Le Pr Charlotte Tchente Nguefack est agrégée de gynécologie-Obstétrique. C’est elle qui coordonne le service gynécologie de l’Hôpital général de Douala. En rapport aux journées de sensibilisation et dépistage gratuit du cancer du col de l’utérus organisées par cette formation sanitaire, nous l’avons rencontrée sur le théâtre de l’action pour comprendre davantage cette maladie
Le cancer du col de l’utérus
Le cancer du col, de l’utérus, c’est une prolifération cellulaire anormale et anarchique. Ça veut dire les cellules du col qui sont normales, à un moment donné. Parce qu’il y a quelque chose qui les perturbe. Commencent à se multiplier de manière un peu folle. Et quand elles se multiplient comme ça, elles acquièrent des propriétés qui leur permettent de détruire les cellules autour d’elles. Et même de quitter là où elles ont commencé, au niveau du col de l’utérus.
Pour aller attaquer d’autres organes à distance qu’on appelle les métastases. Et donc, ça se développe au niveau du col de l’utérus, qui est cette partie de l’utérus. L’utérus, c’est la matrice qui porte le bébé. Il y a une partie qui est dans le vagin qu’on appelle le col. Et donc, c’est à ce niveau que ça se développe. C’est pour ça qu’on va parler du cancer du col.
Chez la femme, le cancer du sein, c’est le premier cancer au plan mondial et au Cameroun aussi. Et celui du col de l’utérus est le deuxième chez nous au Cameroun.
Le cancer du col, c’est seulement dans les pays en voie de développement qu’on l’a encore vraiment. De manière très fréquente comme chez nous ici. Sinon, lorsque les gens s’y mettent dans leur dépistage, la fréquence baisse drastiquement. C’est pour ça que nous nous sommes levés pour sensibiliser les femmes. Parce que c’est un cancer qu’on peut vraiment éviter très facilement en se faisant dépister.
La cause du cancer du col de l’utérus
C’est essentiellement, dans plus de 70% des cas, un virus qu’on appelle le human papillomavirus qui va venir s’installer là. Il est sexuellement transmissible. Il s’installe dans les cellules du col et il stimule petit à petit jusqu’à ce qu’elles deviennent folles. Comme on a dit. Et donc, si le virus est là, maintenant, il y a d’autres cofacteurs. Qui vont favoriser le fait qu’ils agissent encore plus rapidement. Parce que l’organisme peut se battre et l’éliminer.
Maintenant, en présence d’autres cofacteurs qu’on appelle les facteurs de risque. Il va davantage s’installer pour déterminer le cancer du col. Et ces facteurs de risque, là, c’est le premier rapport sexuel précoce. La multiplication des partenaires, bien évidemment, puisque vous risquez de choper plusieurs virus. Et donc avoir une charge plus élevée.
Le fait d’avoir accouché plusieurs enfants, souvent on va dire au-delà de cinq. Pourquoi? Juste parce qu’à chaque accouchement, le col est un peu fragilisé. Et chaque fois que l’organe est un peu fragilisé, le virus aura tendance à s’installer plus.
Le fait d’être immunodéprimé, ça peut être au VIH, au diabète. Ou bien parce qu’on prend certains traitements qui baissent notre immunité. Et le fait de fumer, parce que la nicotine va arriver là et va aussi favoriser d’autres facteurs de risque.
Les femmes sexuellement actives
Évidemment, le cancer du col de l’utérus concerne essentiellement les femmes qui sont sexuellement actives.
Racler le vagin, un grand risque ?
Alors, le fait de racler son vagin avec les doigts, que nous déconseillons fortement. Et je réitère ici. On ne doit pas mettre le doigt dans le vagin pour le laver parce que le vagin s’auto-nettoie. Ça détruit notre flore.
Le vagin a une flore qui permet d’abord de combattre l’infection quand elle est là. Et c’est quand peut-être la flore est dépassée que l’infection s’installe. Quand je lave, je détruis ma flore. Et donc toute autre infection, peut facilement passer. Donc, voilà un peu le problème de la toilette vaginale.
La toilette en elle-même seule ne va pas être un facteur de risque. Mais comme ça va détruire la flore et favoriser l’installation du virus. En ce sens-là, ça va être considéré comme un facteur de risque.
Papillomavirus: une nouvelle étude montre le succès de la vaccination aux Etats-Unis
Un conseil aux femmes
C’est de faire vacciner les jeunes filles entre 9 et 14 ans contre le virus papillomavirus. Il y a un vaccin qui existe. Deuxième chose, dès qu’on est sexuellement active, il faut penser à faire ces frottis du col. On peut faire aussi le test de HPV.
Et puis maintenant, troisième chose, il faut éviter tous ces facteurs-là. On a parlé de la multiplication des partenaires. Il faut avoir une sexualité responsable. Évitez les autres facteurs de risque comme le tabagisme. Et surtout, faire son dépistage.
Est-ce qu’on peut guérir du cancer du corps de l’utérus?
On peut guérir du cancer du col de l’utérus. Et lorsqu’on fait le dépistage, on trouve des lésions précancéreuses qui ne sont pas encore le cancer. Et on sait traiter ces lésions-là pour ne pas arriver au cancer. Donc, c’est très important de comprendre la place de ce dépistage.
C’est de détecter les lésions anormales qui un jour peuvent évoluer vers le cancer. Et comme ça prend du temps, on a tout le temps de traiter pour ne jamais arriver au cancer. On guérit du cancer du col de l’utérus.