Ni treillis, ni grand uniforme, l’ancien général putschiste du Gabon a signé pour sept ans en endossant le costume de président de la République gabonaise samedi à Libreville, 19 mois après avoir renversé la dynastie Bongo au Gabon.
Plébiscité le 12 avril avec 94,85% des voix, Brice Clotaire Oligui Nguema, ancien chef des services spéciaux gabonais, a mis fin au règne de 55 ans des Bongo par un coup d’Etat le 30 août 2023.
Celui qui a été l’aide de camp du patriarche Omar Bongo (1967-2009) jusqu’à sa mort en 2009, avant d’être nommé chef de la redoutable Garde républicaine par son fils Ali Bongo, avait promis de rendre le pouvoir aux civils après deux ans de transition politique.
Oligui Nguema élu président du Gabon avec plus de 90% des voix
C’est en costume civil qu’il a prêté serment samedi.
« Celui qui se tient aujourd’hui devant vous ne célèbre ni sa victoire, ni celle d’un parti, ni d’une ethnie. Il veut rendre hommage à la renaissance d’une nation. En ce jour solennel où nous célébrons le renouveau démocratique », a-t-il déclaré samedi dans son discours d’investiture.
Depuis son accession au pouvoir, celui qui aime se présenter comme « l’homme du 30 août 2023 » et du « coup de la libération » limitait son expression publique à des discours officiels en grand uniforme. Ses décrets étaient lus d’une voix martiale par des militaires.
Lors de la campagne, le candidat a donné une image différente de lui-même, dansant le hip-hop sur scène ou posant avec des ouvriers sur des chantiers.
-« Homme d’action »-
Après sa déclaration de candidature, le jour de ses 50 ans en mars, cet homme à la carrure athlétique avait multiplié les envolées lyriques: « Je veux être immortel, comme les bâtisseurs », a-t-il dit lors de son premier grand meeting à Libreville.
M. Oligui, qui se revendique « homme d’action », avait promis au pays « l’essor de la félicité » en cas d’élection.
Selon lui, « le régime de transition a plus fait en 19 mois que le pouvoir précédent en 20 ou 40 ans », même s’il a reconnu sur la télévision publique Gabon 24 qu’il fallait encore renforcer les contrôles sur les dépenses publiques et « sévir fermement » contre la corruption.
Brice Clotaire Oligui Nguema, le général putschiste élu président du Gabon pour 7 ans
Si la transition a été « une réussite, c’est peut-être aussi parce que j’ai donné l’exemple: le chef, c’est avant tout celui qui donne le ton », a-t-il lancé peu avant son élection.
En faisant campagne, M. Oligui a mis l’accent sur la jeunesse, « l’avenir de demain », comme il l’a dit lors de son dernier rassemblement à Libreville.
Une fois la victoire acquise, au soir du 12 avril, son principal rival Alain-Claude Bilie By Nze, a reconnu sa défaite même si cet ancien Premier ministre d’Ali Bongo, l’a accusé d’incarner la continuité du système et de vouloir confisquer le pouvoir.
– Jeunesse en détresse –
Le nouveau chef de l’État fait face à des attentes économiques et sociales très fortes dans ce pays riche en pétrole mais économiquement exsangue, avec un taux de chômage des jeunes qui tourne autour de 40%, et dépasse 60% en milieu rural, selon les données officielles.
N’élevant jamais la voix, ce parachutiste à la carrure athlétique et au crâne chauve, est qualifié de chef charismatique.
Formé à l’Académie royale militaire de Meknès, au Maroc, il a suivi Omar Bongo comme son ombre jusqu’à son dernier souffle dans un hôpital de Barcelone, raconte une proche à l’AFP.
Ecarté en 2009 après l’élection d’Ali Bongo, il devient attaché militaire des ambassades du Gabon au Maroc et au Sénégal pendant dix ans.
Fang par son père, l’ethnie majoritaire au Gabon, il a principalement grandi avec sa mère dans la province du Haut-Ogooué, le fief du clan Bongo, dans un milieu très proche d’Omar au point que certains le qualifient aujourd’hui de « cousin » d’Ali, sans pouvoir l’étayer.
Source : Agence France-Presse