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Au moins 17 tués dans une « vendetta » intercommunautaire au Tchad

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Au moins 17 personnes, dont 11 enfants et six femmes, ont été tuées jeudi dans une « vendetta » intercommunautaire « menée par des éleveurs armés de machettes » à Oregomel, dans le sud-ouest du Tchad, selon un bilan provisoire des autorités locales.

« Les peuls, en complicité avec d’autres personnes, ont attaqué le petit village. Ils ont tué six femmes et 11 enfants », a déclaré vendredi à l’AFP le délégué général du gouverneur de la région, Abdelmanane Katab.

Il a précisé que le massacre a eu lieu à cinq kilomètres de Mandakao, où 42 personnes avaient été tuées le 14 mai lorsque des hommes armés de l’ethnie ngambaye avaient attaqué des peuls.

« En somme, c’est une vendetta » de la part des peuls, a estimé M. Katab en parlant du massacre de jeudi.

« 20 assaillants ont été arrêtés », a indiqué à l’AFP Mahamat Abdou Issa, procureur de la République près du tribunal de grande instance de Pala.

A la suite du premier massacre le mois dernier, le chef du parti d’opposition Les Transformateurs, Succès Masra, opposant et ancien Premier ministre, avait été arrêté.

– Conflits agro-pastoraux –

L’homme politique, d’ethnie ngambaye, est poursuivi par la justice pour « incitation à la haine, à la révolte, constitution et complicité de bandes armées, complicité d’assassinat, incendie volontaire et profanation de sépultures ».

M. Masra se trouve toujours en détention provisoire.

Un message audio est mis en avant par la justice pour incriminer l’opposant, qui daterait de 2023. Selon une traduction française du message en langue ngambaye, il est dit : « Apprenons-nous les uns et les autres à utiliser une arme à feu. Que ce soit fille ou garçon, que ce soit homme ou femme… soyons tous des boucliers protecteurs ».

Un contentieux entre des éleveurs peuls nomades et des agriculteurs ngambayes autochtones sur la délimitation des zones de pâturage et d’agriculture dans les environs serait à l’origine des deux tueries, ont expliqué des sources locales.

Dans le sud du pays, les populations chrétiennes et animistes s’estiment souvent marginalisées par le régime de N’Djamena majoritairement musulman.

Les combats entre éleveurs nomades arabes et cultivateurs autochtones sédentaires, qui accusent les premiers notamment de saccager leurs champs en faisant paître leurs animaux, sont fréquents.

Les conflits agro-pastoraux ont fait plus d’un millier de morts et 2.000 blessés entre 2021 et 2024 au Tchad, selon les estimations de l’ONG International Crisis Group.

La communauté peule est impliquée dans d’autres affrontements hors du Tchad.

– Un cycle de violence –

Vendredi dans le centre-nord du Nigeria, les autorités ont annoncé deux nouvelles attaques, dans une région qui connaît une recrudescence de violences depuis plusieurs mois entre éleveurs peuls musulmans et agriculteurs sédentaires.

Au moins 20 autres personnes sont mortes depuis la semaine dernière dans d’autres incidents intercommunautaires dans la province du Ouaddaï, dans l’est du Tchad, selon des sources parlementaires et locales.

D’après une source locale qui a souhaité garder l’anonymat, ces violences se sont déclenchées après le vol de la moto d’un membre de la communauté ouaddaïenne par deux jeunes de la communauté des Zaghawa. Une violente altercation armée a suivi et huit personnes ont perdu la vie, dont les deux voleurs de la moto, a raconté cette source.

Le conflit qui oppose les deux communautés s’est ensuite intensifié samedi lorsque qu’au moins 12 Ouaddaïens ont été tués au cours d’une attaque menée par les Zaghawa.

Depuis plusieurs dizaines d’années, l’Est tchadien, zone de transhumance et région stratégique à la frontière avec le Soudan, est en proie à des conflits entre différentes communautés: d’un côté, les autochtones ouaddaïens, agriculteurs, et de l’autre, des tribus arabes ou Zaghawa, éleveurs nomades.

Signe de crispation de la part des autorités tchadiennes au sujet des conflits intercommunautaires, le procureur de la République de N’Djamena a menacé de poursuites judiciaires le week-end dernier les journalistes ou acteurs de la société civile qui se rendraient à Mandakao pour y enquêter sur le massacre.

Source : Agence France-Presse

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