A chaque année ses problèmes. A quelques semaines de la reprise des cours pour l’année 2024-205, nous faisons un détour sur les maux qui minent nos lycées et collèges au Cameroun. Nous allons faire parler les professionnels de l’éducation pour comprendre ce qui se passe.
Dépravation des mœurs, alcool, drogues, un phénomène qui fait de la résistance en milieu scolaire. Une situation qui met le système éducatif en mal, dans les grandes métropoles du Cameroun. On a vu l’année dernière, des écoliers se livrer à des activités de pornographie dans les hôtels et autres appartements meublés.
Que ce soit à Kribi, à Douala, à Yaoundé, à Bafoussam, on a vu des meurtres d’enseignants. Ces phénomènes font de la résistance carrément On parle alors de violence au milieu scolaire avec les parents qui disent ne plus être les seuls responsables de cette décadence dans nos écoles.
Élèves, enseignants et même autorités gouvernementales ont tous une responsabilité sur ce que sont devenus nos écoliers : « C’est une affaire d’éducation. Si déjà, votre enfant se permet de quitter chez ses parents avec un couteau, pour aller avec, ça veut dire qu’il y a un problème. Que ce soit au niveau des parents ou au niveau des établissements, il y a encore un travail à faire. Mais l’idée c’est qu’on parvienne à vivre dans un pays où en classe on retrouve des enfants sans couteaux, sans poignards, et qu’il n’y ait pas de violence, que ce soit envers leurs propres camarades, qu’envers les enseignants. Donc quoi qu’on dise, il faut simplement qu’il y ait un sursaut de responsabilité. Que les parents prennent conscience et que les encadreurs au niveau de l’établissement soient un peu plus stricts », a dit Josiane Emounguè, parent d’élève.
Pour Albert Ekomne, « dire que c’est la faute aux parents, c’est un peu exagéré. Le parent peut jouer son rôle en contrôlant le sac de l’enfant à la maison. Or l’enfant a caché les objets hors de la maison. L’enfant peut ne pas avoir les objets à la maison, mais avec la mauvaise compagnie, il se retrouve avec l’objet dans son sac.
Donc les responsabilités sont partagées, mais beaucoup plus du côté de l’enfant. Tout se résume au fait que le parent doit beaucoup causer avec son enfant ou ses enfants. Les enseignants aussi ont des responsabilités. Quand un enseignant se retrouve au bar, en train de boire avec un élève, il voudrait que l’élève le prenne comme son égal.
Quand il envoie l’élève à l’école et qu’il a une fille pour lui, ça se fait. Quand il voit une fille développée, il tombe. Donc à tous ces niveaux, l’enseignant doit prendre sa place. L’enseignant doit être d’abord un pédagogue, un parent d’enfant, lui-même conscient, prendre sa place d’enseignant.
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Rester dans l’éthique de l’enseignant, ne faire que son travail. Après avoir dispensé le cours, qu’il arrête tout contact, sauf dans le cours de répétition. Il doit plus travailler avec les parents que l’élève », dit ce père de famille.
Elise Kamè, est une mère qui va envoyer deux enfants au lycée cette année : « Aujourd’hui, c’est plus le dehors qui éduque les enfants. Je ne vois pas un parent en train d’éduquer l’enfant dans le sens où il va prendre un couteau ou une lame de rasoir.
Il y a des réseaux sociaux qui trompent les enfants. Il y a la compagnie. L’enfant est plus éduqué dehors que dedans. Les enseignants, n’ont plus trop ce temps de cadrer les enfants. A notre temps, l’enseignant se faisait respecter. Mais aujourd’hui, c’est difficile. Quand l’enseignant arrive en classe, son problème, c’est qu’il donne le cours et il s’en va. Le reste, il se dit, bon, les parents vont faire leur part », dit-elle
Pour Victoire Ekolo Mundi, « chacun a sa responsabilité dans ça. Le gouvernement, même, tout le monde est responsable dans ça. Il y a une chose. Nous avons abandonné l’éducation aux enseignants. Le plus dur, c’est à la maison. Il faut éduquer son enfant en disant qu’il faut éviter de marcher avec des gens qui trouvent que leur comportement ne vous ressemble pas », soutient cette maman.
Alphonse Jènè