De l’analyse faite par Serge Gautier Onanina, Journaliste et acteur politique, il ressort que la décentralisation continuera à rester un serpent de mer et non une véritable réalité chez nous tant que le pouvoir central refusera de céder entièrement ce que la loi lui exige.
Selon le journaliste et acteur politique, la décentralisation consiste en un transfert de compétences et de moyens de l’État à des autorités distinctes de lui. Ces entités, appelées collectivités territoriales sont les communes, les départements, les régions, les collectivités à statut particulier. Ces collectivités territoriales sont dotées de la personnalité morale (existence juridique autonome), de moyens et de compétences propres et sont supposées disposer donc d’une autonomie locale.
« Mais de quelle autonomie locale parle-t-on ? Se demande l’acteur politique. Tant il est vrai que lorsqu’ils refusent d’entrer dans le jeu de la corruption des sous-préfets et préfets, certains maires sont destitués non pas sur convocation des 2/3 des membres du conseil municipal, mais par l’autorité administrative après avoir manipulé et intimidé les conseillers municipaux. « Les cas des communes de Maroua 1er, Lagdo , Banwa , Njombe-Penja entre autres sont des illustrations éloquentes à cet effet . Au-delà des prétextes officiellement généralement évoqués, ces communes ont pour dénominateur commun d’être dirigées par des élus de l’opposition », cite le journaliste.
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Qui se demande « Comment un sous-préfet ou un préfet qui assiste systématiquement physiquement aux activités du parti au pouvoir et décline automatiquement les invitations des partis d’opposition pour les mêmes raisons peut-il souhaiter que ces partis d’opposition réussissent la gestion des collectivités que le peuple leur a confiée, sans que ces autorités administratives ne leur mettent des bâtons dans les roues ? ».
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Aussi fait-il ce triste et lamentable constat : « Alors que les maires et leurs conseils ont des comptes à rendre à leur population , les sous-préfets et les préfets , au prétexte d’être la tutelle et le représentant de l’État en charge du contrôle de la régularité des actes pris et des actions posées par les communes , harcèlent et font chanter les maires en leur exigeant des enveloppes mensuelles exorbitantes pour leur carburant et pour leur fonctionnement , faute de quoi ils bloquent la validation des délibérations votées à la majorité dans les conseils ».
La décentralisation, dit-il en conclusion, continuera à rester un serpent de mer et non une véritable réalité chez nous tant que le pouvoir central refusera de céder entièrement ce que la loi lui exige, et tant que les préfets et les sous-préfets se comporteront davantage comme des chefs de cartel plutôt que comme des facilitateurs du développement. L’opposition ne devrait-elle pas commencer à se préparer à ce qui l’attend une fois aux affaires ? Aucune étiquette pour cette publication.