Le très attendu conseil présidentiel de transition en Haïti, chargé de prendre les rênes du pays plongé dans une profonde crise politique et sécuritaire, a prêté serment jeudi, ouvrant la voie à la formation d’un gouvernement intérimaire.
Le responsable d’un parti représenté au sein de l’organe a confirmé à l’AFP qu’ils avaient prêté serment.
Ils doivent ensuite assister dans la matinée à une cérémonie d’installation à la Villa d’accueil, une résidence officielle.
Parallèlement, le Premier ministre contesté Ariel Henry, qui avait annoncé en mars qu’il démissionnerait une fois les nouvelles autorités installées, a officialisé le départ de son gouvernement dans un courrier.
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« Je remercie le peuple haïtien pour l’opportunité de servir notre pays avec intégrité, sagesse et honneur. Haïti renaîtra », a-t-il écrit.
En attendant la formation d’un nouveau gouvernement, Michel Patrick Boisvert a été nommé Premier ministre intérimaire, selon le cabinet sortant.
M. Boisvert signait déjà nombre de communiqués officiels ces dernières semaines, Ariel Henry n’ayant pas pu regagner son pays après un déplacement au Kenya et se trouvant aux Etats-Unis.
Le conseil de transition doit maintenant s’atteler à former un nouveau gouvernement et à nommer un Premier ministre.
– Négociations complexes –
Haïti pâtit depuis des dizaines d’années d’une instabilité politique chronique. Mais fin février, les gangs, dont la violence ravageait déjà des pans entiers du territoire, ont lancé des attaques coordonnées contre des sites stratégiques, disant vouloir renverser Ariel Henry.
Ce dernier, nommé quelques jours avant l’assassinat en 2021 du président Jovenel Moïse, était fortement contesté.
Le 11 mars, le même jour où se tenait une réunion entre Haïtiens et plusieurs organisations et pays comme les Etats-Unis, il a annoncé qu’il allait démissionner pour laisser la place à un conseil présidentiel de transition.
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Il aura fallu plusieurs semaines de négociations complexes, marquées par des revirements, pour que le conseil voie le jour. En cause, des désaccords entre les partis politiques et les autres parties prenantes mais aussi avec le gouvernement sortant, sans compter des doutes sur la légalité même d’un tel organe.
Le conseil est composé de sept membres avec droit de vote, représentant les principales forces politiques en Haïti et le secteur privé. Deux observateurs sans droit de vote portent en outre la voix l’un de la société civile, l’autre de la communauté religieuse.
Sans président ni parlement, Haïti n’a connu aucune élection depuis 2016.
La capitale est à 80% aux mains des bandes criminelles, accusées de nombreuses exactions, en particulier meurtres, viols, pillages et enlèvements contre rançon.
Source: © Agence France-Presse