La campagne des élections législatives britanniques prévues le 4 juillet s’annonce dominée par cinq dossiers qui divisent les conservateurs, au pouvoir depuis 2010, et l’opposition travailliste donnée favorite.
– Immigration –
Le Premier ministre Rishi Sunak a fait du contrôle de l’immigration une priorité de son gouvernement et devrait en faire un marqueur de sa campagne. Le sujet est crucial pour le parti conservateur, dont une partie de l’aile droite soutient une politique plus stricte en la matière, au moment où le parti d’extrême droite Reform UK tente d’attirer l’électorat Tories.
Descendant d’une famille d’émigrés indiens arrivés au Royaume-Uni dans les années 1960, Rishi Sunak a pris plusieurs mesures visant à réduire l’immigration légale et a promis de stopper l’immigration irrégulière, notamment les traversées de la Manche de migrants sur canots pneumatiques, reparties à la hausse depuis le début de l’année.
Son gouvernement a durci l’attribution de visas de travail et d’étude et veut expulser vers le Rwanda les demandeurs d’asile arrivés illégalement au Royaume-Uni -sans possibilité de retour. Les premiers vols sont attendus cet été.
Le parti travailliste estime aussi que l’immigration est trop importante et a promis de déployer des moyens inspirés de la lutte antiterroriste pour lutter contre les gangs de passeurs.
– Economie –
Les Britanniques ont durement souffert de la crise du coût de la vie depuis 2022, qui a fait flamber les factures d’énergie, les prix de l’alimentation, les crédits immobiliers et les loyers.
Mais l’inflation a été ramenée de 11% à environ 2,3% en avril, et la croissance économique a atteint 0,6% au premier trimestre, après deux trimestres de recul.
Si le FMI a salué un rebond « plus rapide que prévu », il a alerté sur les « choix difficiles » à venir pour stabiliser la dette publique.
Lors de son dernier budget en mars, le gouvernement conservateur a annoncé de nouvelles baisses d’impôts.
Le parti travailliste, attaqué sur son manque de compétence économique, tente de s’attirer les faveurs du monde des affaires en mettant la prudence budgétaire au coeur de sa campagne et en revoyant à la baisse ses projets de dépenses, ce qui fait grincer des dents dans son aile gauche.
Il accuse le parti conservateur d’avoir « détruit » l’économie avec le budget de l’automne 2022 de l’ancienne Première ministre Liz Truss, qui avait fait flamber les taux d’intérêts.
– Climat –
Sous les conservateurs, le Royaume-Uni s’est engagé à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, mais Rishi Sunak s’est attiré la colère des écologistes en annonçant plusieurs reculs et revirements sur les moyens d’y parvenir.
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Il a notamment repoussé l’interdiction de vente des voitures essence et diesel de 2030 à 2035, et accordé de nombreuses licences d’exploration d’hydrocarbures en mer du Nord.
Le Labour, qui promet un « Royaume-Uni plus vert », a lui dû revoir à la baisse son ambitieux programme de dépenses dans les infrastructures vertes, après avoir été accusé de ne pas pouvoir le financer.
Les travaillistes assurent qu’ils visent une « énergie 100% propre » d’ici 2030 et veulent créer une nouvelle entreprise publique en matière d’énergie pour y parvenir.
– Santé –
Le système public de santé, le NHS, est à l’agonie, avec des cabinets médicaux et hôpitaux surchargés et des grèves à répétition de soignants réclamant des hausses de salaires après des années de sous-investissement.
Résorber les listes d’attente était la priorité de Rishi Sunak, mais malgré d’importants financements, fin décembre plus de 7,5 millions de personnes attendaient toujours de pouvoir accéder à un traitement, bien au-delà du niveau d’avant la pandémie de Covid-19.
Le parti travailliste a lui promis de débloquer 2 millions de rendez-vous supplémentaires en un an s’il arrive au pouvoir, en payant davantage les soignants qui travaillent le soir et le week-end. Il souhaite aussi réformer le système, estimant que l’argent n’est pas le seul problème.
– Sécurité –
L’insécurité est en baisse en Angleterre et au Pays de Galles, selon les statistiques officielles, mais le sujet ressort régulièrement comme une des préoccupations principales des électeurs.
Rishi Sunak devrait mettre en avant le bilan des conservateurs en la matière, tandis que Keir Starmer, qui promet davantage de policiers sur le terrain, pointe régulièrement la flambée de 70% des attaques au couteau depuis 2015, un phénomène très médiatisé dans le pays.
Source: Agence France-Presse Aucune étiquette pour cette publication.