Voici les principaux extraits de l’allocution de neuf minutes dans laquelle le Premier ministre espagnol, le socialiste Pedro Sánchez, a annoncé lundi qu’il avait finalement décidé de rester au pouvoir, après cinq jours de réflexion en famille, malgré l’ouverture d’une enquête judiciaire contre son épouse.
« Mercredi dernier, j’ai écrit une lettre adressée à tous les Espagnols dans laquelle je demandais si le fait de présider le gouvernement de l’Espagne justifiait de subir le harcèlement que subit ma famille depuis dix ans. Aujourd’hui, après ces jours de réflexion, j’ai une réponse claire.
Si nous acceptons tous, en tant que société, que l’action politique justifie les attaques gratuites contre des personnes innocentes, alors ça n’en vaut pas la peine (…)
J’avais besoin de m’arrêter et de réfléchir sur tout ça, et je sais que la lettre que je vous ai envoyée a pu déconcerter, parce qu’elle n’obéit à aucun calcul politique. Et il est vrai que j’ai montré un sentiment qu’il n’est pas habituel d’admettre en politique.
J’ai reconnu devant ceux qui veulent me briser non pas pour ce que je suis, mais pour ce que je représente, que cette situation, que je ne souhaite à personne, est douloureuse à vivre (…)
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J’ai agi à partir d’une conviction claire: ou nous disons ‘assez!’, ou cette dégradation de la vie publique déterminera notre avenir et nous condamnera en tant que pays (…)
Si nous acceptons que l’intox délibérée conduise le débat politique, si nous obligeons les victimes de ces mensonges à devoir démontrer leur innocence, à l’encontre de la règle la plus élémentaire de notre Etat de Droit, si nous permettons que le rôle de la femme soit de nouveau relégué à la sphère familiale, avec l’obligation de sacrifier sa carrière professionnelle au bénéfice de celle de son mari (…) nous aurons fait un mal irréparable à notre démocratie (…).
Confondre la liberté d’expression avec la liberté de diffamer est une perversion démocratique aux conséquences désastreuses.
Ma femme et moi savons que cette campagne de discrédit ne cessera pas. Cela fait dix ans que nous la subissons (…). Nous voulons remercier de tout coeur les démonstrations de solidarité et d’empathie que nous avons reçues de tous les milieux sociaux (…).
Quoi qu’il en soit, grâce à cette mobilisation sociale qui a influé de manière décisive sur ma réflexion et que je remercie de nouveau, je veux vous dire ce que j’ai finalement décidé et que j’ai transmis préalablement au chef de l’Etat (NDLR: le roi Felipe VI) ce matin.
J’ai décidé de continuer, continuer avec plus de force si possible, à la présidence du gouvernement de l’Espagne (…). Je prends devant vous l’engagement de travailler sans relâche, avec fermeté et sérénité, pour le renouvellement en cours de notre démocratie et pour l’approfondissement et la consolidation des droits et des libertés (…).
Notre pays doit entreprendre (…) une réflexion collective qui ouvre la voie à la propreté, au renouvellement, à la bataille propre. Cela fait trop longtemps que nous laissons la boue envahir impunément la vie politique, la vie publique, et nous transmettre des pratiques toxiques encore inimaginables il y a à peine un an (…)
Aujourd’hui, je demande à la société espagnole que nous soyons de nouveau un exemple, une inspiration pour un monde troublé et blessé, parce que les maux dont nous souffrons sont loin d’être limités à l’Espagne. Ils forment partie d’un mouvement réactionnaire mondial qui aspire à imposer son agenda régressif au moyen de la diffamation, du mensonge, de la haine et du recours aux peurs et aux menaces qui ne correspondent ni à la science ni à la rationalité (…).
