Le président américain Donald Trump a exhorté cette semaine le mouvement islamiste palestinien Hamas à saisir l’opportunité d’une trêve de 60 jours dans la bande de Gaza, affirmant qu’Israël avait accepté la proposition.
Après bientôt 21 mois de conflit dans le territoire palestinien et après une issue rapide à la guerre de 12 jours entre l’Iran et Israël, ces déclarations font naître de nouveaux espoirs d’un troisième cessez-le-feu à Gaza.
Mais des obstacles persistent et à l’approche d’une rencontre entre Donald Trump et le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, qui s’annonce déterminante, la probabilité d’un accord reste incertaine, estiment des experts.
– Qu’est-ce qui empêche une réponse du Hamas? –
Les négociations indirectes pour un cessez-le-feu et la libération des otages retenus à Gaza ont jusqu’à présent échoué, achoppant principalement sur l’exigence posée par le Hamas d’un cessez-le-feu permanent.
Mercredi, le Hamas a déclaré réfléchir à sa réponse à la nouvelle proposition « afin de parvenir à un accord garantissant la fin de l’agression », le retrait des forces israéliennes et l’entrée de l’aide humanitaire dans le territoire.
Hugh Lovatt, spécialiste du Moyen-Orient au Conseil européen des relations internationales (ECFR), estime qu’il pourrait y avoir une certaine souplesse dans la position du Hamas, à condition que celui-ci adopte « une approche pragmatique ».
Mais, ajoute-t-il, « il subsiste encore d’énormes divergences » autour des exigences du Hamas, notamment sur la fin définitive du conflit, la réouverture de Gaza à l’aide humanitaire et le retrait israélien.
« Ce sont ces éléments qui seront les plus déterminants pour savoir si cette période initiale de 60 jours sera mise en œuvre », dit-il.
Andreas Krieg, analyste au King’s College de Londres, estime que la « profonde méfiance du Hamas à l’égard des intentions d’Israël, en raison des précédents cessez-le-feu qui se sont effondrés sous de nouvelles frappes, implique que le mouvement aurait besoin de garanties solides » avant de donner son accord.
Une trêve de deux mois entrée en vigueur en janvier a volé en éclats en mars quand Israël a repris son offensive, faute d’accord entre les deux parties sur les étapes suivantes.
– Quelles sont les exigences israéliennes? –
M. Netanyahu a juré mercredi d’éliminer « jusqu’à la racine » le Hamas, réaffirmant le but affiché par Israël d’éradiquer le mouvement palestinien après son attaque du 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre à Gaza.
Israël a toujours exigé le démantèlement des structures militaires du Hamas et le retour des otages.
Le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, d’extrême droite, a appelé mercredi à « faire tomber le Hamas, occuper la bande de Gaza, encourager le transfert » des Palestiniens hors du territoire.
Pour M. Krieg, il y a cependant des « facteurs internes » qui pourraient permettre à M. Netanyahu « de faire des concessions » malgré les voix d’extrême droite au sein de sa coalition qui le poussent à continuer la guerre.
« Il est vu comme ayant +gagné+ la guerre contre l’Iran, sa popularité est de nouveau à la hausse en Israël et il y a une pression croissante des dirigeants militaires pour trouver une porte de sortie à Gaza », dit-il.
Pour M. Lovatt, il s’agit de savoir s’il y a eu « un tournant dans les calculs politiques de Netanyahu (…) qui jusqu’à présent considérait la poursuite de la guerre à Gaza et le maintien de sa coalition d’extrême droite » comme essentiels.
– Quelle est l’ampleur des pressions américaines ? –
Donald Trump doit recevoir Benyamin Netanyahu à la Maison Blanche le 7 juillet, après avoir promis mardi d’adopter une position « très ferme » sur la fin de la guerre à Gaza.
Le même jour, il avait déclaré espérer qu’un cessez-le-feu puisse être mis en place « d’ici la semaine prochaine ».
Pour Hugh Lovatt, il est « assez clair que ce sont Trump et les Américains qui détiennent la clé de cette affaire ».
Le 24 juin, Israël et l’Iran ont accepté un cessez-le-feu négocié par les Etats-Unis et le Qatar, après des bombardements américains sur les installations nucléaires iraniennes.
« On a vu que, lorsque Trump tape du poing sur la table (…) il est capable de tirer parti de sa relation avec Netanyahu et de son soutien à Israël quand il le souhaite », souligne M. Lovatt.
Pour sa part, Andreas Krieg estime que Washington dispose du « poids et des leviers en matière de sécurité » pour influencer Israël, que ce soit par le biais de l’aide, de la fourniture d’armes ou du retrait de son appui diplomatique.
« Israël n’agira que dans la mesure où cela sert ses intérêts fondamentaux. Sans une pression américaine soutenue et finement dosée, un accord durable reste improbable », conclut-il.
Source : Agence France-Presse