L’armée malienne a reconnu lundi « un nombre important » de morts dans ses rangs après des combats en fin de semaine dernière dans le nord du pays, près de la frontière algérienne, au moment où les séparatistes se félicitent d' »une victoire éclatante ».
« L’unité FAMa (forces armées maliennes) a été encerclée par la coalition des forces terroristes du Sahel et de violents combats se sont engagés avant l’arrivée de renforts. La bravoure et la détermination exemplaire de nos soldats n’ont pas permis d’éviter un nombre important de pertes en vies humaines et matérielles », dit l’état-major des armées dans son communiqué lu à la télévision nationale, sans donner de chiffres.
Les combats, d’une ampleur inédite depuis des mois, ont éclaté jeudi dans la localité de Tinzaouatene. Dimanche, une alliance des groupes armés séparatistes à dominante touareg (CSP-DPA) a revendiqué une « victoire éclatante » contre l’armée malienne et ses alliés russes du groupe Wagner.
Les jihadistes du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), affiliés à Al-Qaïda, ont aussi affirmé avoir piégé le même convoi et tué 50 Russes et 10 Maliens, des chiffres que l’AFP n’est pas en mesure de confirmer. Un élu local et un ancien travailleur de la mission de l’ONU à Kidal avaient donné un bilan provisoire d’au moins quinze morts côté Wagner.
« Les FAMas prennent pleinement et en toute responsabilité la mesure de cet évènement et procèdent actuellement à une analyse détaillée des évènements pour en tirer toutes les leçons nécessaires et réadapter leur stratégie de sécurisation et de stabilisation », selon leur communiqué.
Elles affirment que cette « situation ne saurait remettre en cause la dynamique d’exercice de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire national ».
L’armée malienne communique rarement sur ses pertes. La pression des groupes armés et des militaires au pouvoir a réduit au silence la plupart des sources d’informations indépendantes dans les zones d’opérations.
L’état-major rapporte avoir infligé dans un premier temps de grosses pertes aux « terroristes », avant que les conditions météorologiques ne viennent « influer fortement sur la situation ». Les séparatistes ont reconnu dimanche que sept de leurs soldats avaient été tués, et douze blessés.
– Pertes russes –
Dans son communiqué, l’état-major explique ensuite que les groupes armés « terroristes » regroupés dans une « coalition opportuniste » comprenant l’EIGS (Etat islamique au Grand Sahara) et GSIM – mais ne mentionnant pas les groupes séparatistes – ont ensuite lancé plusieurs véhicules kamikazes contre ses forces.
Les séparatistes et jihadistes ont diffusé plusieurs vidéos montrant des cadavres, dont de nombreux blancs. Ces images montrent aussi des véhicules, dont un hélicoptère, détruits lors des combats.
Lundi, une chaîne Telegram associée à la milice russe Wagner a aussi diffusé des détails sur les récents affrontements dans le nord du Mali, confirmant des pertes dans les rangs des Russes et la mort d’un commandant.
Plusieurs sources proches des milieux militaires russes ont annoncé la mort, lors de ces affrontements, du créateur de la chaîne Telegram Grey Zone diffusant des informations sur les actions de mercenaires russes à travers le monde et suivie par plus de 550.000 personnes.
Les groupes armés séparatistes ont perdu depuis 2023 le contrôle de plusieurs localités du Nord après une offensive de l’armée malienne qui a culminé par la prise de Kidal, bastion de la revendication indépendantiste et enjeu de souveraineté majeur pour l’Etat central.
L’offensive dans le nord du pays a donné lieu à de nombreuses allégations d’exactions commises à l’encontre de la population civile par les forces maliennes et leurs alliés russes depuis 2022, que les autorités maliennes démentent.
Le Mali est aussi en proie depuis 2012 aux agissements des groupes affiliés à Al-Qaïda et à l’organisation Etat islamique et aux violences des groupes communautaires et crapuleux.
La junte dirigée par le colonel Assimi Goïta a depuis 2022 multiplié les actes de rupture. Ils ont rompu l’alliance ancienne avec la France et ses partenaires européens pour se tourner militairement et politiquement vers la Russie.
Source: Agence France-Presse Aucune étiquette pour cette publication.