À quatre mois de l’élection présidentielle, une déclaration circule largement dans la région du Sud. Intitulée « Embarquons résolument dans le train du bonheur ! », elle appelle les populations locales à prendre leur destin en main.
La déclaration signée par huit élites du Sud le 18 juin 2025 invite les habitants de cette partie du pays à mesurer leur responsabilité. Tant sur le plan « moral, historique, individuel et collectif », dans ce contexte de fin de règne. Selon les signataires, (Pr Jean Calvin Aba’a Oyono, Dr Appoliaire Legrand Oko, Marcel Ebene, Joanne Christelle Mendomo, Narcisse Evina Ongotto, Emmanuel Foumane Nti , Paul Freddy Oyono, Willy Mengue) , le choix est simple : « Se taire et accepter tous les mensonges » ou « se prononcer et agir pour le bien de la région et du pays tout entier ». Le ton est grave car le moment, qualifié de « décisif » pour le pays, l’est encore plus pour cette région, d’où est originaire le président Paul Biya, au pouvoir depuis 43 ans.
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Bilan fortement critiqué
En effet, ces derniers critiquent fortement le bilan du président sortant dans sa propre région. Ils dénoncent « la condescendance » et « la distance » de Paul Biya envers les populations du Sud. Rappelant l’absence de meeting présidentiel depuis plus de trente ans. Le texte conteste aussi l’image d’un Sud inconditionnellement attaché à son fils le plus célèbre. Pour eux, « soutenir ce mensonge, c’est vraiment prendre les populations de la région du Sud pour des esclaves ».
La déclaration ne s’arrête pas là. Elle dresse un tableau sombre de la situation locale. Entre autres, routes impraticables, localités sans électricité, infrastructures inachevées depuis le comice agropastoral d’Ebolowa, chômage massif, pauvreté persistante. Selon le texte, les nominations de ministres ou directeurs généraux originaires du Sud n’ont rien changé au quotidien des populations. De plus, le communiqué accuse certaines élites locales d’avoir trahi leur mission. Devenus, selon les auteurs, des « experts de la fraude électorale », ces responsables seraient aussi impliqués dans des pratiques. A l’instar du chantage foncier ou le trafic d’influence, exploitant la misère des jeunes et des familles rurales.
Figures sudistes persécutées par le régime
Enfin, la déclaration évoque les figures sudistes persécutées par le régime pour leur liberté de ton. On cite les noms comme Jean-Marc Ella, Abel Eyinga, Charles Ateba Eyene, Marthe Ekemyong épouse Moumié, ou encore Gervais Mendo Ze. Autant d’exemples brandis pour rappeler que le Sud n’a pas toujours été silencieux.
Pour ces ressortissants de la région du Sud, le message est donc clair à l’approche du scrutin. « Le moment est venu de cesser d’être à la solde des politiciens véreux ». Ils appellent les populations à s’engager pleinement dans « le grand changement politique qui va s’opérer ». Un appel au sursaut, à quelques mois d’un tournant décisif pour le Cameroun.