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Climat: même si l’agriculture s’adapte, les rendements de blé, riz ou maïs vont chuter, selon une étude

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Le changement climatique va réduire la capacité de la planète à se nourrir: même en cas d’adaptation des pratiques agricoles, les rendements caloriques mondiaux de six cultures majeures, dont le blé ou le riz, seront inférieurs de 11 à 24% d’ici 2100, selon une étude publiée mercredi dans Nature.

Chaque degré celsius supplémentaire de réchauffement global réduira la capacité mondiale à produire de la nourriture de 120 kcal par personne et par jour, soit 4,4% de la consommation journalière actuelle, estiment les auteurs, qui font démarrer leur période de référence au début des années 2000.

« Si le climat se réchauffe de 3°C [d’ici la fin du siècle], c’est comme si chaque personne sur Terre renonçait à son petit-déjeuner », explique Solomon Hsiang, professeur en sciences sociales environnementales à la Stanford Doerr School of Sustainability et coauteur principal de l’étude, cité dans un communiqué.

Cette vaste étude a été menée pendant huit ans dans 55 pays par des chercheurs issus d’une quinzaine d’universités, dans le cadre du Climate Impact Lab, consortium de recherche de l’université de Chicago.

Si de précédentes recherches avaient déjà documenté les pertes de rendement agricole liées au réchauffement climatique, les auteurs soulignent que c’est la première fois que sont analysés à la fois les effets du climat et ceux de l’adaptation des pratiques (sélection variétale, utilisation d’engrais, irrigation…).

Les chercheurs ont analysé la situation pour six cultures de base: blé, maïs, riz, soja, sorgho et manioc, selon différents scénarios d’émissions de gaz à effet de serre.

L’étude ne tient toutefois pas compte d’un changement de culture ou du décalage des semis. Elle se base sur les pratiques existantes, alors que les agriculteurs constatent déjà dans leurs champs les effets d’un réchauffement de plus de 1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle.

– Disparition de la Corn Belt –

Si les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter, les rendements en calorie seront « inférieurs de 24% » en 2100 par rapport à un monde sans changement climatique. Sans adaptation supplémentaire, la perte pourrait atteindre près de 37% à l’échelle mondiale.

En revanche, les pertes de rendements seront limitées à 11% si les émissions chutent rapidement.

Dès 2050, quels que soient les efforts de réduction des émissions, la baisse des rendements caloriques serait de 8%.

L’importance du réchauffement redessinera le visage de la planète agricole: les grandes plaines américaines de la Corn Belt ou du Midwest verraient leurs rendements fortement chuter.

Les pertes pourraient atteindre jusqu’à 41% en 2100 dans les régions les plus riches, aujourd’hui les plus productives. Les communautés rurales pratiquant des cultures vivrières, notamment celles dépendant du manioc en Afrique, seraient aussi durement touchées (-28% de rendements dans les régions les plus pauvres).

Les cultures elles-mêmes sont inégales face à la menace.

– Rendements céréaliers en déclin –

Le blé, céréale du pain, accuserait un recul de rendement calorique de 30% à 40% en Chine, en Russie, aux Etats-Unis et au Canada, pays figurant parmi les cinq premiers producteurs mondiaux. Les pertes seraient moindres (-15% à -25%) en Europe de l’Ouest comme de l’Est, importants producteurs. Des gains sont « possibles » dans l’est de la Chine.

Le maïs, surtout consommé par le bétail, verrait ses rendements chuter de 40% dans un scénario à fortes émissions dans la ceinture céréalière américaine mais aussi en Asie centrale et en Afrique australe. Les pertes seraient plus modérées en Amérique latine et en Afrique centrale (environ -15%), atténuées par de fortes précipitations.

Les rendements du soja, aliment prisé du bétail et transformé en agrocarburant, seraient divisés par deux aux Etats-Unis, mais augmenteraient de 20% au Brésil, déjà premier producteur mondial.

Les impacts sur le riz, céréale de base en Asie, sont contrastés selon les régions de production, avec de fortes pertes attendues en Asie centrale.

Le manioc, tubercule très consommé en Afrique, perdrait 40% de rendement calorique en Afrique subsaharienne.

En conclusion, l’étude salue une adaptation déjà en marche dans les champs, en particulier dans les régions chaudes à revenu faible. En revanche, les « greniers à blé » mondiaux des régions tempérées « présentent une capacité d’adaptation plus limitée ». Ce qui pèsera lourd sur la facture alimentaire mondiale.

Source : Agence France-Presse

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