicides sont couramment publiés dans les réseaux sociaux numériques. Selon le ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille (2023) plus de 60 cas de féminicide ont été déclarés au Cameroun. « Griote » qui est une chaîne de télévision 100% féminine et qui suit de près les situations de femmes évoque le chiffre de 85 cas de féminicides au courant de l’année 2023.
Une marche blanche silencieuse sous le slogan : Agir pour mettre fin aux féminicides a été organisée le 09 décembre 2023 à Yaoundé au Cameroun à l’effet de sensibiliser la communauté contre ce phénomène. A cette occasion, il a été relevé qu’« en moyenne 5 femmes par mois sont tuées par leur partenaire au Cameroun. »
Même si les données varient en fonction des sources, on observe que la situation des filles et des femmes reste préoccupante et qu’il est important non seulement de sensibiliser, mais aussi de s’y intéresser. A ce titre, le 04 mars 2024, dans le cadre du lancement des activités liées à la célébration de la journée internationale des droits de la femme, le « Tribunal des femmes » de la FSJP de l’Université de Douala avait convié le public à son procès fictif sur « les violences conjugales » suivi le lendemain 05 mars 2024, par les étudiants en droit de l’Université de Garoua qui avaient participé à un autre procès fictif sur le même thème, cette fois-ci organisé à l’Alliance française de Garoua.
L’archidiocèse de Douala via l’Apostolat de la Famille a organisé les onzième Journées Diocésaines de la Famille sous le thème : Comment lutter contre les violences en famille les 10 et 11 mai 2024 dans le but de sensibiliser les participant(e)s sur la question de la violence. On observe que très peu de femmes demandent de l’aide au niveau des institutions en charge de leurs protections. La situation demeure préoccupante et il est impératif de questionner, d’expliquer et de comprendre le comment et le pourquoi de la violence faite aux femmes et des féminicides.
La violence est le caractère de ce qui est violent, d’une personne violente. C’est la force dont on use contre le droit. Pour Arthomas, « la violence est l’utilisation de la force physique, verbale ou psychologique pour causer les dommages ou des souffrances à une personne ou à un groupe de personnes. ».
Cette définition montre que la violence est l’apanage des femmes autant que les hommes. Quant à la femme, elle est d’après le dictionnaire, une personne de sexe féminin qui a été mariée. Pourtant, toutes les personnes que l’on nomme femmes, ne le sont pas. D’un point de vue culturel, est désignée femme, toute personne de sexe féminin « ayant déjà ses premières menstrues ».
Cette définition a été quasiment celle de la plupart de nos informateurs. Cependant, quelques informateurs s’activent à dire qu’une femme peut également être « une épouse ». L’épouse est comprise comme une personne de sexe féminin qui est mariée selon la coutume ou sur le plan légal et ayant le statut d’épouse légitime.
Pour ce qui est des violences faites aux femmes, c’est un ensemble d’actes et de propos qui concourent à avilir la femme, « à lui montrer qu’elle n’est rien. Qu’elle est insignifiante. Que l’homme peut faire d’elle ce qu’il veut. Il peut même la tuer… » relève Tang, Missokè. S’agissant des féminicides, c’est le fait pour un homme de tuer sa partenaire. Toutes les personnes interviewées ont entendu parler de ces notions.
La femme mariée entre l’illusion et la réalité vécue ou le construit de la chaîne de violence.
La femme mariée en contexte camerounais est perçue comme étant une personne socialement accomplie. Elle l’ait totalement lorsqu’elle est épouse et mère. Petite fille, elle est très tôt initiée à son futur rôle d’épouse et de future mère. La petite fille préfigure la maternité sociale, c’est-à-dire la mère et/ou la fonction de mère.
De cette conception traditionnelle de la femme, elle finit par croire que son bien-être passe essentiellement par une alliance matrimoniale et parfois au péril de sa vie. La représentation que l’on a du mariage donne l’impression qu’épouser une femme « c’est lui faire une faveur […] c’est comme rendre service à la famille de cette dernière […] A la moindre erreur, le mari va lui faire la peau. Elle peut être infantilisée par son mari ».
L’épouse passe donc son temps à investir dans le couple pour compenser ce qu’elle croit être le sacrifice du mari. Elles sont nombreuses à ignorer leurs droits fondamentaux en tant qu’épouse. « C’est lorsque mon époux a abusé de ma confiance, commencé à priver de ration que j’ai pris conscience d’être victime de violence. […] C’est alors que j’ai pris connaissance de mes droits en tant qu’épouse. […] Je vous assure que je les ignorai. [Eclats de rire] ».
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La femme sans en avoir conscience passe du contrôle de ses parents à celui d’un autre homme en la personne de son époux. La compensation matrimoniale devient pour certains un élément qui donne le droit à l’homme de maltraiter et/ou de violenter la femme. « On entend certains hommes rappeler à leur épouse : n’oublie pas que je t’ai doté, tu m’appartiens » (Témoignages d’hommes et de femmes)
Et pourtant, d’un point de vue culturel, la compensation matrimoniale improprement appelée dot, matérialise trois aspects : la maturité, la responsabilité et l’engagement. Ces notions par leur définition indiquent que l’homme qui s’engage sur les chemins des noces, est un adulte prêt à assumer les rôles qui sont les siens. Si non, qu’est-ce qui peut expliquer la violence de certains maris sur leurs épouses et donc leurs partenaires ?
Plusieurs personnes pointent du doigt la socialisation différenciée qui prédispose la petite fille au mariage et à toutes les contraintes auxquelles elle y sera soumise tandis qu’au garçon, il lui est juste rappelé qu’il est un homme, sans pour autant lui enseigner ce que c’est qu’un homme. Suivant cette logique, le garçon est de manière inconsciente élevé dans la dynamique du pouvoir et de la domination tandis que la fille est dans l’attente d’être épousée et soumise. Le mariage est perçu et vécu comme une sorte d’ascension sociale. Les cérémonies de célébrations nous renseignent à suffisance sur ce phénomène dans la société camerounaise.
« La femme part du statut de mademoiselle A à celui de Madame K. La mariée abandonne son patronyme au profit de celui de l’époux. On lui accorde du Madame Tel et jamais plus de Mademoiselle. Elle se sent ainsi valorisée. […] Elle abandonne ses propres projets pour se consacrer pleinement à celui d’épouse et de mère. »
Ainsi, la femme mariée existe par rapport à l’autre. La société y contribue de manière inéluctable sans pour autant la protéger. Elle cesse de se projeter en tant qu’être humain. Si d’aventure l’étape du mariage lui échappe, elle est socialement diminuée peu importe son niveau d’études et son autonomie financière.
La situation est plus dramatique lorsque cette dernière n’a pas non plus d’enfants. Le côté paradoxal de cette conception est que plusieurs femmes dans les foyers subissent les violences de leurs maris, certaines y trouvent la mort à la suite des traumatismes subies. Du vécu des femmes mariées violentées naît plusieurs catégories parmi lesquelles les marivorces, les mariveuves et les uxoricides englobés dans les féminicides.
Les marivorces sont les femmes mariées selon la coutume, le droit et /ou religieusement. Ces femmes sont le plus souvent sous le régime de la communauté des biens avec ou sans emploi rémunéré. Elles vivent sous le même toit que leurs époux, mais ne constituent plus un couple au sens du Code civil en son article 212 qui stipule : « Les époux se doivent mutuellement respect, fidélité, secours et assistance ».
L’usage de l’adverbe « mutuellement » selon Feuzeu « suppose que cette obligation est attendue de façon égale de chacun des conjoints. Ce devoir réciproque naît du fait du mariage qui recèle une valeur sacrée ». Quand la femme sort de cet espace juridique, « elle devient comme un meuble encombrant dont l’époux a du mal à s’en séparer ou à s’en débarrasser » rappelle Zinga, Plusieurs épouses sont dans la situation de marivorce.
Au regard de la loi, elles sont mariées, mais sont privées de leurs droits humains et ceux dus à leur statut. Celles qui se sont confiées évoquent des faits récurrents ayant abouti à cette situation. La première concerne celles qui sont mariées, mais n’ont pas un emploi rémunéré. Elles sont le plus souvent qualifiées de « consommatrices ». La seconde est relative aux femmes qui jouissent d’une autonomie financière. Le premier cas qui nous a le plus marqué est celui de Lora quadragénaire, niveau d’études supérieur, sans emploi, mère de trois enfants mineurs.
« Mon mari m’humilie devant les enfants et les gens. Il me bat. Voilà même le tuyau avec lequel il m’a récemment fouetté devant les enfants [Montrant du doigt l’objet en question] On dirait que je suis une enfant. Il dit que je ne produis rien. Je ne suis qu’une consommatrice. (Soupirs et invocation de Dieu) Je suis fatiguée de cette vie, je suis vraiment fatiguée … Comment on peut traiter un être humain ainsi ? Nous sommes pourtant mariés à l’église. […] Mon mari ne me donne plus la ration.
Même pour les fournitures des enfants, il leur demande de venir me voir… Ils vont venir me voir que je travaille où ? Si j’avais du travail, j’allais vivre ainsi ! [Soupirs] Tout le temps, c’est le même refrain. Si mon père vivait, je n’allais pas souffrir autant. Mon seul grand-frère qui pouvait me défendre est parti trop tôt [Pleurs] Je ne sais plus quoi faire … il a toujours un reproche à me faire, je suis paresseuse, je n’aime rien faire, etc. Il ne voit jamais ce que je fais. Qui s’occupe de la maison ? Des enfants ? Je vais citer quoi et laisser quoi ?
Donc quand une femme n’a pas de travail, elle n’a plus droit à la vie ! [Je me suis permise de lui demander s’il y avait encore une intimité entre elle et son bourreau de mari, elle a répondu par l’affirmative] La maison n’a que deux chambres, je fais comment ? Comme pour justifier son acte. Je n’ai pas d’argent pour agir autrement. Voici plus de deux ans qu’il ne me donne plus de ration [Soupirs] Je vis grâce aux dons. J’étais même au service social sans suite. […] Il n’arrive pas à s’occuper de nous, mais il prétend vouloir prendre une autre femme. Quelle femme peut accepter cela ! Il y a eu des assises familiales qui n’ont abouti à rien. […] Ce qui est amusant est que celle pour qui il m’humiliait l’abandonné pour se marier avec quelqu’un d’autre. »
D’intimité entre les deux. Elle n’est plus « la ministre de l’Intérieur ». Le mari tient les rênes de la maison. Le couple vit sous le même toit, mais ne partage plus la chambre conjugale. L’épouse est privée de tout y compris du de sexe. Il arrive que l’homme garde la chambre conjugale et la femme s’installe dans une autre pièce de la maison et vice-versa. Il est des situations où l’homme dort sur le canapé au salon. Aux yeux du mari, elle est morte.
« Mon mari a commencé à me faire les problèmes quand il a voulu prendre une autre femme alors que nous sommes mariés sous le régime monogamique. […] Par la suite, j’ai découvert qu’il s’envoyait en l’air avec une jeune fille du quartier. […] Les assises avec ses frères et son père n’ont rien donné […]. Il a continué avec son aventure. […] Sa petite et lui sont même allés chez le marabout pour le désenvouter découvrirai-je plus tard. […] Bref la situation a beaucoup changé à la maison.
Il a commencé par rationner au compte-goutte alors qu’il donnait l’argent par mois, payer partiellement la pension des enfants, découcher quelques-fois. […] Communiquer très peu, faire lui-même les courses de la maison, pour finir par ne plus les faire. Sa grande famille est bien au courant de la situation […] Il sort le matin et ne revient que la nuit tombée. » (Fati, Pk 14).
Le second cas est celui de Mioriane cinquantenaire, niveau d’études supérieur, salariée, mère de cinq enfants (deux majeurs et trois mineurs).
« Je ne sais même par quel bout commencer mon histoire. Je pensais avoir une vie tranquille jusqu’au jour où j’ai reçu une jeune femme d’une vingtaine d’années m’annonçant je cite : « votre époux a décidé de prendre une deuxième femme et son choix s’est porté sur moi ». […] Je lui ai dit que je ne gérais pas les histoires de baise de mon époux et que de toutes les façons, c’est elle, qui m’en informait. 24 heures ne me suffissent pas pour atteindre mon objectif journalier.
Comment pourrais-je m’en sortir si j’y ajoute les affaires de zizi ! [Eclats de rires]. Honteusement, l’impudente s’est confondue en excuses et s’en est allée. […] A la vérité, cette jeune fille fréquentait la famille depuis plus d’une dizaine d’années. Elle coiffait la cadette des enfants, faisait souvent des sorties avec les touts petits, ce d’autant plus qu’elle avait des neveux et nièces du même âge que les enfants de la maison. […] Six mois plus tôt, je lui avais trouvé un prétendant qui avait un avenir brillant, ayant déjà acquis un lopin de terre pour y bâtir une belle petite maison. […] Bref, ce dernier était en quête d’une jeune femme qui allait l’aider à dépenser son argent […].
Quand la désormais impudente, arrive à la maison, je crois qu’elle est à la quête de plus d’informations concernant le prétendant. Erreur [Eclats de rires] C’est mon époux qui était vraisemblablement son choix. J’étais abasourdie. Mon époux avec cette jeune fille ! Juste waouh ! Quel courage ! […] C’était un peu comme ce triste constat qui a cours dans nos quartiers : tout le monde sait que votre fille est enceinte, sauf vous. La vie à la maison a complètement basculé. Au lieu que le mec s’excuse, il joue la victime. Il m’accuse de l’avoir envoûté depuis que nous sommes mariés, d’être dans les loges, de ne pas savoir ce que je fais de mon salaire, d’avoir un amant (en l’occurrence son parrain), tout un chapelet de récriminations. Je n’en revenais pas.
Naïve que j’étais, je me demandais comment un homme marié sous régime monogamique et, n’arrivant pas à assumer sa famille était dehors à proposer le mariage aux jeunes femmes. Qu’est-ce qui n’a pas marché ? J’apprendrais plus tard que l’impudente jeune femme était la maîtresse attitrée de mon époux depuis près de cinq ans. Comme quoi, il l’employait, lui versait un salaire, s’envoyait en l’air avec elle sous mon nez depuis bien longtemps. Si elle ne s’était pas fait avorter, leur enfant aurait au moins quatre ans. Bravo ! »
Les cas ici présentés ont quelques points communs : les deux épouses ont un niveau d’études supérieur, sont mères de filles et garçons. La première est femme au foyer et subit la violence physique qui est la plus reconnue et souvent dénoncée ; la seconde est salariée et par conséquent jouit d’une plus grande autonomie financière. Les deux femmes subissent d’autres formes de violences qui sont très peu décriées et donc les femmes n’en ont pas toujours conscience : les violences psychologique, économique, sexuelle.
Dans les deux situations, les familles n’ont pas réussi à réconcilier les couples. Les époux ont abandonné leurs rôles au profit de quêtes d’aventure sexuelle. « La fille à cause de qui j’ai été maltraitée l’a finalement abandonné pour se marier avec un autre homme » rapporte Lora, (Pk 9). La pression du mariage est telle que la maîtresse veut devenir épouse à tout prix et à tous les prix. Le cocu maltraite l’épouse en vue d’obtenir son approbation.
Au finish, l’homme est délaissé lorsque l’amante trouve mieux ailleurs et délaisse. L’épouse quant à elle, prend appuie sur les enfants pour traverser ou vivre cette période difficile. « Sans les enfants, je pense que je serai morte. Leur présence me permet de m’accrocher » (Témoignages de femmes).
De la souffrance des femmes mariées
Lorsque l’on considère la violence conjugale comme des situations où les faits de violences sont à la fois récurrents, souvent cumulatifs, s’aggravent et s’accélèrent (phénomène dit de la « spirale », il est difficile d’affirmer qu’une seule femme mariée est à l’abri de la violence conjugale. Considérée comme le sexe faible, elle paie le plus lourd tribut de de sa féminité. Tout porte à penser qu’aucune épouse n’est à l’abri de ce phénomène.
Certaines n’en prennent conscience qu’au moment où elles se découvrent victimes d’actes de violence à travers les échanges avec d’autres femmes, des lectures, des films documentaires, etc. Il existe des situations où ces actes conduisent à la mort. Nous pouvons citer les cas de Diane Yangwo, 30 ans et Blanche Dontsa 42 ans. Enseignantes ayant le niveau d’études supérieur, mère de fille et de garçons, ces deux femmes ont été brutalement arrachées à la vie par leur bourreau de mari.
La première Diane Yangwo, une enseignante d’anglais au lycée Bilingue de Nylon Ndogpassi, est morte samedi le 18 novembre dernier après avoir été violemment battue par son époux, le nommé Eric Bekobe Mvondo. Elle était mère de trois enfants dont le dernier avait neuf mois.
La seconde, « Dr Blanche Laure Dontsa épouse Fouelefack est passée de vie à trépas. Elle a rendu l’âme des suites d’une courte maladie à l’hôpital de Dschang. « Mon épouse, Blanche Laure, a été rappelée hier soir par son créateur qu’elle adorait tant. J’espère que de là-haut où tu te trouves désormais chérie, tu ne nous abandonneras pas. Les enfants et moi te disons mille mercis pour ce que tu représenteras à jamais dans nos vies. Mes amis, aidez-moi à prier pour le repos de son âme », a écrit Christian Fouelefack sur Facebook ».
Les femmes éduquées paient le lourd tribut de la violence dans leur vie de couple. Pour celles qui ont fait de longues études, elles sont le plus souvent appelées les « je n’en disconviens pas » pour matérialiser leur cursus universitaire. Les femmes hésitent à porter plainte de peur de représailles ou par espoir d’une amélioration de la situation. « Les femmes ont honte de dénoncer le bourreau. Elles se sentent humiliées par leur soi-disant partenaires » note Siam de Pk 10.
Ces deux cas de figure remettent au bout du jour la question de l’éducation des garçons. Quelles sont les valeurs que les parents inculquent à leurs enfants dès la tendre enfance ? La petite fille évolue dans un univers où au petit garçon, on accorde tout. Alors que la sienne est faite t’interdictions et d’ultimatum. A la fille, on entend le parent dire « tente de tomber enceinte, tu vas me sentir dans cette maison » observe une des survivantes de la violence conjugale. L’enculturation différenciée prédispose le petit garçon à se comporter en petit roi. « Il peut recevoir des filles à la maison […] Elle peut même arriver dans sa chambre sans que cela n’émeuve pas le parent » dit Keyra, Cité des Palmiers. »
Alphonse Jènè