« Le Liban est au bord du gouffre », a alerté mardi le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, devant l’Assemblée générale à New York, craignant que le pays ne devienne « un autre Gaza ».
« Gaza est un cauchemar permanent qui menace d’emporter toute la région dans le chaos. A commencer par le Liban. Le peuple libanais, le peuple israélien et les peuples du monde ne peuvent se permettre que le Liban devienne un autre Gaza », a-t-il martelé devant les 193 pays de l’ONU réunis pour la semaine annuelle des discours des chefs d’Etat et de gouvernement.
« Nous devrions tous être alarmés par cette escalade. Le Liban est au bord du gouffre », a-t-il dit.
Israël a rejeté cette description de la situation, renvoyant la responsabilité au secrétaire général.
« Le cauchemar dont vous parlez est une réalité. Cette réalité est que le Hezbollah a pris le Liban en otage et que l’ONU ne reconnaît pas leurs actes (au Hezbollah, ndlr) et ne remplit pas non plus ses obligations fondamentales: empêcher les attaques du Hezbollah », a écrit le ministre de la Défense israélien, Yoav Gallant, dans un message sur le réseau social X.
Dénonçant l’attaque « abominable » du Hamas contre Israël le 7 octobre et la capture d’otages, Antonio Guterres a également réclamé à nouveau un cessez-le-feu « immédiat », répétant que « rien ne peut justifier d’infliger un châtiment collectif au peuple palestinien ».
De manière plus générale, « le monde est pris dans un tourbillon » où les divisions géopolitiques ne cessent de grandir et où « les guerres font rage sans que l’on ne sache comment elles vont se terminer ».
« Nous allons tout droit vers l’inimaginable, une poudrière qui risque d’engloutir le monde. »
« On ne peut pas continuer ainsi », a-t-il plaidé.
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« Le degré d’impunité dans le monde est indéfendable sur le plan politique et moralement intolérable. Aujourd’hui, un nombre croissant de gouvernements se sentent autorisés à bénéficier, comme au Monopoly, d’une carte +Vous êtes libéré de prison+ », a-t-il déclaré.
« Ils peuvent fouler aux pieds le droit international. Ils peuvent violer la Charte des Nations Unies. Ils peuvent ignorer les conventions internationales sur les droits humains ou les décisions des tribunaux internationaux. Ils peuvent bafouer le droit international humanitaire. Ils peuvent envahir un autre pays, dévaster des sociétés entières ou mépriser complètement le bien-être de leur propre peuple », a-t-il énuméré. « Sans que rien ne se passe. »
Au-delà de Gaza et de l’Ukraine, il a notamment mentionné « la lutte brutale pour le pouvoir » au Soudan qui a déchaîné « d’horribles violences, y compris des viols et agressions sexuelles généralisés » et dénoncé « les puissances extérieures » qui poursuivent leur ingérence.
Sans oublier la Birmanie, la République démocratique du Congo, Haïti ou le Yémen, où violences et souffrances se poursuivent sur fond d’incapacité chronique à trouver des solutions.
Il a, d’autre part, mis en avant l’instabilité d’un monde menacé par le développement « imprévisible » de l’intelligence artificielle et les impacts grandissants du changement climatique.
« Nous assistons à un véritable effondrement du climat », a-t-il lancé, s’en prenant une nouvelle fois aux énergies fossiles, principales responsables du réchauffement.
« Les températures extrêmes, les incendies violents, les sécheresses et les inondations catastrophiques ne sont pas des catastrophes naturelles. Ce sont des catastrophes humaines, dont les combustibles fossiles précipitent l’enchaînement. »
Source: Agence France-Presse