Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a évoqué auprès de l’AFP vendredi les défis auxquels fait face l’Ukraine: nouvel assaut russe, aide occidentale, manque d’hommes, trêve olympique, invitation à la Chine au sommet de la paix… Voici les principaux points de cet entretien exclusif.
Offensive russe contre Kharkiv
« Ils ont lancé leur opération, elle peut être constituée de plusieurs vagues. Et ça c’est leur première vague. Mais la situation est sous contrôle après cette première vague ».
« Ils sont à 5-10 kilomètres maximum de la frontière, on les a stoppés (…) Je ne dirais pas que c’est un grand succès (russe), mais on doit être sobre et admettre que ce sont eux, pas nous, qui s’enfoncent dans notre territoire. C’est leur avantage ».
« La Russie veut conquérir Kharkiv ville, mais comprend que c’est une bataille difficile. Ils le veulent, ils veulent attaquer ».
« Ils comprennent qu’on a des forces et qu’elles combattront longtemps ».
« Ils ne vont pas mourir par millions, selon moi, pour avoir Kharkiv ».
Pas les forces pour attaquer Kiev
« Ils n’ont pas les forces pour une offensive d’ampleur sur la capitale comme ils l’avaient fait au début de l’invasion ».
A lire: L’Ukraine à la peine dans le nord-est, Poutine justifie son assaut
La bataille du ciel
« Aujourd’hui, nous avons 25% de ce dont on a besoin pour défendre l’Ukraine, je parle de systèmes de défense aérienne ».
« Peut-on avoir trois milliards pour acquérir deux (systèmes Patriot) pour la région de Kharkiv, comme ça les bombes ne tomberont plus sur nos soldats ? ».
« 120, 130 F-16 ou d’autres avions modernes ». « Au total, nous avons besoin de cette flotte d’un tel nombre de F-16 pour atteindre la parité » avec la Russie.
Regarnir les rangs
« On doit constituer les réserves (…) Il y a un nombre important de brigades qui sont vides. On doit le faire pour que les gars (qui sont sur le front) puissent avoir des rotations normales. C’est comme ça que le moral s’améliorera ».
Pas de trêve olympique
« J’ai dit: Emmanuel (Macron, le président français, NDLR), nous n’y croyons pas. Imaginons une seconde qu’il y a un cessez-le-feu. D’abord, on ne fait pas confiance à (Vladimir) Poutine. Deuxièmement, il ne va pas retirer ses troupes. Troisièmement, (…) dis-moi Emmanuel, ai-je dit, qui garantit que la Russie ne va pas en profiter pour faire venir ses troupes sur notre territoire ? ».
« Nous sommes contre une trêve qui ferait le jeu de l’ennemi ».
Appel à la Chine
Les dirigeants chinois « vivent un peu avec le sentiment que si la Russie perd la guerre, ce n’est pas une perte pour la Russie, c’est une victoire pour les Etats-Unis. Pour eux, ce n’est donc ni une victoire pour l’Ukraine ni une perte pour la Russie (…) C’est une victoire de l’Occident. Et ils veulent trouver un équilibre entre les deux. C’est pourquoi j’aimerais voir la Chine impliquée dans le sommet de la paix » des 15 et 16 juin en Suisse.
L’Occident a peur
« Nous nous trouvons dans une situation absurde où l’Occident a peur que la Russie perde la guerre. Et (en même temps) il ne veut pas que l’Ukraine la perde. Parce que la victoire finale de l’Ukraine mènera à la défaite de la Russie. Et la victoire finale de la Russie mènera à la défaite de l’Ukraine ».
Interdiction occidentale de frapper en Russie
« Ils peuvent nous frapper depuis leur territoire, c’est le plus grand avantage dont la Russie dispose, et nous ne pouvons rien faire à leurs systèmes (d’armements) situés sur le territoire russe avec les armes occidentales. Nous n’en avons pas le droit ».
Source: Agence France-Presse Aucune étiquette pour cette publication.