pixel

La conscription des ultra-orthodoxes, nouvelle épine dans le pied de Netanyahu

Date:

Pages jaunes

Au moment où Israël est militairement engagé à Gaza depuis bientôt neuf mois, son Premier Benjamin Netanyahu fait face à un autre front, cette fois, la Cour suprême ayant ordonné la conscription des juifs ultra-orthodoxes, fragilisant sa coalition.

Longtemps sujet de discorde, le service militaire des ultra-orthodoxes, qui représentent 13% de la population (près de 10 millions d’), pourrait pousser Israël vers de nouvelles , estiment des analystes.

Le service militaire est obligatoire, mais les ultra-orthodoxes peuvent l’éviter s’ils se consacrent à l’étude des textes sacrés du judaïsme, en vertu d’une exemption instaurée par David Ben Gourion, fondateur de l’Etat d’Israël, en 1948.

 

A lire: Conscription des ultra-orthodoxes en Israël : Netanyahu demande un nouveau délai

 

 

Avec le temps, cette communauté s’est agrandie et le nombre d’exemptions a augmenté.

Mardi, la Cour suprême a ordonné la conscription des étudiants en écoles talmudiques, estimant qu’en l’absence de « cadre légal adéquat », le n’avait pas le droit de les exempter.

La Cour a considéré qu’il y avait une « grande discrimination » et qu’alors que plusieurs centaines de milliers de soldats et de réservistes ont été mobilisés pour la guerre à Gaza qui ne donne aucun signe de répit, « l’inégalité du fardeau est plus marquée que jamais ».

Des personnalités ultra-orthodoxes influentes ont depuis dénoncé cette décision, l’un estimant qu’il s’agissait d’une « transgression religieuse » et un autre qu' »aucun  » ne pouvait « empêcher le peuple d’Israël d’étudier la Torah ».

– Protection –

Les « haredim » (« craignant Dieu » en hébreu), qui ont une interprétation stricte de la loi religieuse juive et vivent souvent repliés sur leurs communautés, considèrent que l’étude de la Torah protège le pays autant que l’armée.

D’après Shouki Friedman, vice- du groupe de réflexion Jewish People Policy Institute, environ 66.000 d’entre eux pourraient être concernés par la conscription.

Avec la décision de la Cour, les ultra-orthodoxes « ne peuvent plus jouir d’exemption ou n’ont pas de base légale pour ne pas servir dans l’armée », dit-il à l’AFP.

Reste à savoir comment et quand la décision sera appliquée: « 3.000 maintenant et 6.000 l’an prochain ou lentement comme c’est le cas aujourd’hui? », s’interroge M. Friedman.

La décision est doublement importante pour les écoles talmudiques (« yeshivot ») car elles seront désormais pénalisées financièrement pour chaque soldat pouvant aller à l’armée.

Certaines écoles pourraient perdre jusqu’à un tiers de leur budget annuel, d’après Barak Medina, professeur de droit à l’Université hébraïque de Jérusalem.

« Cela va changer la communauté +haredi+ », prédit Nechumi Yaffe, professeure de politique publique à l’Université de Tel-Aviv et spécialiste de cette minorité.

– Gagner du temps –

La conscription est depuis longtemps un enjeu politique en Israël. En 2018, elle avait créé une crise telle qu’elle avait précipité le pays vers cinq élections législatives en quatre ans, sans que le sujet ne soit clos.

Le parti de droite de M. Netanyahu (Likoud) avait récemment remis un projet de loi sur la table, devant permettre une mobilisation partielle des ultra-orthodoxes au sein de l’armée et légaliser les exemptions.

Les opposants à cette initiative, dont certains du Likoud et le ministre de la Défense lui-même, estiment qu’elle est loin de répondre aux besoins en effectifs de l’armée, accrus par la guerre à Gaza et la crainte d’un autre conflit avec le Hezbollah au Liban.

M. Netanyahu se retrouve pris entre les ultra-orthodoxes ne voulant pas entendre de la conscription et d’autres voulant accroître les effectifs militaires.

Sur 120 sièges au Parlement, sa coalition en compte 64 dont 18 de partis ultra-orthodoxes.

S’ils quittent la coalition, ce qu’ils n’ont pas encore dit vouloir faire, le pays traumatisé par l’attaque du 7 octobre, divisé sur la question Netanyahu et la stratégie de la guerre, repart en campagne électorale.

D’après M. Friedman, M. Netanyahu tentera de gagner du temps, sachant que la session parlementaire se termine le 28 juillet. « Il tente de repousser l’effondrement du gouvernement, gagner du temps et pendant ce temps là, consolider son alliance ».

Nechumi Yaffe a réalisé une enquête d’opinion cette semaine parmi des ultra-orthodoxes, qui ont fait part de leur « grande colère » vis-à-vis des politiciens de leurs partis et une désillusion grandissante sur la capacité du gouvernement à servir leurs intérêts.

Mais cela ne signifie pas forcément un désir d’élections, dit-elle.

« C’est une question d’intérêts », souligne Mme Yaffe. « Est-ce qu’un autre gouvernement leur donnerait plus? »

Source: Agence -Presse Aucune étiquette pour cette publication.

- Pub -
Pages jaunes

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Partager :

spot_imgspot_img

Populaires

Dans la même catégorie
Associé

Inde: un Boeing d’Air India s’écrase sur une zone résidentielle, au moins 265 morts

Un Boeing 787 d'Air India s'est écrasé jeudi à...

L’accident d’Air India secoue de nouveau Boeing

Le crash d'un Boeing 787 Dreamliner de la compagnie...

A Gatwick, où l’avion d’Air India aurait dû atterrir, l’anxiété des passagers

"On pense toujours que cela n'arrive qu'aux autres". Des...

Crash du vol Air India: des corps calcinés extraits des décombres

Des corps calcinés ont été extraits des décombres après...