L’organisation de défense des droits numériques Access Now a réclamé le rétablissement d’internet et du téléphone sur l’île équatoguinéenne d’Annobón, suspendus depuis le 20 juillet après une manifestation pour dénoncer l’impact environnemental de travaux d’infrastructures.
« Depuis le 20 juillet 2024, le service cellulaire et l’accès à internet à Annobón ont été fermés, laissant les habitants de l’île complètement coupés du monde », a affirmé mardi le texte d’Access Now et d’autres organisations signataires publié en ligne.
Annobón, une île de 17 km2 au large des côtes gabonaises, est accessible par avion privé ou par ferry deux fois par mois.
Des membres de cette communauté de 5.000 âmes, avaient par le passé dénoncé « persécution, répression, discrimination systématique, abandon », par le pouvoir central au point de revendiquer son « autodétermination » et proclamer la République d’Annobón.
Début juillet, une vingtaine de résidents d’Annobón, avaient adressé un courrier au président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, dans lequel ils réclamaient une solution face aux dommages causées par les détonations liées à la construction d’infrastructures en cours sur leur île selon un courrier consulté par l’AFP.
Le vice-président Téodorin Obiang excluait « quelles que soient les circonstances », l’interruption des travaux, notamment la construction d’un aéroport, un port, une école, un hôpital dans un communiqué publié sur le site de la vice-présidence.
Il avait également affirmé le même jour sur son compte X que « les responsables des éventuels crimes de rébellion et de sédition à Annobón répondront devant la loi de leurs actes ».
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Selon les informations recueillies par l’ONG, « les forces de sécurité gouvernementales auraient procédé à des arrestations et saisi des téléphones portables après que des dizaines d’habitants aient manifesté pacifiquement dans la ville de San Antonio de Palé contre l’impact néfaste des explosions de dynamite ».
Le gouvernement a également interdit début août, l’utilisation et la commercialisation de l’internet par satellite Starlink sur l’ensemble du territoire.
Lundi, la télévision d’Etat TVGE rapportait que 37 personnes « poursuivies pour des délits présumés de calomnie et de diffamation, d’abus des droits fondamentaux, d’atteinte à l’ordre constitutionnel » après avoir manifesté et « exigé l’indépendance de l’île », ont été auditionnées par un juge d’instruction à Malabo.
Selon leur avocat, Me Ángel Obama Obiang, « ils ont tous été envoyés en détention préventive à la prison de Black Beach », dans la capitale Malabo.
La Guinée équatoriale, petit pays d’Afrique centrale avec un des régimes les plus fermés et les plus autoritaires au monde, est dirigé par le président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, 82 ans, depuis 45 ans : le record mondial de longévité au pouvoir pour un chef d’Etat encore vivant, hors monarques.
Source: Agence France-Presse