Le président kényan William Ruto a rendu visite lundi au premier contingent de 400 policiers qui s’envolera mardi pour Haïti pour aider à sécuriser le pays, dans le cadre d’une mission internationale qu’il a qualifiée « d’historique », ont indiqué des sources gouvernementale et policière.
Ce déploiement, plus tardif qu’initialement prévu du fait de retards logistiques et de recours judiciaires, a toujours été soutenu par M. Ruto.
« Cette mission est l’une des plus urgentes, importantes et historiques de l’histoire de la solidarité mondiale », a déclaré le chef de l’Etat kényan aux forces d’élite de la police, lors d’une cérémonie à huis clos, selon des propos rapportés par le bureau présidentiel.
« C’est une mission pour affirmer les valeurs universelles de la communauté des nations, une mission pour prendre position pour l’humanité », a-t-il ajouté.
M. Ruto a prié pour les officiers, leur a remis un drapeau national kényan, selon les images partagées par la présidence, et leur a assuré que le reste de la force les rejoindrait « bientôt ».
« Il s’agit d’une cérémonie officielle. 400 officiers sont désormais prêts à partir demain pour Haïti », avait expliqué auparavant à l’AFP un responsable du ministère de l’Intérieur.
Au total, le Kenya doit envoyer un millier d’hommes en Haïti pour la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS). D’autres pays doivent aussi y contribuer : Bénin, Bahamas, Bangladesh, Barbade, Tchad…
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Avec l’arrivée de la force kényane, « nous espérons de nouvelles améliorations en termes de sécurité, notamment pour l’accès à l’aide humanitaire et l’activité économique de base », a déclaré lundi à Washington le porte-parole du Département d’État américain, Matthew Miller.
Le contingent kényan sera composé de policiers de plusieurs unités d’élite, notamment de l’escadron antiterroriste Recce Squad qui était intervenu lors des attaques menées par les islamistes radicaux somaliens shebab sur le sol kényan (contre l’université de Garissa en 2015 et les centres commerciaux Westgate et Dusit en 2013 et 2019).
La MMAS, prévue pour une durée initiale d’un an (jusqu’en octobre 2024), devra soutenir la police haïtienne dans ses opérations contre les gangs et la criminalité, assurer la sécurité d’infrastructures et permettre aux civils « d’accéder sans entrave et en toute sécurité à l’aide humanitaire », selon la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU du 2 octobre.
Au Kenya, l’opération suscite de vives critiques.
Le parti d’opposition « Alliance troisième voie » (« Thirdway alliance ») a déposé mi-mai un nouveau recours pour l’empêcher, accusant le gouvernement de passer outre un jugement du 26 janvier qui avait déclaré cette mission « inconstitutionnelle ».
Un des dirigeants du parti, Ekuru Aukot, a déclaré lundi à l’AFP qu’il allait déposer « une injonction contre le déploiement ».
« William Ruto n’est qu’un esclave de l’Amérique ou des mondialistes et des impérialistes », a-t-il affirmé : « cela n’a aucun sens qu’il veuille envoyer nos policiers en Haïti alors que nous ne pouvons même pas remédier à la situation d’insécurité (…) dans le nord du Kenya, ni même à Nairobi ».
Les Etats-Unis ont il est vrai cherché avec insistance un pays acceptant de diriger la mission, alors qu’ils fournissent financement et soutien logistique, mais ont exclu la présence de troupes américaines.
Haïti pâtit depuis des dizaines d’années d’une instabilité politique chronique et fait face depuis quelques mois à une résurgence de la violence des gangs, qui contrôlent 80% de la capitale Port-au-Prince, doublée d’une crise humanitaire.
Source: Agence France-Presse Aucune étiquette pour cette publication.