Dr Anne Maison epse Balepna est le chef de service Radiothérapie–Oncologie en service à l’Hôpital général de Douala. On l’a rencontré lors des travaux tenus à l’Hôpital général de Douala du 16 au 19 juin 2025, portant essentiellement sur le cancer du sein et sa prise en charge.
Au thème de quatre jours d’activité et du partage sur le cancer, quelles leçons vous avez retenues ?
Alors, la leçon que nous retenons après ces quatre jours de partage. C’est que la prise en charge du cancer du sein évolue rapidement. Il y a beaucoup de nouveautés que nous avons pu découvrir grâce à nos partenaires tunisiens. Et qu’il est important de se faire dépister.
Chez des personnes qui ne se plaignaient de rien. Et donc, ça montre que même si on est à la maison. Et même si on n’a pas de problème et pas de plainte. Il faut quand même se faire dépister parce qu’il peut y avoir un cancer qui sévit.
Est-ce qu’on peut penser aujourd’hui que l’Hôpital général de Douala va être un centre de référence. Pour la prise en charge des personnes vivant avec le cancer ?
L’Hôpital général de Douala est un centre majeur de prise en charge du cancer du sein. Parce que dans le cadre de la prévention. L’Hôpital général s’occupe de la prévention, des séances d’éducation et du dépistage. L’Hôpital général de Douala s’occupe du traitement et il y a tout ce qu’il faut dans le plateau technique. On peut faire la chirurgie, la radiothérapie et la chimiothérapie et les soins palliatifs.
Dr on est à Douala. Quelle est aujourd’hui la situation ? Puisqu’on parle du cancer du sein, à l’Hôpital général, vous recevez combien de malades?
Malheureusement, le cancer du sein reste le premier cancer tout sexe confondu au Cameroun. Ça représente à peu près 25% de cas de cancer. À l’Hôpital général de Douala, le cancer reste un problème de santé publique puisqu’on reçoit à peu près 1500 nouveaux cas par an.
Et le cancer du sein représente à peu près 25 à 30% des consultations. Et malheureusement, c’est des cancers qui apparaissent de plus en plus jeunes. Avant c’était un cancer de la cinquantaine, maintenant on peut les retrouver même chez les dames de 30 ans.
Et vous avez dit que même les hommes sont concernés?
Le cancer du sein, chez l’homme, représente 1%. Même si la glande mammaire n’est pas très développée. Il y a quand même une petite glande mammaire qui est présente. Et donc les hommes aussi doivent venir se faire dépister pour le cancer du sein.
Quels sont les signes, annonciateurs?
Alors les signes du cancer du sein, généralement ça va être un sein qui va changer en termes de volume, qui va devenir plus gros. On peut avoir une masse qui apparaît dans le sein. On peut avoir un changement au niveau du mamelon.
Un écoulement anormal au niveau du mamelon. On peut avoir une blessure qui se crée au niveau du sein. On peut avoir le sein qui devient plus plat. On peut avoir une boule dans l’aisselle alors qu’il n’y a rien au niveau du sein. Donc toute anomalie au niveau du sein doit amener à consulter. Pour qu’on se rassure que ce n’est pas le cancer du sein.
Et ça sort d’où le cancer du sein?
Le cancer du sein n’a pas une cause particulière mais il y a ce qu’on appelle des facteurs de risque. C’est-à-dire des choses qui prédisposent à faire un cancer. Ces facteurs de risque peuvent être des choses qu’on ne peut pas changer.
Par exemple l’âge, plus on prend de l’âge, plus il y a le risque de faire le cancer. Ça peut être le sexe, le fait d’être une femme. On a une glande mammaire plus développée. Donc on a un risque de faire le cancer. Ça peut être la génétique et les familles qui naissent avec des anomalies qui font des cancers du sein.
Il y a des choses qu’on peut changer. Par exemple éviter d’être en surpoids parce que ça prédispose à faire le cancer du sein. Il faut manger équilibré.
Les idées reçues disent que plus une femme allaite, moins elle est exposée au cancer du sein.
Oui, effectivement, l’allaitement maternel prédispose des protecteurs.
Est-ce qu’on peut guérir du cancer du sein ?
Bien évidemment. !! nous avons eu des patientes qui sont sans cancer depuis 15 ans, depuis 20 ans. Il faut juste pour ça venir très tôt.
Alors, au-delà de la chimio, est-ce qu’il y a des médicaments ? Des plantes qui soignent ?
Alors, c’est ce qu’on va appeler des traitements alternatifs et complémentaires. Ces traitements ne sont pas des traitements de l’hôpital. Mais pour le moment, le souci qu’il y a, c’est que ce n’est pas toujours bien étudié. Par exemple, nous savons que le Moringa a des propriétés bénéfiques. Mais on doit admettre qu’on n’a pas une recette particulière.
Il y a des études qui sont en train de se faire de plus en plus sur les plantes. Par nos différentes écoles. Nos différents laboratoires, pour essayer de tester nos plantes. Et d’avoir des propriétés de différentes choses, comme des propriétés anti-cancéreuses. Et voir quel est le dosage, quelle est la toxicité, pour qu’on puisse prendre ces plantes de façon saine. Et ne pas être inquiété par ce que ça peut avoir comme effet secondaire.
Ce qui est sûr, c’est qu’il y a des malades qui en prennent. Il y a d’autres qui peuvent avoir des propriétés bénéfiques. D’autres qui peuvent aggraver les toxicités et les effets secondaires. Maintenant, les malades nous signalent. Et on va essayer ensemble de voir si ce qu’ils prennent est bon ou pas bon.
Alors, un conseil à donner aux populations?
C’est de faire du dépistage pour toutes les jeunes dames, une fois par mois. Mais pour les dames qui ont déjà plus de 45 ans, faire de la mammographie régulièrement.