Franck Essi, fervent défenseur des causes nobles. Il pense qu’il ne faut pas confondre un changement de posture avec un changement de nature.
« L’annonce récente de la démission d’Issa Tchiroma du gouvernement camerounais a provoqué. Comme à chaque fois qu’une figure du régime abandonne son poste. Une vague de commentaires et d’interprétations enthousiastes, voire euphoriques.
Cependant, dans l’effervescence de ces réactions spontanées, il convient d’exercer une vigilance accrue. Afin de ne pas confondre un changement de posture avec un véritable changement de nature. Issa Tchiroma, en effet, incarne parfaitement ce type de figure politique. Dont les revirements successifs illustrent une stratégie opportuniste plutôt qu’une authentique conviction réformatrice.
Justifier l’injustifiable
Ministre de la Communication pendant de nombreuses années. Il a été l’une des voix les plus audibles et les plus acharnées à défendre le régime actuel. Quitte à justifier l’injustifiable. On se souvient notamment de ses interventions suite aux accusations de violations des droits humains à l’Extrême-Nord du pays. Où il niait fermement toute responsabilité gouvernementale.
Malgré les preuves accablantes apportées par les organisations internationales et locales. Ce même Issa Tchiroma a également été le visage de multiples contradictions. Passant d’une opposition virulente au régime à une défense tout aussi passionnée de celui-ci. Dès lors qu’il bénéficiait de privilèges gouvernementaux.
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Ce parcours en zigzag rappelle cruellement que l’opportunisme politique, loin d’être marginal. Constitue une norme inquiétante dans notre paysage politique national. La démission de Tchiroma est révélatrice d’une tendance plus large. Celle des figures influentes du régime cherchant à se repositionner à l’approche de périodes électorales.
La crédibilité politique
Ou lors de périodes de troubles sociopolitiques. Cette posture tactique leur permet, sans grand effort, de se revêtir d’un costume d’opposant, tout en capitalisant sur la fatigue, la déception, voire le désespoir populaire. Mais il importe de rappeler clairement. La crédibilité politique ne s’acquiert ni par une démission de circonstance. Ni par des proclamations opportunes.
Elle se forge dans la constance des engagements, la cohérence des actes. Et surtout, dans l’intégrité des positions prises face aux grandes questions qui agitent notre société. Aussi, face à ces conversions soudaines.
Et à ces repentances médiatiques, il est nécessaire que citoyens, militants politiques, société civile. Et médias soient particulièrement attentifs. Quelques questions essentielles méritent d’être posées à chaque nouvelle défection présentée comme un acte de courage politique.
Alors, quelles sont les véritables raisons de ce revirement ? Quelles garanties de probité peut-on attendre d’individus. Ayant soutenu pendant des années un régime dont ils dénoncent soudainement les abus ? Quelle crédibilité accorder à ceux qui, hier encore, défendaient des pratiques. Aujourd’hui dénoncées comme contraires aux intérêts du peuple?
Les réponses à ces interrogations permettront d’éviter de tomber dans le piège tendu. Par ceux dont l’objectif premier est d’assurer leur propre survie politique. Pour éviter les erreurs passées, plusieurs recommandations s’imposent, pense-t-il