Dans une lettre adressée à ses confrères journalistes le 06 juin 2025, Éric Chinje les exhorte à jouer pleinement leur rôle dans ce qu’il appelle « une année électorale décisive ». Pour lui, il est temps d’arrêter de subir.
À 70 ans, Éric Chinje n’a rien perdu de son franc-parler. L’ancien rédacteur en chef de la télévision nationale (CTV) et ancien cadre de la Banque mondiale revient à la charge. Le journaliste tire la sonnette d’alarme. Selon lui, le Cameroun s’enlise et la crise est partout. Dans les hôpitaux vides, les écoles abandonnées, les routes impraticables et les discours vidés de sens. Pendant ce temps, la résignation gagne du terrain. « Le Cameroun, c’est le Cameroun », entend-on partout. Comme si rien ne pouvait plus changer.
Mais Éric Chinje refuse ce fatalisme. Il appelle les journalistes à se réveiller, à sortir de leur torpeur. « Nous ne sommes pas là pour commenter la chute, mais pour aider à se relever (..). Nous pouvons contribuer à tracer la voie vers un avenir prospère, mais nous devons tous être convaincus de la capacité de ce pays à se relever et à trouver sa place de leader en Afrique. », écrit-il. Pour lui, les médias doivent redevenir des contre-pouvoirs, pas des caisses de résonance. Leur mission ? Réorienter le débat, poser les vraies questions et redonner espoir à une population fatiguée.
« Entreprise Cameroun recherche un PDG »
En clair, il faut arrêter de courir derrière les potins et les scandales. Place aux idées, aux projets, aux solutions concrètes. « Il ne s’agit pas d’un appel au sensationnalisme, ni à la partisanerie. Il s’agit d’un appel à un engagement renouvelé en faveur d’un journalisme qui informe plutôt qu’il n’enflamme, qui cherche des solutions plutôt que de simplement exposer les problèmes ». Éric Chinje suggère même d’ouvrir un débat national sur le profil du futur président. Une idée simple mais audacieuse : « Enterprise Cameroon recherche un PDG. Les médias devraient initier et soutenir le processus de consensus sur le profil du dirigeant que nous allons recruter et sur la description de poste. », résume-t-il, non sans ironie.
Dans sa lettre, il multiplie les constats amers : étudiants désabusés, agriculteurs isolés, médecins en fuite, tribalisme galopant. Mais au milieu de ce tableau sombre, il affirme : « Nous avons encore le pouvoir de changer les choses. » À condition de le vouloir.
Sa conclusion est sans appel : « L’histoire jugera notre silence ou notre engagement. » En somme, chacun doit faire sa part, comme dans la légende du colibri. Un appel à l’action, à la lucidité, mais surtout, à la conscience professionnelle.