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L’État du Cameroun doit-il protéger ses stars ? Le cas de Francis Ngannou accusé d’homicide involontaire

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Le survenu à Yaoundé en avril , impliquant , l’une des figures sportives les plus célèbres du , a secoué l’opinion publique. Alors qu’il circulait à moto dans le quartier Omnisports, Ngannou a percuté une jeune fille de 17 ans, Ntsama Brigitte Manuella. Cette dernière a malheureusement succombé à ses blessures quelques heures plus tard. Très vite, au-delà du drame humain, un débat complexe a émergé : l’État du Cameroun doit-il protéger ses stars dans de telles circonstances ?

Ce n’est pas la première fois que le Cameroun est confronté à une telle situation. En 2021, l’artiste musicien Tenor avait été impliqué dans un de la circulation à Douala, causant la d’une jeune fille. Son arrestation, son incarcération et les vives réactions du public avaient déjà soulevé la question de la responsabilité des personnalités publiques et de la difficulté pour l’État de concilier émotion populaire et respect de la procédure judiciaire.

– La tentation de la protection nationale –

Francis Ngannou n’est pas un citoyen lambda. De son modeste village de Batié jusqu’aux arènes mondiales de la UFC et du PFL, il a porté haut les couleurs du Cameroun. Sa réussite inspire des millions de jeunes et a contribué à l’image positive du pays sur la scène internationale. Dans un contexte où les modèles réussis sont rares, la tentation est grande, pour l’État comme pour certains citoyens, de vouloir protéger cette icône, au besoin en minimisant ses responsabilités.

– Mais que signifie « protéger » une star ? –

S’agit-il de la soustraire à la ? De lui éviter la prison par des interventions politiques ou judiciaires ? Ce serait là une grave erreur. L’État de droit impose que chacun, sans distinction de statut, réponde de ses actes. La vraie protection que doit assurer l’État à ses figures publiques est celle de garantir un traitement équitable, impartial, et respectueux de leur dignité, tout comme celle de la victime.

– La réalité juridique : homicide involontaire ou volontaire ? –

D’un point de vue juridique, l’affaire est loin d’être simple. L’article 285 du Code pénal camerounais définit l’homicide involontaire comme le fait de causer la mort d’autrui sans intention de la donner, par imprudence ou négligence. Si l’enquête révèle que Ngannou roulait à une vitesse excessive, sous influence, ou en violation grave du code de la route, il pourrait être poursuivi avec des circonstances aggravantes.

En revanche, seule une instruction approfondie pourra établir si son comportement relève effectivement de l’homicide involontaire, ou d’une autre qualification pénale plus lourde.

Il est à noter que certaines sources indiquent que, lors de son admission à l’hôpital, la jeune Ntsama Brigitte Manuella était consciente et que ses fonctions vitales n’étaient pas immédiatement menacées. Si l’enquête médico-légale établit que le est survenu à cause d’une faute médicale ou d’une mauvaise prise en charge à l’hôpital, la responsabilité pénale pourrait se déplacer partiellement ou totalement vers l’établissement de et son personnel. Francis Ngannou pourrait alors voir sa responsabilité atténuée, voire requalifiée, ce qui rend l’attente des résultats de l’autopsie et de l’enquête d’autant plus cruciale.

– Que dit la loi camerounaise sur la faute médicale ? –

Au Cameroun, la faute médicale est définie comme une erreur, une négligence ou une imprudence commise par un professionnel de santé dans l’exercice de ses fonctions, entraînant un dommage pour le patient. Conformément aux articles 285 et 310 du Code pénal, si une faute est établie (par exemple, un mauvais diagnostic, un retard dans la prise en charge, un traitement inadapté), la responsabilité pénale du praticien ou de l’établissement hospitalier peut être engagée. En cas de décès consécutif à une faute médicale, des poursuites pour homicide involontaire peuvent être ouvertes contre le personnel médical, indépendamment de l’auteur initial de l’accident.

– La pression de la justice populaire –

Depuis l’accident, Internet s’est transformé en tribunal. Des milliers d’ se sont empressés de désigner Francis Ngannou comme coupable, parfois même avant la publication de faits officiels. D’autres ont plaidé pour son acquittement, au nom de sa contribution à la nation. Cette polarisation démontre à quel point la justice populaire peut être dangereuse : elle fausse le débat, instrumentalise la douleur des familles et affaiblit la confiance dans les institutions.

Dans ce contexte, l’une des missions fondamentales de l’État est de rappeler que seul le système judiciaire, appuyé sur des enquêtes impartiales, a la compétence pour jug Protéger une star, ce n’est pas l’exonérer, c’est lui garantir que ses droits seront respectés tout au long de la procédure.

– Conclusion : Égalité devant la loi –

La grandeur d’un État ne se mesure pas à la protection aveugle de ses héros, mais à sa capacité à appliquer la loi sans privilège ni persécution. Francis Ngannou a droit à un procès équitable, la famille de Ntsama Brigitte Manuella a droit à la vérité et à la justice. C’est seulement en respectant ces principes que le Cameroun pourra sortir grandi de cette épreuve, et montrer au monde que, même pour ses icônes, la justice est une et indivisible.

« La célébrité n’efface pas la responsabilité : au Cameroun, même les icônes doivent répondre de leurs actes devant la loi. »

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