Cinq candidats se présentent pour prendre les commandes de la Banque africaine de développement, jeudi et succéder au Nigérian Akinwumi Adesina.
Le vainqueur sera élu pour un mandat de cinq ans, à la tête de la plus grande institution du financement du développement en Afrique.
Amadou Hott, Sénégal
Ministre de l’Economie du Sénégal de 2019 à 2022, sous la précédente administration, Amadou Hott était jusqu’en septembre l’envoyé spécial du président de la BAD pour l’infrastructure verte en Afrique.
De quoi en faire un héritier naturel à ce poste? Pas forcément : généralement le poste revient à un candidat d’une autre région que le candidat sortant, et l’Afrique de l’ouest est divisée avec la candidature du Mauritanien Tah.
Dans son programme, M. Hott, 52 ans, met l’accent sur une Afrique « intégrée et autonome » se positionnant notamment comme un partisan de la Zlecaf, la zone de libre échange continentale africaine et en faveur d’un approfondissement des relations avec le secteur privé.
Cet ancien vice-président de la BAD, en charge de l’énergie et de la croissance verte, assure notamment vouloir « accélérer les investissements dans les infrastructures énergétiques durables » en utilisant « les vastes ressources renouvelables » du continent.
Samuel Munzele Maimbo, Zambie
Vice-président chargé du Budget à la Banque mondiale, ce Zambien de 52 ans a occupé plusieurs postes stratégiques au sein de l’institution, notamment ceux de chef de cabinet des présidents David Malpass et Ajay Banga.
Lui aussi devra composer lors du scrutin avec une région divisée, puisque l’Afrique du Sud, important contributeur a présenté une candidate. Mais son expérience à la Banque mondiale pourrait l’aider à avoir le soutien américain, qui pèse lourd dans le vote.
M. Maimbo, qui met en avant 30 ans d’expérience dans le monde du développement et de la finance, veut que la BAD puisse jouer « un rôle de leader » pour accompagner les nombreux pays étranglés par leur dette.
Celui qui a grandi dans une ferme en banlieue de Lusaka met l’accent sur l’importance de la mécanisation de l’agriculture et le développement de l’agro-industrie. La stratégie « Nourrir l’Afrique » de la BAD « peut se concentrer sur un nombre réduit d’opportunités d’investissement à fort impact » plaide t-il.
Sidi Ould Tah, Mauritanie
Dernier candidat à s’être déclaré, Sidi Ould Tah est depuis dix ans à la tête d’une autre banque multilatérale de développement : la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (Badea).
Peut-il être un pont entre le monde arabe – dont plusieurs pays sont actionnaires de la BAD – et l’Afrique ?
Il revendique avoir transformé la Badea, d’une institution « inconnue des agences de notation » à une des institutions de développement la mieux notée sur l’Afrique.
Son programme s’appuie sur 4 points cardinaux : renforcer les institutions financières régionales, affirmer l’indépendance financière de l’Afrique sur les marchés mondiaux, utiliser la dynamique démographique comme levier de développement et construire des infrastructures résilientes face au changement climatique.
Ancien ministre de l’Economie en Mauritanie, l’homme de 60 ans, plaide pour « rompre avec les approches du passé » dans un monde où les « défis et opportunités de l’Afrique ont pris une nouvelle dimension ».
Abbas Mahamat Tolli, Tchad
L’ancien gouverneur de la Banque des Etats d’Afrique centrale peut-il être le premier président de la BAD issu de cette région du continent?
Ce Tchadien de 53 ans, ex-ministre des Finances puis des Infrastructures de son pays, mise sur cinq piliers pour « oser transformer l’Afrique ».
Son programme: assurer la souveraineté alimentaire via des investissements agricoles durables, accélérer le financement d’infrastructures essentielles, améliorer la gouvernance, promouvoir les énergies renouvelables et développer les marchés financiers domestiques.
Pour l’accomplir, la BAD doit selon lui renforcer son soutien à la productivité agricole, mobiliser davantage le secteur privé et aider les Etats à mieux lutter contre l’évasion fiscale, notamment.
« Le succès de ces réformes se mesurera à l’aune de l’émergence de chaînes de valeurs industrielles robustes et compétitives », prédit-il.
Bajabulile Swazi Tshabalala, Afrique du Sud
Seule femme candidate à la tête d’une institution toujours dirigée par des hommes, la Sud-Africaine de 58 ans était jusqu’à fin 2024 numéro deux de la BAD.
Fine connaisseuse de l’institution, elle incarne une forme de continuité avec le président sortant.
« L’ampleur et l’urgence des défis de l’Afrique exigent une action plus rapide et une innovation financière plus grande », plaide t-elle toutefois.
Mme Tshabalala défend trois axes principaux: accélérer le développement des infrastructures, dynamiser la croissance du secteur privé et construire une BAD plus performante.
« Les financements publics seuls ne peuvent pas financer les ambitions de l’Afrique. La Banque doit aller au-delà des prêts souverains traditionnels », assure t-elle.
Sa candidature soutenue par son pays natal vient toutefois diviser l’unité de l’Afrique australe qui s’était rangée derrière M. Maimbo.
Source : Agence France-Presse