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Au Zimbabwe, les champs verdoient enfin après le désastre de l’ère Mugabe

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Dans un champ de paprika au coeur du , Daniel Burger, quatrième génération d’une famille d’agriculteurs, et Miriam Mupambawashe, première de sa lignée, dissertent de la qualité de la récolte au milieu de ce tapis verdoyant constellé de vermillon.

Chapeau de cuir de fermier d’un côté, chapeau cloche rose typique de l’autre, ils sont un peu plus que des voisins.

La paire s’est alliée pour perpétuer l’ancienne tradition agricole du Zimbabwe, grenier du continent jusqu’à la réforme agraire désastreuse des années 2000.

Quelque 4.000 exploitations détenues par des propriétaires blancs avaient alors été confisquées de force, sans indemnisation.

Car vingt ans après l’indépendance de 1980, une grande partie des terres agricoles appartenait alors encore à la minorité blanche.

La réforme fut désastreuse: la de maïs, l’un des aliments de base, s’est ainsi effondrée de 60% entre 1999 et 2004, d’après le américain. Et s’était accompagnée d’occupations spontanées illégales et même de meurtres.

« Ca a ravivé les tensions raciales d’une certaine façon », laisse échapper de sa barbe blonde Daniel Burger, 36 ans.

– Ancienne pénurie alimentaire –

Miriam Mupambawashe, 59 ans, a été l’une des milliers de bénéficiaires de la redistribution. Et même si elle ne connaissait rien à l’ à ses débuts, sa petite ferme vivrière est aujourd’hui florissante.

Une exception: faute d’expérience, de matériel ou par pur désintérêt dans le cas de proches du ayant reçu des parcelles, la production agricole du pays s’est effondrée. La pénurie alimentaire subséquente a demandé une aide internationale.

Depuis le secteur s’est relevé: avant la sécheresse historique de l’an passé, le pays a produit pendant cinq ans une moyenne annuelle de 1,45 million de tonnes de maïs, un aliment de base, d’après le ministère de l’Agriculture. Dix ans plus tôt, ce chiffre était en moyenne de moins d’un million de tonnes.

« Quand on est arrivés ici en 2001, c’était une forêt, il n’y avait aucune construction », se rappelle cette femme originaire de Bulawayo, la deuxième du pays, à 200 kilomètres de là.

A son installation ici, près de Kwekwe, en plein du pays, « certains agriculteurs blancs étaient en colère », se souvient-elle. « Mais on a réussi à se parler et à aller de l’avant. »

« Ils ne nous ont jamais laissés à notre sort en nous disant +Maintenant que vous avez pris les terres, débrouillez-vous+. Au contraire, ils sont venus avec leurs tracteurs et leurs équipements nous aider. C’était un beau geste. »

Après des débuts « embarrassants », marqués par le du matériel d’irrigation, sa parcelle est désormais si féconde qu’elle n’a plus rien à acheter. Si ce n’est, à y réfléchir, du sucre et de l’huile de cuisson.

Une partie de ses terres est louée à Daniel Burger, qui lui prête du matériel et lui apporte son savoir-faire, celui d’une famille de fermiers installée dans le pays depuis 1936.

Sa famille est l’une des quelques centaines de familles blanches dont les terres n’ont pas été saisies, mais Daniel Burger connaît le sujet pour être le vice- de l’Union des fermiers commerciaux du Zimbabwe (CFU), principalement blanc.

« Pendant longtemps, on a été obsédés par la question des indemnisations », reconnaît-il. »Sauf qu’on n’était pas là pour ça. Notre rôle est de faire avancer l’agriculture. »

– Premières indemnisations –

Après des années de promesses sans lendemain du gouvernement depuis la chute de Robert Mugabe en 2017, de premières compensations ont été versées le mois dernier. Ce qui ouvre la voie à une levée des sanctions entravant les possibilités d’emprunt du Zimbabwe.

Un premier groupe de 378 ex-propriétaires doit se partager 3,1 millions de dollars de liquidités. Le reste des indemnisations, estimé à 311 millions de dollars, doit être payé en aléatoires bons du trésor zimbabwéen.

Pour le président du comité de pilotage des compensations, Deon Theron, ces bons ne présentent « aucune garantie ». « Les recours sont limités si le gouvernement ne s’en acquitte pas », déplore-t-il auprès de l’AFP.

A l’inverse, un autre groupe de fermiers blancs réunis au sein de la Profca va accepter. Pour leur dirigeant Harry Orphanides, rien ne sert de « s’entêter ».

D’autant qu’une autre annonce du gouvernement s’apprête à faire fructifier le secteur: les baux de 99 ans des bénéficiaires de la réforme vont être convertis en titres de propriété, avec la possibilité donc de revendre ces terres.

« Personne ne pourra nous demander de partir », apprécie Miriam Mupambawashe. Son voisin pronostique: « Ca va propulser le pays, l’économie. »

Source : Agence France-Presse

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