Le chef de l’ONU Antonio Guterres a fustigé mercredi devant le Conseil de sécurité « le cycle écœurant » de violences dans un Proche-Orient au bord du « précipice », tandis qu’Israël et l’Iran se sont menacés de frappes de représailles.
Devant les 15 Etats membres du Conseil réunis en urgence à la demande de la France — avec Israël, le Liban, l’Iran l’Irak et la Syrie — M. Guterres a pris également soin de « condamner, encore une fois, avec force, l’attaque massive aux missiles par l’Iran sur Israël » mardi.
Il avait été accusé quelques heures plus tôt par le gouvernement israélien de ne pas avoir dénoncé nommément Téhéran et avait été déclaré ainsi « persona non grata » sur le territoire d’Israël.
Le secrétaire général de l’ONU qui n’a eu de cesse, lors de l’Assemblée générale la semaine dernière, de tirer la sonnette d’alarme sur le risque de « guerre totale » au Proche-Orient, a exigé de « mettre fin au cycle écœurant d’escalade après escalade qui conduit les peuples du Moyen-Orient directement au bord du précipice ».
« Chaque escalade sert de prétexte à la suivante » et « nous ne devons jamais perdre de vue l’énorme bilan du conflit sur les civils », a-t-il déploré, après des dizaines de milliers de morts et blessés depuis un an.
Antonio Guterres a encore réclamé la fin du « cycle meurtrier de la violence +oeil pour oeil, dent pour dent+ », s’attirant le soutien de la plupart des membres du Conseil de sécurité, l’organe-phare de l’ONU mais divisé depuis une décennie entre les cinq grandes puissances: Etats-Unis, France et Royaume-Uni d’un côté, Russie et Chine de l’autre.
– « Réponse douloureuse » –
Avant d’entrer en séance, l’ambassadeur d’Israël Danny Danon a menacé l’Iran, l’ennemi juré, d’une « réponse douloureuse (…) en plein accord avec le droit international ».
Il a estimé que son pays, très isolé sur la scène internationale, était « attaqué »; cible d’une « agression directe contre (son) existence même ».
Soulignant que tous les juifs croyants en Israël et dans le monde s’apprêtaient à célébrer Rosh Hashana, le Nouvel an, M. Danon a encore accusé « le monde (de) regarder en silence alors que l’Iran finance et ordonne des attaques contre nous depuis un an, arme et entraîne des supplétifs depuis des décennies ».
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A l’autre bout de la table de la salle du Conseil, l’air sombre, son homologue iranien Amir Iravani a rétorqué qu' »Israël ne compren(ait) que le langage de la force » et que « la diplomatie a(vait) échoué ».
« La réponse de l’Iran était nécessaire pour rétablir l’équilibre des forces et la dissuasion », a argumenté le représentant de la République islamique en se faisant menaçant: « Israël doit comprendre que chaque acte d’agression ne restera pas impuni ».
Unique allié indéfectible d’Israël, Washington, par la voix du président Joe Biden, s’est dit opposé à des frappes israéliennes contre les installations nucléaires civiles de l’Iran. La communauté internationale pense que Téhéran continue de développer ses capacités militaires en vue de se doter de l’arme atomique.
– Chef de l’ONU « anti-israélien » –
L’ambiance était aussi tendue entre MM. Guterres et Danon.
Il faut dire que le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz, venait de déclarer M. Guterres « persona non grata » dans son pays en lui reprochant de ne pas avoir « condamné sans équivoque l’attaque odieuse de l’Iran » et l’accusant d’être un « secrétaire général anti-israélien qui soutient les terroristes, les violeurs et les assassins ».
Antonio Guterres a reçu l’appui des ambassadeurs au Conseil de sécurité et du département d’Etat américain qui a fustigé une mesure israélienne « non productive ».
Le porte-parole du secrétaire général, Stéphane Dujarric, y a vu, lui, « une attaque de plus du gouvernement israélien contre le personnel de l’ONU ».
Après les quelque 200 missiles iraniens tirés sur Israël, M. Guterres avait condamné « l’élargissement du conflit au Moyen-Orient » et réclamé « un cessez-le-feu », mais sans montrer du doigt Téhéran.
Les relations entre Israël et l’ONU sont au plus bas depuis le 7 octobre 2023, date de l’attaque sans précédent du Hamas palestinien qui a déclenché la guerre à Gaza. Le 8 octobre, le Hezbollah avait lancé des roquettes depuis le sud du Liban auxquelles l’armée israélienne a riposté pendant un an, avant de bombarder son voisin fin septembre et de tuer nombre de dirigeants du mouvement islamiste soutenu par l’Iran.
Sources: Agence France-Presse