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Emmanuel Elong Mbonjo « Les produits plantés avec des engrais foliaires pourrissent très vite. Or sans engrais, on peut conserver des aliments plus de 6 mois…»

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Il est le président de Synergie nationale des paysans et riverains du Cameroun (Synaparcam). Une organisation qui porte le projet , un espace de promotion d’une saine et durable. Du passage à Mbonjo, village situé dans l’arrondissement de Fiko, département du Moungo, nous l’avons rencontré au hasard d’une circonstance, pour cerner les contours d’un marché qui se prépare activement et qui est annoncé les 15 et 16 octobre 2024 dans ce petit village qui a vu naitre l’artiste François Missè Ngoh. Sans l’utilisation des produits chimiques dans l’, Emmanuel Elong Mbonjo, soutient qu’on peut récolter gros et surtout bien manger et nous épargner des maladies  jamais connues autrefois..

On est à Mbonjo et vous nous parlez du marché vert. C’est quoi très concrètement ? 

Le marché vert, c’est un concept qu’on a initié dans le cadre de l’encadrement des petits paysans qui font de l’agriculture traditionnelle, appelons-le familial.

Et pourquoi on a appelé ça marché vert ?  Parce que tous ces paysans sont aux alentours des agro-industries qui se sont accaparées de toutes les bonnes terres.  Et les paysans veulent embrasser la technique d’utilisation des produits chimiques, herbicides, insecticides et certains engrais foliaires pour maximiser la . Or, les habitudes culturales des paysans, ce n’est pas comme ça. Et on a constaté que les populations ont des maladies inhabituelles dans la zone. On a pris donc l’initiative au sein de la Synergie nationale des paysans et riverains du Cameroun (Synaparcam), notre organisation, de sensibiliser les populations par rapport aux impacts négatifs de la manipulation des produits chimiques et de ses conséquences sur l’environnement. Et à travers cette activité, on a été approché par certaines organisations internationales qui ont trouvé que le concept est vraiment bien. Et on a initié l’encadrement de ces petits paysans en les sensibilisant, en leur parlant de l’importance de la semence traditionnelle et de l’agriculture familiale. Voilà donc deux ans qu’on est dans ce dossier et avec le soutien à l’internationale, on a réussi à encadrer des groupes de planteurs.  La leçon retenue, c’est que les produits plantés avec des engrais foliaires, dès que ça produit, le pourrissement est très vite arrivé.

Traditionnellement, on peut conserver des aliments plus de six mois, un an.  Et ils ont compris que nos conseils étaient bons. On les a amenés à rentrer dans l’agriculture traditionnelle que nous trouvons vraiment , qui est une alimentation saine, qui protège l’environnement, et on veut montrer aujourd’hui aux , que nous, on produit du vert, donc du naturel.

Au terme de l’encadrement de ces petits paysans qui a duré deux ans, on veut profiter, par rapport à la Journée mondiale de la femme rurale, qui se célèbre le 15 octobre de chaque année, le 16 octobre, c’est également la Journée mondiale de l’alimentation, pour inviter les grands hôteliers à , les grands consommateurs qui veulent manger du naturel, à venir voir ce qui se passe à Mbonjo.

Lorsque vous parlez de manger naturellement, quels sont les produits que l’on rencontre là-bas à Mbonjo, dans le marché vert annoncé ?

Mbonjo, c’est une zone qui se trouve à cheval entre trois communes : La Commune de Dibombari, la Commune de Tiko et la Commune de Bonaléa.

Yvette Valérie Doume et le Festival de Manioc 'All Kassava'

 

A lire : Yvette Valérie Doume ep Banlog : « Il y a plus de 25 façons de manger le manioc, rien qu’au Cameroun ».

 

Mbonjo, c’est dans la Commune de Bonalea, et ça longe les berges du fleuve Mungo.  Et au bord du fleuve Mungo, on trouve du plantain, de la patate, du manioc, tout y est en principe.

Il y a du bon poisson parce que l’eau du Mungo n’est pas l’eau salée, elle est douce. C’est l’eau douce.

Est-ce que les quantités sont suffisantes pour alimenter un grand nombre de personnes qui viendront ? 

Oui, nous, on même d’encadrer ces petits paysans, de les limiter, puisque c’est la première édition.

Le bassin de production de la commune de Bonaléa, c’est Mbonjo Penda Mboko.  Parce que de l’autre côté du , vous avez des villages comme Mondoni, Misaka.  Et de l’autre côté de Dibombari,  vous avez les paysans de Mbonjo qui cultivent.

De l’autre côté de Penda Mboko, il y a Diongo, Mangamba,  Big Farm, Penda Mbko, et Mbonjo même.  Donc, le marché Penda Mboko, est alimenté par les planteurs de la Commune de Bonalea.  Ils paient les taxes à la Commune de Mbanga.

Alors que ces taxes devraient être payées dans la Commune de Bonaléa.  C’est pour cela qu’on a trouvé que le Carrefour c’est Mbonjo, puisque de l’autre côté, vous avez les villages de Mondoni, Misaka.  En bas, vous avez les villages de Bomono qui cultivent dans Mbonjo.

Et en haut, vous avez Malendè, Big Farm, Diongo, et Penda Mboko et Mbonjo même.  Tous ces produits qu’on va trouver dans le marché vert montrent suffisamment que c’est une zone de production en abondance, qui sert le grand marché du Carrefour Penda Mboko.

Puisque vous parlez d’une zone de production, il y a l’épineux problème, des routes qui se posent. Comment vous faites pour sortir ces produits ? 

C’est ça donc qui fait à ce qu’au lieu que ces paysans partent de Big Farm, Mangamba, Penda Mboko, ou Misaka, Mondoni, pour aller au marché de Souza. La route est vraiment longue. Partir des plantations pour Mbonjo et partir de Mbonjo pour Souza, la route est vraiment longue. Donc il faut faire dans Mbonjo, un carrefour du bassin de production de la commune de Bonaléa.

Alors dites-nous, aujourd’hui on est dans les perspectives du développement. Quel est l’apport des jeunes dans tout ce que vous faites ? 

On est en train de les impliquer dans le projet, parce que ces jeunes qui sont partis des villages pour la ville de Douala, qui ne trouvent pas mieux.

Le seul métier là-bas, c’est la moto.  Ils rentrent.  Et comme nous, on a des bailleurs de fonds qui soutiennent un peu le projet dans l’agriculture durable, on les encadre, on leur donne un peu de moyens, et ils sont intéressés aujourd’hui. Quand on parle d’agriculture, on ne parle pas seulement des plantations, on parle aussi des petits élevages. Voilà pourquoi nous, on s’est dit que c’est un projet qui doit être soutenu par les autorités municipales de façon à créer un marché périodique à Mbonjo où les acheteurs partiront de Douala, un peu partout pour s’approvisionner sur place ici avec autant de faciliter. Notre concept, c’est que chaque année où on célèbre la journée de la femme rurale, nous aussi on célèbre le marché vert de Synaparcam. Parce que c’est nous qui sommes en train de stimuler les petits paysans à rentrer dans l’agriculture traditionnelle.  Donc on doit faire ce marché chaque année où on célèbre la journée mondiale de la femme rurale, de l’alimentation aussi.

Il y a quelques années vous vous battez contre certaines agro-industries dans votre localité pour la récupération des espaces cultivables. Où est-ce que vous en êtes aujourd’hui ? 

On s’est battu contre l’accaparement des terres, surtout contre le replantage. Puisque les plantations étaient vieillissantes, le racheteur qui a la grosse agro-industrie du Cameroun qui est installée dans trois régions, dans quatre départements, plus de 30 arrondissements, voulait rajeunir ses plantations. Une vive tension est survenue, ils ont abandonné les bas-fonds que nous exploitons aujourd’hui. C’est là où ces paysans cultivent. Et le marché vert combat l’utilisation des produits chimiques.

 

A lire : Jacques Adelain Terrestra Nang : « Tous les départements ministériels au Cameroun ont des programmes d’appui pour les jeunes »

 

Les cultivateurs sont en train de comprendre le bien-fondé de notre démarche.  Mais le seul souci qu’on a, c’est d’analyser les sols pour voir si les champs ne sont pas contaminés.

Dans les pratiques culturales, on a un grand nombre de planteurs, dans quelques années, ça va nous dépasser si on n’a pas un grand soutien.

Quelles sont les difficultés qui peuvent freiner l’évolution de ce concept de marché vert ?

Oui, on est en train de bousculer cette agro-industrie de nous libérer de l’espace vital. Comme les lois au Cameroun sont piétinées, on continue la bagarre pour qu’on récupère certains espaces pour faire l’agriculture.

On connait le maire de Bonaléa très dynamique.  Est-ce qu’il vous accompagne dans cette action-là ? 

Je me dis, peut-être que la mairie n’a pas encore pris conscience de ce que nous faisons.

Un message aux et garçons de l’arrondissement de Fiko

Il faut qu’ils s’investissent dans l’agriculture. Avec le concept de marché vert qu’on est en train de faire, cela va porter des fruits. Nous sommes en contact avec des grands hôtels, des restaurants, où nos produits parlent d’eux-mêmes puisque notre organisation fait partie du Réseau national pour la promotion de l’agroécologie, donc ceux qui vont faire dans l’agriculture traditionnelle ou familiale, pourront s’installer et faire leur petite vie.  C’est facile de laisser la moto.

Propos recueillis par Alphonse Jènè de retour de Mbonjo

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