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L’Ethiopie annonce la libéralisation de son régime de change et obtient une enveloppe du FMI

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La banque centrale d’Ethiopie (NBE) a annoncé lundi une réforme majeure du régime de change ultra contrôlé du pays, obtenant la validation par le FMI d’un programme d’aide de 3,4 milliards de dollars (3,1 milliards d’euros) en sa faveur.

L’Ethiopie autorise désormais les banques commerciales à fixer librement le taux de change de la monnaie nationale, le birr, et lève certaines restrictions à l’accès aux devises.

Une réforme majeure qui intervenait dans l’attente de l’approbation d’un programme de âprement négocié depuis des mois avec le Fonds monétaire international (FMI) et cruellement nécessaire sur fond de pénurie chronique de devises.

Le Fonds, saluant des « pas en avant essentiels », a finalement validé cette enveloppe qui s’étalera sur quatre ans et entraîne le versement immédiat d’une première tranche d’un milliard de dollars (924 millions d’euros).

L’institution basée à Washington réclamait à Addis Abeba de nombreuses réformes de son économie encore largement dirigée. La flottabilité du birr, à laquelle les autorités éthiopiennes étaient réticentes, était l’un des points d’achoppement des négociations, selon des analystes.

Jusqu’ici, la NBE établissait chaque jour le taux de change du birr — qui reste non convertible et non exportable, malgré la réforme. La valeur du birr au noir — très dynamique en Ethiopie en raison d’un accès étroitement contrôlé aux devises — était, avant la réforme, de plus de 50% inférieur au taux de la banque centrale.

Lundi, la Commercial Bank of Ethiopia (CBE), principale banque commerciale d’Ethiopie dé à 100% par l’Etat, a abaissé de 30% la valeur du birr face aux principales devises.

Elle achète désormais un dollar pour 74,73 birr et un euro pour 81 birr, toujours loin cependant du taux du marché parallèle, stable lundi, où un dollar se négocie 113 birr et un euro 121 birr, selon un courtier informel.

– « Crucialement nécessaire » –

Dans un communiqué publié lundi, la NBE annonce « le passage à un régime des changes basé sur le marché, au sein duquel les banques sont désormais autorisées à vendre et acheter des devises étrangères à leurs clients et entre elles, à des taux librement négociés ».

La NBE annonce « la libéralisation du marché des changes pour les importations », notamment la levée de règles limitant la délivrance de devises par les banques et autorise l’établissement de « bureaux de change non-bancaires ».

La réforme lève aussi l’obligation pour banques et exportateurs de reverser leurs devises à la banque centrale et relève de 40% à 50% la part de leurs recettes d’exportations que les opérateurs peuvent conserver en devises.

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Mais la NBE n’annonce aucun allègement des restrictions d’accès aux devises pour les particuliers et rappelle que n’est pas supprimé l’encadrement sévère des sorties de capitaux vers l’étranger.

Combler l’écart entre taux légal et taux « informel » vise à rediriger les devises vers le circuit bancaire, tout en supprimant les restrictions d’accès à celles-ci, afin de rendre le marché parallèle peu attractif, explique un analyste ayant requis l’anonymat.

Mais « l’Ethiopie manque cruellement de devises » en raison « de faibles exportations et d’un accès limité au crédit international », explique à l’AFP Gutu Tesso, économiste éthiopien qui doute que la réforme « rende les devises plus disponibles » à court terme et craint qu’elle n’alimente l’inflation.

– Croissance ralentie –

Cette réforme « est exigeante » mais « crucialement nécessaire », assure la NBE, estimant que le « régime des changes très restrictif » a « miné la forte attractivité de l’Ethiopie » auprès des investisseurs étrangers, « provoqué l’émergence d’un marché de change parallèle » et « une forte inflation » ainsi que le de « l’exportation en contrebande ».

« Un régime de change basé sur le marché est indispensable pour remédier à la pénurie de devises, lever les contraintes sur l’ du secteur privé et la croissance, et aligner les prix de biens et services importés et exportés avec les réalités du marché », expliquait dimanche soir le Premier Abiy Ahmed dans un communiqué sur son programme de réformes macro-économiques.

Parmi celles-ci figure aussi notamment la modernisation, déjà sur les rails, du marché interbancaire et une réforme fiscale.

En prenant la tête de l’Ethiopie en 2018, M. Abiy Ahmed avait affiché une volonté de réformes ambitieuses, notamment de modernisation d’une économie fortement étatisée, très encadrée et peu ouverte aux investissements étrangers.

Deuxième pays le plus peuplé d’, avec quelque 120 millions d’habitants, l’Ethiopie a enregistré des taux élevés de croissance économique — souvent supérieure à 10% annuels — entre 2004 et 2019.

Mais son économie a subi les contrecoups de la pandémie de Covid, de la guerre en Ukraine et de multiples conflits internes — dont la guerre meurtrière et destructrice dans la région septentrionale du Tigré (2020-2022)- -, mettant un coup d’arrêt aux réformes.

La croissance a ralenti, s’établissant à ,9% en moyenne entre 2020 et 2023, tandis que l’inflation a explosé, passant de 20,4% à 30,2% sur la même période, selon la Banque mondiale.

Source: Agence -Presse Aucune étiquette pour cette publication.

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