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Mali: le général Goïta, ancien des forces spéciales qui a enterré ses promesses pour rester au pouvoir

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Cinq ans après avoir pris le pouvoir par la force, le général Assimi Goïta, 41 ans, homme fort du Mali, a enterré les promesses de transition démocratique de la junte et s’apprête à signer un bail illimité à la tête du pays.

Le régime militaire lui a accordé jeudi un mandat de président de cinq ans, renouvelable « autant de fois que nécessaire » et sans élection. Il ne lui reste plus qu’à promulguer lui-même la loi pour devenir président de la République du Mali.

Cette décision le conforte davantage à la tête de l’État jusqu’à au moins 2030.

C’est le 18 août 2020 que le nom de l’officier Assimi Goïta, chef d’un bataillon de forces spéciales inconnu jusqu’alors, entrait dans les esprits des Maliens en déposant par un putsch le président Ibrahim Boubacar Keïta.

« Nous n’avons plus le droit à l’erreur. Donc, nous, en faisant cette intervention hier, nous avons mis le pays au-dessus, le Mali d’abord », disait-il au lendemain du coup de force.

11 mois plus tard, il a mené en mai 2021 un second coup d’État, durant lequel il a démis les têtes de l’exécutif d’une transition politique aux contours flous, et s’est officiellement fait investir chef de l’État.

Âgé alors de 38 ans, le voilà consacré chef de la junte d’un pays meurtri par la propagation jihadiste et les multiples maux du Sahel.

Les militaires s’étaient engagés à remettre le pouvoir aux civils au plus tard en mars 2024, mais ont depuis manqué à leur promesse.

– Motivations mystérieuses –

Célébré comme un héros par qui passera le salut de ce pays dans la tourmente, les motivations d’Assimi Goïta, qui a fait sa mue sans jamais se départir de son béret vert, demeurent un mystère pour beaucoup: sacrifice de sa personne ou ivresse du pouvoir ?

Lui martèle n’avoir aucun agenda caché. Et quand il parle, l’officier au verbe rare dit placer l’intérêt de la nation avant tout.

Quatre ans plus tard, l’ancien colonel qui s’est promu général a plus brillé par sa capacité à verrouiller le jeu démocratique qu’à enrayer la propagation jihadiste et stabiliser le pays.

Il s’est employé à restreindre les libertés: suspension de l’accès ou de la diffusion de plusieurs médias – notamment étrangers -, emprisonnement de membres de l’opposition et autres voix critiques, dissolution des partis politiques…

« C’est un calculateur. Il a un côté joueur. Il est clair que dès le départ nous avions senti qu’il voulait absolument rester au pouvoir. Il faisait tout pour ça », l’accuse un diplomate africain qui l’a côtoyé.

Parallèlement, le Mali continue de s’enliser dans la crise économique et sécuritaire, malgré un succès militaire en novembre 2023 avec la reprise de Kidal (nord), bastion des indépendantistes touareg.

Deux ans après, jihadistes et bandes criminelles sont toujours à l’œuvre dans le pays et ont causé des centaines, voire des milliers de morts, tandis que l’armée et ses alliés mercenaires russes sont régulièrement accusés d’exactions contre les civils.

– « Homme de terrain » –

L’arrivée au pouvoir de M. Goïta marque un tournant dans la relation entre le Mali et ses partenaires occidentaux. Depuis 2022, il a rompu l’alliance ancienne avec la France et ses alliés occidentaux, pour se tourner militairement et politiquement vers la Russie.

Il a multiplié les actes de rupture, poussant vers la sortie la mission de stabilisation des Nations unies (Minusma), et a retiré son pays de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao).

Le chef de la junte a fondé avec les régimes militaires du Burkina Faso et du Niger l’Alliance des États du Sahel (AES), dont il est actuellement le président en exercice.

Fils d’un ancien directeur de la police militaire, il a étudié au Prytanée militaire de Kati, puis à l’école militaire interarmes de Koulikoro.

En 2002, il a été envoyé dans le nord et y a fait ses armes, basé à Gao, Kidal, Tombouctou, Ménaka, puis Tessalit. Il a participé au combat contre les indépendantistes, puis les jihadistes, et est monté en grade.

Pas grand-chose ne distingue l’officier athlétique à la démarche lourde et cadencée des hommes en tenue de combat qui l’accompagnent partout.

« Paraître, ce n’est pas son problème. C’est un homme de terrain, on l’a vu dans le nord », le décrit un colonel sous couvert d’anonymat.

M. Goïta, dont il est presque impossible de serrer la main tant il est méfiant, reste toujours populaire auprès d’une frange de la population.

Ses partisans le voient comme l’artisan d’un redressement national du pays et d’une souveraineté retrouvée.

Source : Agence France-Presse

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