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Le port du voile, une pratique aux explications multiples

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Pourquoi porter le voile? cheminement personnel, impératif religieux… des femmes musulmanes et des sociologues interrogés par l’AFP apportent un éclairage sur cette pratique, en hausse mais objet de vives critiques au nom de la laïcité.

« Il y a presque autant de significations sur le port du voile que de personnes qui portent », résume Samia Langar de l’Ecole pratique des hautes études. « Pour certaines c’est une obligation de l’islam, d’autres l’aboutissement d’un cheminement spirituel… Ca dépend vraiment de l’expérience de chacune, du récit de vie ».

Le port du voile est une pratique en hausse selon l’Insee, qui chiffre à 26% la proportion de musulmanes (immigrées ou descendantes) disant porter le voile en 2019-2022, contre 18% dix ans auparavant.

Ces hausses « reflètent d’abord une évolution des pratiques dans les pays d’origine », selon l’étude, avec des variations: plus fréquent chez les femmes en couple et les inactives, le port du voile est plus marqué chez les ouvrières (38%) que les cadres et professions intermédiaires (13%).

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« Mes parents nous poussaient dans nos études, nous apprenaient la prière, le jeûne, des valeurs comme la droiture, plutôt que le port du voile », raconte Rkia Bariz, 46 ans, cadre lilloise, qui explique s’être « mise à porter le foulard petit à petit dans la vie quotidienne à la fin de (ses) études » où elle a « commencé à retrouver une vie spirituelle ».

Pour le sociologue et philosophe Raphaël Liogier il y a là « une quête de sens transcendante » qui est « une raison dominante » du port du voile.

« On a aussi eu dans les années 1980-90 un voile , moins fréquent aujourd’hui », ajoute-t-il, évoquant dans les motivations actuelles « une question de , de rapport au , de ré de la musulmane ».

« Je dois me sentir belle quand je mets mon voile », affirme ainsi Hikma, 17 ans (comme beaucoup, elle n’a pas souhaité donner son nom de famile).

Samia Langar fait elle l’hypothèse que « ce que l’on appelle revendications identitaires et religieuses liées à l’islam sont en fait des demandes secondaires » qui s’expriment « faute de réponse de l’espace social élargi à la demande de reconnaissance citoyenne ».

A Metz, Saaida, la trentaine, explique: « La devise de la c’est +liberté, égalité, fraternité+ et je ne la vois pas en France, c’est la triste réalité. Comme si c’était un bout de tissu qui change la personne! »

 

– influences –

 

Sur l’aspect religieux, Raphaël Liogier évoque aussi un « voile fondamentaliste », mais « assez minoritaire », et un voile « imposé par les grands frères » mais qui selon lui « dans la réalité est infime ».

« Certains ont l’impression qu’on est forcées mais non, c’est un choix personnel, une liberté », affirme Yasmine, de 43 ans, voilée depuis 2018 au terme d’un « cheminement spirituel ». « Je ne suis pas soumise à un homme », ajoute-t-elle, estimant qu' » qui a décidé d’être pudique, c’est son choix ».

L’argument revient régulièrement, notamment chez les plus jeunes qui doivent se dévoiler au lycée.

« C’est gênant de l’enlever et le remettre, il y a beaucoup de garçons ici, des regards… » explique Tanzila, 19 ans, en terminale à Strasbourg. « Je me sens nue sans mon voile », affirme à Pantin Asma, 17 ans.

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La philosophe et islamologue Razika Adnani porte un regard critique sur ce type de discours. « Aucune femme ne porte le voile d’elle-même. Il y a toujours l’influence de discours religieux, du père, du fiancé, de la communauté… », estime-t-elle, assurant que certaines « suivent le mouvement sans connaître les origines et les conséquences de leur comportement ».

Le voile « est une arme de guerre de l’islamisme et du conservatisme », qui est « très actif sur les « , ajoute-t-elle, convaincue que « culturellement, le voile a été utilisé pour opprimer les femmes ».

Et pour elle, comme une partie des féministes qui se divisent sur le sujet, le combat des femmes en Iran ou en Afghanistan « devrait exclure totalement l’idée du voile comme liberté ».

« Ca n’a rien à voir, personne ne nous a obligées à le porter », estime Assia, lycéenne éanaise de 18 ans, qui assure au contraire s’être « battue pour le mettre » contre sa mère.

 

Source: Agence France-Presse

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