Pedro Sánchez, une carrière politique en montagnes russes

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Expert en survie politique depuis son arrivée à la tête de la gauche espagnole, le Premier ministre Pedro Sánchez est fragilisé par l’ouverture d’une enquête judiciaire contre son épouse, dernier épisode d’une carrière extrêmement mouvementée.

“J’ai appris à donner le maximum jusqu’à ce que l’arbitre siffle la fin de la rencontre”, assurait le chef de file du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), ancien basketteur amateur de 52 ans, dans une autobiographie publiée en 2019 (“Manuel de résistance”).

Une fin à laquelle il a indiqué “réfléchir” mercredi, après l’annonce par un tribunal de Madrid de l’ouverture de cette enquête préliminaire pour des faits présumés de corruption et trafic d’influence.

Dans une lettre aux Espagnols, Pedro Sánchez se demande s’il doit “continuer à être à la tête du gouvernement ou (…) renoncer à cet honneur”. Une question à laquelle il répondra lundi.

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Sourire charmeur et télégénique, le socialiste – surnommé “El guapo” (“le beau gosse”) au début de sa carrière en raison de son physique à la Cary Grant – est depuis le début de sa carrière un habitué des coups de poker, qui lui ont permis de se sortir de situations difficiles à plus d’une reprise.

Né le 29 février 1972 à Madrid d’une mère fonctionnaire et d’un père entrepreneur, cet économiste – dont la thèse a été accusée de plagiat, ce qu’il a toujours nié – a pris en 2014 les rênes du PSOE à l’issue des premières primaires de cette formation.

Relativement novice et méconnu, il avait émergé en se positionnant comme un “militant de base”. Mais cette première expérience se solde par un échec: le parti enregistre les pires résultats électoraux de son histoire et ses cadres le poussent vers la sortie.

Alors que beaucoup annoncent la fin de sa carrière politique, Pedro Sánchez parvient pourtant à reprendre la tête du PSOE à peine six mois plus tard, après avoir sillonné l’Espagne dans sa Peugeot 407 pour aller à la rencontre des militants, qui lui apportent leur soutien.

– Coup de poker –

 

Cette ténacité le conduit au pouvoir en juin 2018 après un nouveau coup de poker: rassemblant autour de sa motion de censure l’ensemble de la gauche et des partis basques et catalans, il renverse le Premier ministre conservateur Mariano Rajoy, plombé par un scandale de corruption, et prend sa suite.

A la tête d’une majorité instable, il est contraint de convoquer deux élections législatives consécutives en 2019, qu’il remporte. Puis d’accepter début 2020 un mariage de raison avec ses anciens frères ennemis de Podemos (gauche radicale) pour se maintenir de façon pérenne au pouvoir.

Gouvernant en minorité, il parvient malgré des tensions récurrentes avec ses alliés à réformer le marché du travail et les retraites, à augmenter de 50% le salaire minimum et à instaurer une loi réhabilitant la mémoire des victimes de la Guerre civile (1936-1939) et de la dictature de Franco (1939-1975).

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Donné pour mort politiquement après une débâcle de la gauche aux élections locales de mai dernier, il tente un pari risqué en convoquant des élections anticipées en juillet dont il arrive deuxième, derrière son rival conservateur Alberto Núñez Feijóo.

Mais cet ancien membre du cabinet du haut représentant de l’Onu en Bosnie, décrit comme habile et pragmatique, parvient finalement à se faire reconduire au pouvoir en novembre par le Parlement au prix d’importantes concessions.

Principale d’entre elles: une loi d’amnistie controversée pour les indépendantistes impliqués notamment dans la tentative de sécession de la Catalogne en 2017, à laquelle il s’était opposé par le passé.

 

Source: Agence France-Presse

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