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Questions après la suspension de l’accord de défense entre le Tchad et la France

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La résiliation de l’accord de coopération militaire entre le et la France, annoncée jeudi soir par le chef de la diplomatie tchadienne après une visite officielle de son homologue français, et dont la France « prend acte » vendredi soir, rebat les cartes dans la région. Le point sur cette annonce-surprise.

– Qu’a annoncé le Tchad ?

Le Tchad a annoncé « sa décision de mettre fin à l’accord de coopération en matière de défense signé avec la République française » en respectant « les modalités prévues pour sa résiliation, y compris le délai de préavis » et en « restant ouvert à un dialogue constructif pour explorer de nouvelles formes de partenariat », dans un communiqué du ministre des Affaires étrangères tchadien Abderaman Koulamallah.

« La France en prend acte et entend poursuivre le dialogue pour la mise en œuvre de ces orientations », a notifié à l’AFP Christophe Lemoine, le porte-parole du Quai d’Orsay vendredi soir, mettant fin au silence qui régnait autour de cette annonce surprise qui a pris de court le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot, quelques heures après son départ, au terme d’une visite à Adré, à la frontière soudanaise.

Le Tchad rompt ses accords de coopération de défense avec la France (ministère des Affaires étrangères tchadien)

Le ministre français a également été reçu en audience à N’Djamena par le président tchadien, le général Mahamat Idriss Deby Itno.

« Il est temps pour le Tchad d’affirmer sa souveraineté pleine et entière et de redéfinir ses partenariats stratégiques selon ses priorités nationales », selon ce communiqué publié jeudi soir sur la page Facebook.

Lors de cet entretien, le chef de l’Etat a « appelé à transcender la coopération traditionnelle entre la France et le Tchad, dans laquelle prédomine l’aspect sécuritaire, afin d’épouser une diversification de la coopération bilatérale », selon un compte rendu diffusé vendredi par la télévision TV Tchad.

– Quel est l’accord suspendu ?

Cet accord signé le 5 septembre 2019 en révision d’un accord de 1976 lui-même hérité de textes signés en 1960 à l’époque de la décolonisation, porte sur la formation des forces armées tchadiennes, sur l’amélioration des capacités logistiques, le renforcement du renseignement militaire, la reconversion professionnelle des miliaires et l’appui à la garde nationale nomade.

« Les accords prévoient des dates de retrait qui sont très longues. Ce n’est pas du jour au lendemain », a déclaré à l’AFP le chef de la diplomatie tchadienne.

« On ne fait pas une rupture avec la France, comme au Niger ou ailleurs. Nous, simplement, nous évoluons, on ne veut plus de bases aériennes après 66 ans de proclamation de notre , c’est tout. C’est une question de souveraineté nationale », a-t-il dit.

– Pourquoi résilier maintenant ?

L’annonce est intervenue le jour anniversaire de la proclamation de la République tchadienne le 28 novembre 1958, un mois avant les élections législatives et locales prévues le 29 décembre.

« C’est un signal fort pour la politique étrangère du Tchad que lance le chef de l’État » le jour de cette célébration, « comme pour dire +la souveraineté est désormais totale », selon le compte rendu de TV Tchad.

« Les raisons ayant motivé cette décision demeurent floues (…). Est-ce une manœuvre populiste d’un gouvernement confronté à des critiques croissantes sur sa légitimité? Une pression exercée par de nouveaux partenaires stratégiques, désireux de redéfinir l’influence géopolitique dans la région ? Ou encore, s’agit-il (….) d’une +décision mûrement réfléchie+ visant à affirmer l’indépendance du Tchad dans les affaires de défense et de sécurité ? », s’interroge le média d’opposition Tchad One.

La France va devoir fermer ses bases au Sénégal, dit le président sénégalais à l’AFP

Le scrutin de décembre marque les premières élections législatives au Tchad depuis 2011. Les partis d’opposition refusent d’y participer en dénonçant un « climat délétère de dictature » et les risques de « fraude électorale.

L’opposant tchadien Succès Masra l’a décrit comme une « mascarade » en accusant Paris de « freiner » le processus démocratique au Tchad par son au général Deby.

– Quelle présence française dans la région?

Avec près d’un millier de militaires stationnés sur trois bases, le Tchad constitue pour la France son dernier point d’ancrage au Sahel, où la Russie exerce une influence grandissante.

Paris a déjà été contraint d’évacuer ses troupes du Mali, du et du Niger entre 2022 et 2023 après l’arrivée au de juntes militaires qui se sont rapprochées de Moscou.

L’annonce de N’Djamena intervient au lendemain de celle faite à Dakar par le sénégalais Bassirou Diomaye Faye qui a appelé à une fermeture des bases françaises dans son pays, avec un « partenariat dépouillé de cette présence militaire là », dans un entretien avec l’AFP.

« La France a entamé depuis près de deux ans une réflexion et un dialogue avec ses partenaires sur la reconfiguration de ses dispositifs militaires en « , a rappelé à l’AFP Christophe Lemoine. Paris prône désormais un partenariat « renouvelé » et « co-construit ».

Au début de l’été, deux sources proches de l’exécutif et une source militaire avaient détaillé pour l’AFP un dispositif réduit d’une centaine de militaires au (contre 350), autant au (contre 350) et en (600 auparavant) ainsi que quelque 300 au Tchad.

Source: Agence France-Presse

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