L’appropriation de la réglementation en vigueur sur l’état civil au Cameroun reste un problème majeur avec notamment la demande de services qui reste fortement influencée par l’ignorance et la négligence des parents.
Nathalie Wokam Foko, est la présidente de Women’s peace initiatives (Wpi), nous l’avons approchée pour mieux cerner les contours d’une situation qui perdure. Pour elle, « un enfant qui n’a pas d’acte de naissance, c’est un enfant fantôme »
Un travail fastidieux…
La situation est vraiment déplorable dans le système d’état civil au Cameroun. Le programme d’appui à la citoyenneté active avait publié les résultats d’un sondage qui fait état de ce que dans les ménages, beaucoup sont négligents, beaucoup sont ignorants.
Ils ne déclarent pas les naissances et ne font pas d’états civils de façon générale et nous avons le problème de la probité, de l’analphabétisme et aussi le problème de l’accès aux centres d’état civil qui est un élément qui a été relevé. Justement il y a les barrières culturelles et religieuses qui font en sorte que beaucoup de nos familles ne déclarent pas les faits d’état civil.
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Ils donc question à travers les sensibilisations que nous allons faire auprès des différents ménages, de pouvoir amener les populations à comprendre la nécessité et l’importance de l’état civil dans leur vie individuelle aussi pour le gouvernement. Parce que notre gouvernement ne peut pas faire une bonne planification tant que la masse de la population n’est pas mobilisée.
Donc nous espérons qu’à travers la mise en œuvre de nos différents projets, nous allons contribuer justement non seulement à l’amélioration de l’état civil des individus, mais également au développement de notre pays.
L’accès aux centres d’état civil…
C’est vrai que l’ordonnance de 1981 et également la loi de 2011, du 6 mai 2001 prévoit la gratuité de la délivrance de l’état civil. Ça c’est la loi. Mais dans les faits, nous connaissons tous qu’au niveau de nos différents centres d’état civil, cette déclaration ne se fait toujours de façon gratuite.
Les officiers d’état civil demandent toujours à établir ces actes moyennant des frais qui varient d’un centre à un autre. On arrive dans certains centres, c’est peut-être 10 mille Fcfa, dans d’autres c’est 20 mille Fcfa, 3 mille Fcfa, 5 mille Fcfa. Donc des centres. Ce qui est illicite d’ailleurs.
Mais généralement les officiers d’état civil expliquent qu’ils n’ont pas de moyens, qu’on ne leur donne pas de moyens pour pouvoir fonctionner normalement, comme par exemple le payement des loyers et donc ils sont obligés de multiplier les astuces pour fonctionner, ce qui est contraire à la loi.
Je vais d’ailleurs saisir cette occasion pour appeler le gouvernement camerounais à mettre les moyens à la disposition de tous les acteurs de la chaine d’états civils, notamment les officier d’état civil, les maires et même le Bunec qui vient d’être mis en place dans notre pays. Les moyens manquent cruellement à cette structure. Et on ne peut se déployer véritablement sans moyens financiers pour accompagner l’efficacité des actions.
les objectifs poursuivis par Wpi…
Nous menons des campagnes pour sensibiliser les responsables de la société civile et les agents relais aux formalités et obligations relatives à l’état civil et aussi aux techniques de sensibilisation et l’enregistrement des populations cibles.
Les agents relais après formation sont appelés à sensibiliser les populations dans les différentes localités dans lesquelles ces agents sont en permanence au contact de la population et à travers cette sensibilisation, il est question d’amener ces personnes dans le besoin, à pourvoir régulariser leur situation.
Pour les enfants qui n’ont pas d’actes de naissance, il faut que les parents puissent faire enregistrer leurs enfants pour qu’ils puissent bénéficier d’une identité. Un enfant qui n’a pas d’acte de naissance, c’est un enfant fantôme. Et nous en avons beaucoup dans notre pays.
En 2014-2015, nous avons recensé dans la région du Littoral, 27.273 enfants dans 477 écoles sans actes de naissance. Donc vous voyez l’ampleur de la situation. Il est donc question pour nous, de contribuer, d’accompagner l’Etat à qui incombe cette mission de donner l’état civil aux citoyens.
Si l’Etat met des dispositions sur pied parce que nous souhaitons vraiment que, pour les actes de naissance, que les différents hôpitaux où naissent les enfants, puissent déclarer systématiquement les naissances, donc envoyer systématiquement les déclarations aux centres d’état civil territorialement compétents. Mais on déplore que la plupart des centres hospitaliers ne déclarent pas automatiquement les naissances.
Alphonse Jènè. Aucune étiquette pour cette publication.