Le Hezbollah libanais a affiné ses tactiques de combat en dix mois d’affrontements transfrontaliers avec Israël, et dévoilé vendredi une partie de ses capacités militaires dans une vidéo montrant ses tunnels abritant d’imposants lanceurs de missiles.
Depuis la guerre de 2006 contre Israël, le puissant mouvement pro-iranien a considérablement renforcé ses capacités militaires.
Le 8 octobre, un jour après le début de la guerre dans la bande de Gaza, il a ouvert un front dans le sud du Liban contre Israël, en soutien au Hamas dans le territoire palestinien.
Vendredi, il a diffusé une vidéo montrant ses membres se déplaçant dans de larges tunnels éclairés, creusés dans la roche, où des camions semblent transporter d’imposants missiles. L’AFP n’a pas pu vérifier l’authenticité de ces images.
Leur diffusion intervient alors que des négociations pour un cessez-le-feu à Gaza se tiennent à Doha, et que les efforts diplomatiques s’intensifient au Liban pour éviter une escalade.
– Missiles ballistiques –
« Il s’agit de la vidéo la plus explicite jamais diffusée par le Hezbollah montrant la taille de ses tunnels (…), assez grands pour accueillir des camions et des lanceurs de missiles », décrypte pour l’AFP l’expert militaire Riad Kahwaji.
On y voit « pour la première fois ce qui semble être (…) des missiles balistiques », ajoute M. Kahwaji, qui estime que le Hezbollah a probablement diffusé cette vidéo pour « dissuader » Israël de lancer une offensive majeure contre lui.
Les craintes d’une guerre régionale sont vives après que le Hezbollah et Téhéran ont promis de venger l’assassinat du militaire du groupe Fouad Chokr, tué fin juillet dans une frappe israélienne près de Beyrouth et celui du chef du Hamas quelques heures plus tard à Téhéran, qui l’a imputé à Israël.
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L’ambassade iranienne à Beyrouth a commenté sur X la vidéo du Hezbollah, affirmant que ce type d’installations de missiles sous terre étaient aussi « omniprésentes en Iran ».
« Nous pouvons, si nécessaire, attaquer l’ennemi depuis n’importe quel point » en Iran, ajoute l’ambassade.
Début août Israël a dit être à un « niveau très élevé » de préparation pour n’importe quel scénario, « tant défensif qu’offensif ».
– Saturer les défenses –
Au cours des 10 derniers mois, le Hezbollah « a testé ses tactiques et cherché des failles et des vulnérabilités dans les systèmes de défense israéliens », affirme M. Kahwaji.
« Les drones aident le Hezbollah à détecter les angles morts des radars israéliens, le groupe exploitant le vol à basse altitude des drones et le terrain montagneux pour échapper aux capteurs d’alerte précoce », explique M. Kahwaji.
« Des attaques répétées lui permettent (…) de cartographier les points d’entrée potentiels », poursuit-il.
Selon l’expert, le Hezbollah a utilisé des drones de reconnaissance pour « localiser les batteries » du système israélien de défense antimissile Dôme de fer, en vue de les saturer ou de les détruire.
L’usage accru de ces drones, peu coûteux et en partie produits localement, met en difficulté les systèmes de défense israéliens, moins préparés à ce genre de menace, d’après des experts.
« Les drones sont difficiles à repérer du fait de leur petite taille et de leur emprunte radar très faible », abonde l’analyste militaire Khalil Helou, un général libanais à la retraite.
Pour tenter de saturer le Dôme de fer, le Hezbollah s’est mis à tirer à la fois des roquettes katioucha, des drones et des missiles guidés, ajoute-t-il.
Quant aux missiles anti-blindés du Hezbollah, ils peuvent causer des dommages et limiter le mouvement des troupes israéliennes, dit M. Helou, ajoutant que le Dôme de fer vise surtout à intercepter « les tirs indirects tels que les roquettes ou les missiles ».
– Limites –
Pour Aram Nerguizian, du Center for strategic and international studies (CSIS), si « ces actions de sondage révèlent des lacunes dans les défenses israéliennes (…), elles sont une arme à double tranchant. »
Et pour cause, « elles exposent également les capacités du Hezbollah et alimentent la base de données du système de défense antimissile et de contre-attaque israélien ».
Cependant, « aucune de ces tactiques ne facilite une réponse du Hezbollah à l’assassinat de Chokr », estime M. Nerguizian. « Il est très difficile de répondre de manière proportionnée (…) sans déclencher une guerre régionale », prévient-il.
Le Hezbollah affirme qu’il ne mettra fin aux hostilités qu’en cas de cessez-le-feu à Gaza.
Pour Riad Kahwaji, le mouvement islamiste « ne veut pas d’escalade pour éviter de provoquer une guerre totale (…) et semble être dans une impasse ».
Source: Agence France-Presse Aucune étiquette pour cette publication.
