L’audience du 19 aout 2024 de l’affaire Martinez Zogo a donné un autre visage au procès ouvert pour déterminer les culpabilités des uns et des autres sur le meurtre du journaliste.
Chaude ambiance lundi 19 août dernier au Tribunal militaire de Yaoundé. Les juges ont décidé de mettre fin au à la double casquette présentée par Me Claude Assira, l’avocat et conseil de la Direction générale de la recherche extérieure (Dgre).
Le ministère public a dit clairement que « l’Etat du Cameroun ne peut pas être à la fois partie civile et civilement responsable », toute chose qui a permis de donner raison au ministère public. Ainsi donc, le tribunal a décidé que «la Dgre devrait être civilement responsable de l’assassinat du journaliste », une attitude louable et qui va «donner plus de clarté et de visibilité encore dans la suite de ce procès.
Cet organe de renseignement s’était présenté à l’ouverture du procès en mars 2024 sous la casquette de partie civile. Ce qui n’avait aucun sens à partir du moment où son implication dans la torture et l’assassinat n’avait pas de doute ou tout au moins les hauts cadres y sont détenus. Ils sont au total 13 sur les 17 personnes accusées dans cette affaire.
Le juge en clair veut dire que La Dgre est tenue d’assurer les conséquences pécuniaires parce que Martinez Zogo censé être protégé par ces agents de service de contre-espionnage, a été plutôt mis à mort par eux. Le défunt n’a pas été protégé, au contraire. Donc, elle est civilement responsable », explique un professionnel de droit public.
Pour être plus précis, « si la responsabilité de la Dgre, une structure de l’Etat du Cameroun, venait à être établie dans l’assassinat du journaliste, alors le Cameroun peut être condamné à payer des dommages et intérêts aux ayants droit de la famille de Martinez Zogo », a-t-il conclu.
A lire: Affaire martinez zogo : le tribunal rejette plusieurs demandes
On est donc loin de voir la fin de ce feuilleton, puisque les incertitudes demeurent. Pour Me Whyly Likefack, « la question de la qualité de l’Etat dans ce procès va se poser à nouveau, car, il faudra déterminer si oui ou non le Tribunal militaire va pouvoir juger l’Etat comme civilement responsable et garant des condamnations pécuniaires. Ou alors, ce sera le tribunal administratif.
Mais, en tout état de cause, la question va revenir», a laissé entendre le membre du collège des avocats de la Dgre.
Pour Me Tchoungang, « cela augure simplement une défense extrêmement difficile. Parce que le civilement responsable, tentant de changer sa casquette de partie civile, signifie qu’on va avoir beaucoup de mal à convaincre ces gens-là de nous produire les documents qui permettront de reconstituer ce crime et de révéler la vérité à tout le monde », a dit l’avocat d’Amougou Belinga.
L’affaire a été renvoyée au 9 septembre 2024.
Alphonse Jènè