Une dizaine de militaires, dont deux officiers, ont été interpellés la semaine dernière, après avoir été accusés par des soutiens de la junte au pouvoir au Burkina Faso de « planifier un projet de déstabilisation » du régime militaire, a appris lundi l’AFP de sources sécuritaires et locales.
Depuis l’arrivée au pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré par un coup d’Etat en septembre 2022, les enlèvements ou arrestations extrajudiciaires, en particulier de civils considérés comme hostiles au régime militaire et de militaires accusés de complot, se sont multipliés.
Mercredi, le capitaine Elysée Tassembedo, commandant du 12e régiment d’infanterie Commando et du groupement des forces de sécurité du Nord, basé à Ouahigouya, chef-lieu de la région du Nord, a été arrêté à Ouagadougou.
« Il a été emmené vers une destination inconnue alors qu’il devait prendre part à une rencontre à l’état-major », a indiqué une source sécuritaire, sans plus de détails sur les motifs de son interpellation.
Respecté de ses hommes, le capitaine Tassembedo s’est récemment illustré dans des vidéos devenues virales sur les réseaux sociaux à travers des prises de parole, sous des ovations, à l’occasion de réinstallations de populations déplacées dans des localités jadis sous blocus jihadistes dans le nord du pays.
– Crise militaire et arrestations –
Dans la même journée du mercredi, le magistrat commandant Frédéric Ouédraogo a également « été emmené manu militari » par des hommes armés, selon son entourage.
Cet ex-cadre de la justice militaire avait récemment été muté au centre de commandement des opérations du théâtre national après avoir instruit des enquêtes sur la mort d’un officier lors d’une interpellation à son domicile, en septembre 2023.
Burkina: le gouvernement affirme avoir déjoué « plusieurs tentatives de déstabilisation »
Selon d’autres sources sécuritaires, plusieurs autres sous-officiers et soldats, issus des bataillons d’intervention rapide et du groupement de la garde présidentielle, ont été interpellés au cours de la semaine dernière.
Le gouvernement n’a jusqu’à ce jour pas communiqué sur ces arrestations.
Mais les soutiens de la junte au pouvoir y voient un énième complot déjoué par l’agence nationale du renseignement.
Selon ces soutiens, très actifs sur les réseaux sociaux, les deux officiers interpellés avaient été contactés par d’autres officiers en exil aux fins de recruter des jeunes militaires pour initier une mutinerie devant favoriser la déstabilisation du régime en place.
Depuis plus d’un an, la junte a interpellé plusieurs dizaines d’officiers militaire dont l’ex-chef d’état-major de la gendarmerie Evrard Somda, tous accusés de « complot » ou de « tentative de déstabilisation des institutions républicaines ».
Depuis 2015, le Burkina Faso est pris dans une spirale de violences jihadistes qui ont fait plus de 26.000 morts, civils et militaires, selon l’ONG Acled qui recense les victimes de conflits.
Source : Agence France-Presse