L’ONU et les Etats-Unis ont appelé mardi les acteurs politiques en Libye à une réunion « urgente » pour désamorcer la crise autour de la Banque centrale (BCL) et le blocus de la production et des exportations de pétrole.
Exprimant sa « profonde préoccupation », la Mission d’appui de l’ONU en Libye (Manul) a proposé « une réunion d’urgence de toutes les parties impliquées dans la crise de la BCL pour atteindre un consensus fondé sur des accords politiques, des lois et le principe de l’indépendance de la BCL », selon un communiqué. Pour l’ambassade des Etats-Unis en Libye, c’est la « voie à suivre pour résoudre la crise entourant la Banque centrale ».
En proie au chaos depuis la chute et la mort du dictateur Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est gouvernée par deux exécutifs rivaux: celui d’Abdelhamid Dbeibah installé à Tripoli (ouest) et reconnu par l’ONU, et un autre dans l’Est, soutenu par le maréchal Khalifa Haftar.
Ripostant lundi à l’éviction par les autorités de l’Ouest du gouverneur de la BCL, institution vitale qui gère la manne pétrolière et le budget de l’Etat, leurs rivales de l’Est ont annoncé la suspension de la production et des exportations pétrolières.
« Le blocus pétrolier sera maintenu tant que le gouverneur de la BCL n’aura pas repris ses fonctions légales », a averti mardi le président du Parlement basé à l’Est, Aguila Saleh, sans évoquer des pourparlers avec l’Ouest.
La Manul a qualifié de « décisions unilatérales », aussi bien le remplacement du gouverneur Seddik el-Kebir, mis en oeuvre en accord avec le Premier ministre Dbeibah, que la fermeture « jusqu’à nouvel ordre » par le camp Haftar des gisements et terminaux pétroliers, principalement basés dans l’est et le sud, qu’il contrôle.
Le gouverneur el-Kebir, en poste depuis 2012, était dernièrement critiqué par l’entourage de M. Dbeibah pour sa gestion de la manne pétrolière, considérée comme trop favorable au clan Haftar.
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Lundi, une nouvelle équipe dirigeante est entrée dans les locaux de la BCL mais des analystes ont émis des doutes sur sa capacité à faire fonctionner cette institution, qui a stoppé toutes ses opérations au départ du gouverneur el-Kebir.
« La passation de pouvoirs s’est déroulée de façon simple et sans accrocs », et il n’y a eu « aucune dégradation », a affirmé mardi en conférence de presse Abdel Fattah Ghaffar, chargé provisoirement par les autorités de l’ouest de diriger la BCL.
« Nous avons rassuré le FMI (Fonds monétaire international) et la Banque mondiale sur notre engagement à respecter les législations nationales et internationales », a affirmé M. Ghaffar, qui dispose d’une longue expérience dans des banques publiques et privées. Il a annoncé « un retour au travail d’environ 90% des employés de la BCL à partir de mercredi » et un rétablissement des opérations bancaires dans la foulée.
Résoudre la crise de la BCL « est une nécessité urgente », a souligné la Manul, mettant en garde contre un risque d' »effondrement financier et économique du pays ».
La Libye tire quasiment la totalité de ses ressources de l’exploitation du pétrole, dont la production était revenue récemment à 1,2 million de barils par jour (contre à 1,5 à 1,6 millions avant la révolution de 2011).
La Manul a demandé de garantir la sécurité des salariés de la BCL pendant que l’ambassade américaine faisait état d' »informations préoccupantes » sur des « arrestations arbitraires et intimidations » à leur encontre.
Source: Agence France-Presse Aucune étiquette pour cette publication.