La journaliste et éditorialiste Suzanne Kala Lobe est décédée aux premières heures de ce jeudi 1er août 2024 à Douala, des suites de maladie.
Le monde du média au Cameroun est en deuil. Affectueusement appelée « Ma’a su», Suzanne Kala Lobe a cassé définitivement sa plume. Des réactions pleuvent sur la toile. Il en est de même des hommages rendus par ceux qui l’ont côtoyée. Les mots de son ancien confrère, Albert Ledoux Yondjeu, au groupe La Nouvelle Expression, démontrent à souhait le caractère de la femme : « Suzanne, la Re-Belle…
On aurait pu la surnommer « Mme n’est pas d’accord». Tellement c’était évident à chaque fois qu’elle prenait la parole qu’elle irait dans le sens contraire des grands courants sur un sujet ou de la tendance des avis sur un plateau. Quitte à être en contradiction avec une position qu’elle avait tenue la veille pour prendre le contre-pied de ses contradicteurs du moment.
Toutefois, la constance se trouvait dans la discipline qu’elle s’imposait d’argumenter et de trouver de quoi soutenir ces positions respectives. C’est aussi une forme de liberté. Cette liberté qu’elle chérissait. Cette liberté qui la caractérisait, assise sur son histoire. Fille d’homme de lettres, femme de lettres et amoureuse des livres, philosophe, étude en aménagement urbain, militante de gauche et de l’UPC … SKL avait tout pour être en permanence dans une forme de révolte portée, encore une fois, par son esprit libre.
Ce qui a ses avantages, notamment que même les structures et les hommes les plus rangés et conservateurs en arriverait à tirer parti de cet esprit de contradiction pour challenger et affiner leurs solutions apparemment abouties.
Voilà la SKL que j’ai connue en six à sept années de collaboration intense et quotidienne autour des journaux matinaux d’Equinoxe qu’elle concluait par son éditorial, l’émission de débat de samedi où elle occupait une position de chroniqueuse permanente avec pour mission d’apporter la contradiction tant à ses camarades de la presse dite de l’opposition qu’à ceux de la presse dite du pouvoir.
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Derrière ces moments de polémique où SKL apparait comme une femme solide, dure se cachait de grands moments de tendresse marqués par cet amour que Suzanne donnait en invitant à sa table à la maison à Bali ou dans un snack branché, ses jeunes camarades. Des moments d’évasion, de désinvolture mais aussi d’expression de ses engagements. Son engagement pour la ville, la culture et le journalisme.
De Suzanne, on retiendra cela », a posté sur la page Facebook de Equinoxe tv, l’ancien rédacteur en chef de ladite chaine de télévision
Petite note biographique
Née le 16 janvier 1953 à Douala. Suzanne Kala Lobe est la fille de Sara Beboi Kutta Kala-Lobè et Iwiyè Kala-Lobè (journaliste et fondateur de Présence Africaine). Elle fait partie d’une fratrie de huit enfants et a suivi l’enseignement primaire au Petit Joss à Bonanjo. Elle quitte le Cameroun à l’âge de 10 ans pour la France où elle fera tout son parcours académique.
C’est en 1992 qu’elle débute sa carrière comme journaliste à La Nouvelle Expression, elle se fait vite remarquer dès ses premiers pas grâce à sa chronique : Ma candidate serait une femme parue en pleine élection présidentielle camerounaise‘.
En 2003, elle anime des tranches d’antennes sur Radio équinoxe. On peut citer entre autres, Polémos et Livres noirs et musiques d’Afrique, en 2013 Vendredi soir sur Équinoxe Télévision.
Elle est nommée membre du Conseil national de la communication le 23 février 2013 par le président Paul Biya. En parallèle, elle est chargée de la communication de la direction générale d’Hysacam. Elle publie en octobre 2010 « Les Chroniques sous le manguier » édité par Jacques Marie Lafon et co-écrit Supermarket en 2012 publié aux éditions « Le Bec en L’air ». Elle a été la chanteuse principale du groupe Djala Lilon et a participé à Ni Africa ni yoso, l’album écrit en hommage à Ruben Um Nyobe par Bea Man Wayack son concubin. Aucune étiquette pour cette publication.