La Cameroon Telecommunications (Camtel) accuse implicitement certains opérateurs d’être la cause des perturbations observées ces derniers mois dans la fourniture des services internet au Cameroun.
Les récriminations sont contenues dans un communiqué de presse signé par le responsable en charge de la communication. En parcourant les lignes, il est écrit que : « certains opérateurs, du fait du nombre élevé de leurs abonnés et de l’insuffisance des actions entreprises pour la fluidité de leur trafic, se heurtent à des congestions qui dégradent la qualité de service de leurs réseaux. Un manque de discernement quand ils se plaisent à indexer la qualité du backbone de Camtel », peut-on lire.
Le son contraire
Camtel répond aux responsables de MTN qui ont fait plutôt une analyse froide de la situation : « l’instabilité observée dans les services internet fournis par MTN est en partie due aux multiples coupures enregistrées dans la fourniture de la fibre optique », a expliqué le Directeur général Mitwa Ng’ambi qui relève la grosse entorse :
« l’État a fait de Camtel le seul concessionnaire national de la fibre optique, et qui la revend aux autres opérateurs. Un autre défi important est notre dépendance à l’égard d’un tiers pour la fibre optique afin d’assurer l’inter connectivité entre les villes. Nous constatons aujourd’hui une augmentation des coupures de fibre dues à divers facteurs. Il est nécessaire de collaborer activement avec nos partenaires en charge de la gestion de cette infrastructure essentielle afin d’assurer sa stabilité », a-t-il déclaré.
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Une façon de dire comme Yves Akonda, ingénieur des réseaux de communication établie en Europe que « Camtel ne peut faire seule ». Pour cet ingénieur, « Camtel n’a pas la ressource humaine qualifiée pour l’entretien de la fibre optique», a-t-il déclaré.
Une idée approuvée par un ancien technicien ayant travaillé avec une compagnie de téléphonie mobile au Cameroun pour qui : « les responsables de MTN sont très polis et ne veulent pas admettre que Camtel fait tout le temps appels aux ingénieurs des compagnies de téléphonie mobile privées installées au Cameroun pour intervenir en cas de rupture de la fibre optique en eau profonde. C’est toujours une entreprise privée donc je ne voudrais pas citer le nom de peur que cela crée un autre problème. La ministre des postes et télécommunications le sait très bien. Dans le même temps, il faut envisager l’élargissement de la fourniture actuelle. La demande est forte par rapport à l’offre », soutient encore Yves Akonda.
En suivant la courbe des coupures de la fibre optique fournies par MTN, il ressort clairement ceci : « Au mois d’août 2024, l’entreprise a enregistré le plus haut niveau d’instabilité de la fibre, ce qui a eu un impact direct sur notre capacité à fournir un service de qualité à nos clients. », a dit Mitwa Ng’ambi.
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L’Agence de régulation des télécommunications (ART) dit avoir été instruit par le gouvernement pour faire un audit sur la fibre optique nationale détenue par Camtel. Et dans les couloirs de l’ART, la mission d’évaluation nous a révélé que « l’infrastructure nationale est dans un état de dégradation continue, et les conditions actuelles de maintenance sont à revoir », une analyse mal partagée par le top management de Camtel qui évoquent plutôt « la multiplication des actes de vandalisme dans son réseau et des incidents liés à l’exécution des travaux d’intérêt général », nous dit-on.
Dans ce jeu de rejet des responsabilités, c’est « toujours le consommateur qui paie le prix fort. Le débit d’internet reste déplorable. Ne parlons pas des communications téléphoniques », a déploré Ernest Ebongo, habitant de Souza, dans l’arrondissement de Fiko, département du Moungo.
