Bien que l’on soit encore au stade des consultations, tout porte à croire que l’universitaire Maurice Aurélien Sosso à la retraite depuis fin janvier 2024, sera l’homme dont la circonscription administrative avait le plus besoin. Descendant direct du Roi Bell, s’il a accepté de diriger cette nouvelle unité, c’est à juste titre.
Majesté, vous venez d’être reclassé chef de 2e degré par un arrêté du ministre de l’Administration territoriale, et la majorité des chefs de villages du nouveau canton Wouri-Sandje vient de vous choisir comme le chef de ce canton, quelle est votre réaction à chaud ?
L’instant n’est pas une élection. Pour l’instant, c’est un reclassement de la chefferie Tonde de 3e degré en chefferie de 2e degré. Ma réaction, bien-sûr, est une réaction de satisfaction, parce que dans notre zone, dans l’ancien canton Wouri-Bwelle, Tonde est le village le plus peuplé de la zone et est cosmopolite.
Evidemment, il se pose déjà à Tonde des problèmes de gestion des grandes villes, c’est à dire : petite insécurité, petite consommation de drogues, violence etc…Donc, c’est avec satisfaction que j’ai accepté, d’ailleurs sur proposition des chefs ici présents, de diriger cette nouvelle unité territoriale. Il faut aussi dire, pour que l’on ne se perde pas, on est dans la République et la République a des règles et des lois qu’il faut suivre.
Personne ne doit y échapper. L’organisation du territoire relève de la compétence exclusive du gouvernement camerounais, et ne relève pas de la compétence des chefs traditionnels, quel que soit leur degré, et même si à un moment donné de l’évolution du dossier, ils sont consultés.
Nous avons suivi, via les réseaux sociaux, un débat sur l’opportunité de la division du canton pour avoir deux cantons que sont le canton Wouri Bwelle et le canton Wouri Sandjè, que vous êtes en train de constituer. Revendications conduites par Sa Majesté Edimo et certaines élites. Parmi les causes de ces contestations, figurent en premier, les problèmes fonciers qui vous donneraient la part du lion. Qu’en dites-vous?
Sincèrement, je pense que Sa Majesté Edimo réagit comme tout homme devant une situation nouvelle, vous savez que la psychologie de l’homme se forge des schémas ; son schéma social de chef de canton était que je pense, le chef de Canton est le chef, donc il peut se croiser les pieds, tout viendra tout seul. La preuve, lorsqu’on l’interroge en terme de développement, il a du mal d’abord parce que ce canton est vaste, très grand canton, difficile à couvrir techniquement, politiquement, sécuritairement, économiquement et autres. Je crois que l’État, après avoir constaté que le déplacement du Nkam, était le seul département ou il n’y avait pas de chefferie de premier degré.
Le seul au Cameroun a sollicité et fait la promotion des chefs de 2e degré et probablement assez prochainement d’un chef de premier degré. Donc, on ne peut pas être mécontent d’une évolution globale du département qui se sentait laissé. Alors, s’il est mécontent en utilisant des pronoms possessifs, on est en train de l’arracher ma chefferie, c’est excessif. Ce n’est pas parce qu’on a désigné un autre chef de canton que non seulement vous n’êtes plus chef et que vous n’êtes plus frères.
Ceux du canton Wouri Bossoua plus loin sont mes frères aussi. Je ne vois pas pourquoi la division en deux cantons ferrait qu’on perde le sens de l’amour, de la fraternité qui nous lie. On ne devrait pas perdre ce sens-là et devenir excessif, appeler la mort. Je crois que c’est sous le coup de l’émotion et de la passion qu’il dit ces choses et que véritablement il n’y pense pas.
A lire : Canton Bakoko : l’initiation aux us et coutume en marche
Certains ne vous estiment pas légitime sur le territoire de Tondè et même, vont plus loin, sur le Canton Wouri Bwelle. Quelle est votre réponse face à cette controverse?
Vous avez entendu tout à l’heure lors de la réunion, pour justifier ma candidature pour être chef du nouveau canton, j’ai donné mon arbre généalogique. Je dis et je répète, je suis le descendant direct de la lignée du Roi de la vallée et je vous ai envoyé dans les archives qui se trouvent conservées à Berlin, traité de 1885. Il n’y a pas match, il ne peut pas dire que sa lignée est aussi propre que ce que je dis. Il n’a jamais été de cette lignée-là, il y a eu mort d’homme, je ne veux pas exposer les causes de la mort ni les motifs de cette mort, ni comment un mort, mon arrière-grand-père est mort, mais c’est après cette mort que survient sa lignée. Il ne peut donc pas être plus légitime que moi, donc le dire c’est de la diversion lorsque le vrai propriétaire revient à la maison, celui qui habitait qui louait et qui disait que c’était sa maison évidemment est très embêté, et quelques fois, il dit d’ailleurs que non c’est ma maison, c’est le cas.
Donc la simple idée que je sois là le frustre pour moi. C’est un frère pour moi, ceci ne change en rien l’amour qu’on a toujours eu entre nous, ce n’est pas le fait d’une division territoriale qui empêche quelqu’un d’aimer autrui. Par ailleurs, il y a eu des divisions des pays au Nord Cameroun. Lorsque vous allez à Kousseri, les mêmes familles se trouvent à Kousseri et à Ndjamena, les mêmes familles même père même mère.
Lorsque vous allez à Kolofata, les mêmes familles les Canouris se retrouvent au Cameroun et au Nigeria. Il n’y a pas de débat sur l’organisation territoriale. L’organisation territoriale dépend du gouvernement et des objectifs du gouvernement. Il est évident qu’à l’observation, cette partie du Nkam n’a jamais connue le développement. La preuve, lui-même habite à Deido. Si cette partie était développée, il serait chez lui. Donc, le gouvernement fait un effort pour nous aider à mieux structurer nos communautés villageoises décentralisées ou déconcentrées, pour que tout le monde ait droit au bien-être global.
A lire : Langue et culture Sawa : Entre apprentissage et appropriation
Quelle est votre vision pour ce nouveau canton?
Je l’ai dit tout à l’heure, la visioconférence essentielle c’est le développement, et alors ce mode de développement, pour moi, ne signifie pas la même chose certainement. Le développement pour moi est un développement global. C’est plus la notion dans laquelle vit le monde d’aujourd’hui. Le développement global, en arrivant ici vous avez vu une école bilingue, mais normalement à côté de cette école bilingue, il aurait dû avoir des routes qui vont d’ailleurs venir, et lorsqu’il y a des routes, on peut y mettre un marché, et lorsqu’il y a un marché, on peut y adjoindre un hôpital et lorsqu’il y a un hôpital, on peut y mettre un réseau électrique. C’est la notion de développement global ou alors des pôles de développement. Tout le monde, tout homme a besoin d’un bien-être.
C’est ça aujourd’hui le monde. S’il n’y a pas de bien-être, il va se sentir frustré et évoluer vers une espèce de rébellion qui ne dit pas son nom. Donc je pense que c’est le développement entretenu par la paix, le dialogue, la concertation et le brassage des cultures. Nous sommes ici, il y a des Bassa, des Bandem, le dialogue des cultures. Il n’y a pas eu une culture supérieure à l’autre et c’est ça notre richesse. Ma vision est celle du développement encadré par la recherche permanente de la paix.