Les droits consacrés aux femmes dans la gestion des ménages, demeurent une préoccupation des défenseurs de droits humains aux Cameroun.
En fait, Marlène K. mariée et mère de trois enfants âgés respectivement de 4. 7 et 11 ans. Malade et alitée, elle est surprise en plein midi dans la maison. Un huissier de justice est venu lui servir une sommation de quitter la maison. Dans les explications, la maison a été hypothéquée par son mari.
Et puis ce dernier avait contacté un prêt bancaire pour lancer sa maitresse dans un business. Seulement, l’argent n’a pas été remboursé. Ainsi, La banque pour rentrer dans ses fonds, a récupéré la maison. On a donné trois jours à Marlène de libérer la maison. Et trois jours après, les gros bras sont venus la faire sortir avec une brutalité inouïe. Sous une pluie battante, tous les effets étaient dehors, les enfants avec.
violences faites aux femmes : les populations de Douala vent debout
Les articles 1421 et 1428
En effet, pour bien comprendre cette situation les experts s’appuient sur deux dispositions. Elles sont contenues dans le code civil camerounais. Notamment sur l’administration des biens dans le mariage. Et plus précisément, les articles 1421 et 1428 du code civil camerounais. Toujours ont appliqués par les juges dans les tribunaux.
Et en parcourant l’Article 1421, il est écrit : « Le mari administre seul les biens de la communauté. II peut les vendre, aliéner et hypothéquer sans le concours de la femme ».
Et l’article 1428 dit que « Le mari a l’administration de tous les biens de la femme. Il peut exercer seul toutes les actions mobilières et possessoires qui appartiennent à la femme. Il peut aliéner les immeubles personnels de sa femme sans son consentement. Il est responsable de tout dépérissement des biens personnels de sa femme, causés par défaut d’actes conservatoires.»
En somme, c’est une bombe sur la tête de la femme. Pour les défenseurs des droits humains, il s’agit d’une immense violence faite aux femmes. « Le cas vécu par cette dame envoie tout simplement un message. Le législateur doit revoir ce texte. Et ce n’est pas le seul cas. Il y a des milliers de femmes qui subissent cette atrocité. J’ai suivi beaucoup de témoignages du genre », dit Gaston Bernard Kollo, la soixantaine révolue.
Réviser le code civil
Et pour Germain Ekoualla, « ce sont les blancs qui ont laissé cet héritage au Cameroun. Pourtant ils ont banni ces pratiques. Mais nous y sommes accrochés. Ces lois sont dépassées. On ne peut pas donner autant de pouvoir à un homme alors que la femme contribue au développement du couple », dit ce père de famille.
Selon certaines sources, la Cedef est venue ralentir un peu les ardeurs d’une pratique. En fait, la Convention sur 1’é1imination de toutes les formes de discrimination à 1’égard des femmes s’applique au Cameroun. Elle a été ratifiée le 23 août 1994. Et selon les sources judiciaires, le Cameroun a également ratifié le protocole additionnel à la Cedaw le 7 janvier 2005, qui est entré en vigueur le 7 avril 2005.
Cependant, on peut déplorer « les jugements à plusieurs variantes lorsque ces cas se présentent. On a vu certains magistrats ignorer carrément l’existence de ces conventions. Pour moi, il faut tout simplement réviser le code civil », a dit un avocat sous cape.