Au lendemain de bombardements américains sans précédent sur trois sites nucléaires iraniens, Téhéran a tiré lundi soir des missiles sur la plus grande base militaire américaine de la région, au Qatar.
Mais le président américain Donald Trump a révélé que la République islamique avait prévenu au préalable Washington et il a même plaidé pour « la paix » dorénavant entre l’Iran et Israël.
Israël a toutefois frappé fortement, visant la prison d’Evine à Téhéran et le site nucléaire de Fordo, au 11e jour de guerre entre les deux ennemis jurés.
– L’Iran vise une base militaire américaine au Qatar, après avoir prévenu les Etats-Unis
« En réponse à l’action agressive et insolente des Etats-Unis », les forces armées iraniennes ont frappé « la base aérienne américaine d’Al-Udeid, au Qatar », a annoncé le Conseil de sécurité nationale de la République islamique.
Il a bien précisé que le nombre de missiles tirés « était le même que le nombre de bombes » utilisées par l’armée de l’air américaine contre des installations nucléaires iraniennes ce week-end, laissant entendre qu’il s’agissait d’une riposte proportionnée.
Les Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de l’Iran, ont affirmé que six missiles avaient « touché » la base américaine.
Non seulement le Qatar a révélé que la base avait été évacuée au préalable et que les missiles avaient été interceptés, mais le président Trump a tenu aussi « à remercier l’Iran de nous avoir prévenus à temps, ce qui a permis de ne pas perdre de vies et de ne blesser personne ».
L’imprévisible milliardaire républicain a qualifié la riposte iranienne de « très faible », que les Etats-Unis ont « contrée de manière très efficace ».
L’Iran est « prêt à répondre de nouveau » en cas de nouvelle attaque américaine, a dit de son côté son chef de la diplomatie.
– Frappes « sans précédent » –
Auparavant lundi, le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, avait martelé que son armée « frapp(ait) Téhéran avec une force sans précédent ».
Elle a pris pour cible la prison d’Evine, où sont détenus des prisonniers politiques, des opposants et le couple de Français Cécile Kohler et Jacques Paris emprisonnés depuis trois ans.
Ces derniers « n’auraient pas été touchés », selon le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot qui a dénoncé une frappe « inacceptable ».
La justice iranienne a confirmé des dégâts sur l’établissement pénitentiaire.
Israël a aussi dit avoir visé « le quartier général de la sécurité intérieure des Gardiens de la révolution et le quartier général du Bassidj », une milice de volontaires islamistes.
Et il a bombardé une nouvelle fois le site nucléaire de Fordo, enfoui sous une montagne au sud de Téhéran, pour en « bloquer les voies d’accès ».
L’armée israélienne a appelé les habitants de Téhéran à s' »éloigner » des infrastructures militaires et sécuritaires, dans un message en persan publié sur X, en indiquant qu’elle « poursuivra ses attaques » contre ce type de cibles.
« La fin du régime est proche », a déclaré à l’AFP le fils de l’ancien chah d’Iran et figure de l’opposition en exil, Reza Pahlavi, évoquant un moment semblable à « la chute du mur de Berlin ».
– Inquiétudes sur Ormuz –
Pékin, qui importe du pétrole iranien, a mis en garde contre un impact de la guerre sur l’économie mondiale et le commerce international dans le Golfe.
Le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio a « encouragé » la Chine à dissuader l’Iran de fermer le détroit d’Ormuz, voie maritime par laquelle transite un cinquième de la production mondiale de pétrole.
Une telle fermeture « serait extrêmement dangereuse », a jugé la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas.
Quelque 84% du pétrole transitant par cette route, au large de l’Iran, est destiné à la Chine, l’Inde, la Corée du Sud et le Japon.
– « Avancer vers la paix » –
Le président russe Vladimir Poutine a condamné l’intervention américaine contre l’Iran, allié de Moscou, la qualifiant d' »agression non provoquée », après avoir reçu le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi.
Donald Trump, qui s’interrogeait encore dimanche soir sur un « changement de régime » en Iran, a semblé lundi soir vouloir mettre fin à la guerre: « Peut-être que l’Iran peut maintenant avancer vers la paix et l’harmonie dans la région, et je vais vivement encourager Israël à faire de même », a écrit l’impétueux président de la première puissance mondiale.
– L’AIEA veut voir les sites nucléaires iraniens –
Le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) Rafael Grossi a réclamé un accès aux installations nucléaires, pour pouvoir établir ce qu’il est advenu du stock d’uranium enrichi à un niveau proche du seuil de conception d’une bombe atomique.
Il a révélé que Téhéran lui avait annoncé le 13 juin, jour de l’attaque israélienne, avoir mis en place « des mesures spéciales pour protéger les équipements et la matière nucléaire ».
Source : Agence France-Presse