Il s’agit de 100 titres clés sélectionnés reproduits sous la forme d’écriture, par trois acteurs dont un artiste chanteur, un journaliste et un professionnel de la documentation. Le bouquin a été présenté le 3 juillet 2024 au grand public
Guy Landry Nkott très connu sous l’appellation artistique de Pakito, est un musicien dont le talent et la notoriété sont confortablement établis. Thierry Minko’o et Heyndricks N. Bile. Voilà le trio qui s’est mis pour sélectionner 100 titres sur la pléthore qui constitue le patrimoine musical camerounais, pour en ressortir un ouvrage de 303 pages dont «chacune nous renvoie à des mélodies qui ont fait danser certains, bercer d’autres et inspirer plusieurs générations », pour reprendre les mots de notre confrère Paul Mahel.
Dans le livre/document les trois auteurs ont compilé « 70 années de richesse et de diversité musicales, d’un pays qui est pluriel par le talent et multiple par ses influences. Avec force et détails, les auteurs réussissent à nous transporter dans un voyage riche en sons et en couleurs à travers les époques, sur un tempo rythmé par de croustillantes anecdotes et de fascinantes révélations », des mots d Mahel pour traduire la totalité dans l’engagement des écrivains pour ressortir les éléments de consolidation de la « multi culturalité et la diversité ».
100 titres clés de la variété camerounaise. 1950 – 2020
Le titre à lui tout seul évoque les pans de l’histoire contemporaine du Cameroun. Ils sont partis bien loi en arrière qui se dévoilent. Les chansons sont contextuelles et s’inspirent du quotidien. Ils ont choisi de commencer par mes années 50 où la scène musicale est dans les balbutiements et très fortement influencée par des sonorités venues d’ailleurs comme du Merengue venue de la République Dominicaine, la Rumba venue du Zaïre. Du livre, on est encore plus situé en apprenant que les premières notes de la rythmique du Makossa partent des berges du Wouri dans le Littoral. L’Assiko est en vedette dans la région du Centre.
L’histoire de la musique continue sa marche dans les années 60 où les artistes deviennent émancipés. « Les artistes de l’époque, autodidactes pour la plupart, ont surtout à cœur de conquérir un public trop longtemps bercé par les musiques d’ailleurs. Ici tout est bon pour affirmer son amour du terroir et même quelques fois, la grivoiserie est convoquée », a lu pour nous Paul Mahel.
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La décennie 70 est celle de la professionnalisation, nous apprend-on. Ici, « les jeunes loups aux dents longues envahissent la scène. A la faveur de la coupe d’Afrique des Nations de football que le Cameroun accueille en 1972, Soul Makossa devient le porte étendard du rythme éponyme, qui se lance à la conquête du monde. Les fantassins se recrutent au sein des boys band qui écument les cabarets de la capitale économique. L’assaut est lancé et Paris est la ville à prendre ».
A chaque époque ses prouesses, les années 80 laisse souffler un vent de liberté aux senteurs de renouveau. « Le Makossa qui est au sommet de son art, constitue une équipe nationale et Toto Guillaume en prend naturellement le brassard. Le Bikutsi s’affirme à la faveur notamment de la naissance d’un ovni nommé Théodore Epeme Aka Zanzibar. Une nouvelle génération, emmené par le troublions Samson Chaud gars, prend le contrôle de l’Assiko.
De l’Ouest du pays résonnent U Nguo Ya de Claude Ndam et Famla de Tim et Foty. Le septentrion laisse s’écouler un rythme endiablé baptisé soul Gandjal porté par Ali Baba. Même les très austères forces armées, se laissent aller à la frénésie ambiante en lâchant dans l’arène les Golden Sounds plus connus sous le titre Zangalewa», avons-nous entendu de la bouche de M. Mahel.
En 90 Sala Bekono et K-tino, Sally Nyolo, Zélé le Bombardier font le sommet du hit-parade en rythme Bikutsi. On peut même citer quelques titres : Long Courrier, Ascenseur, Nnom wom.
Dans la conquête du monde apparaissent Wes Madiko qui rencontre Michel Sanchez où nait Alanè qui va faire danser le monde en musique. Richard Bona va à la conquête du mythique Manathan center studios de New York pour délivrer Dipita.
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Les fusions musicales arrivent en 2000, incarnées par Bantou Possi «Nikles», Koppo, «Si tu vois ma go», X Malea, « Yelele», Valséro «ce pays tue les jeunes», Stanley Enow «Hein Père».
Grande satisfaction « c’est un sentiment de satisfaction qui m’habite. Ttous mes encouragements pour cette initiative. On dit que lorsque vous avez tout perdu, il y a au moins la culture et les traces. Ils ont assez fait en retraçant l’histoire de certains titres de 1950 à ce jour », a déclaré l’artiste musicien Sam Mbendè, présent dans la salle.
Grands moments de partage avec les sons en live chantés par des jeunes. On dirait un concert de musique chantée et de musique parlée. Le livre est disponible dans les grandes surfaces.
Claudy Siar, Marie Roger Biloa et Sally Nyollo ont dit leurs mots dans l’ouvrage. Aucune étiquette pour cette publication.