Dr André Force est biologiste Français, il a été appelé pour contribuer à la mise en pratique la procréation médicalement assistée à l’Hôpital gynéco-obstétrique et pédiatrique de Douala. Il est à la fois praticien et formateur des biologistes qui vont prendre la relève. Avec lui, on a voulu comprendre davantage le rôle du biologiste dans ce pan de la médecine.
Que vient faire un biologiste dans une affaire de procréation médicalement assistée ? C’est quoi votre rôle ici ?
Dans la chaîne de valeur, on rapproche les gamètes avec différentes techniques. Les techniques, deux grandes techniques, la fécondation in vitro classique où on se contente de mettre en présence spermatozoïdes et ovules du couple.
Ou la technique XI, quand on se trouve face à un couple pour lequel la fertilité est plutôt d’origine masculine et les spermatozoïdes du monsieur ne sont pas assez nombreux. À ce moment-là, il faut les aider et donc directement on dépose le spermatozoïde dans l’ovule. C’est la technique XI qui a été développée en 1992 par nos amis belges.
Quand on commence à travailler, il y a souvent 15 jours de préparation, de stimulation des patients. Et pour que ce travail se passe bien avec le biologiste, il faut bien travailler en amont avec les cliniciens
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Est-ce qu’on peut vous considérer aujourd’hui comme celui qui déclenche la grossesse dans la procréation médicalement médicalisée ?
C’est nous qui déclenchons bien sûr la formation de l’embryon. Pour cela, il faut des incubateurs de très bonne qualité pour assurer le développement d’un embryon qui se fait à 37 degrés dans des milieux de culture. Ces milieux de culture nécessitent souvent la présence d’une atmosphère, la présence de CO2 ou un taux d’oxygène très bas.
Et donc quand le déclenchement de l’embryon est fait, notre travail c’est d’optimiser les conditions de culture. Et il y a plusieurs embryons qui sont fabriqués. Il faut permettre la sélection des meilleurs embryons pour faire le transfert. On transfère un, voire deux embryons. Et si les autres embryons fabriqués pour un couple donné sont de bonne qualité, on va pouvoir les congeler.
Est-ce que vous détectez les anomalies génétiques dans votre travail ?
Non, les problèmes génétiques généralement qu’on peut déceler sur des embryons, ce sont des problèmes qui sont présents chez les parents. Donc l’approche génétique qui est faite, et surtout pour un centre débutant, c’est de la faire en amont. Si on a décelé un problème génétique chez le papa ou chez la maman, de faire tous les bilans initiaux. Parce qu’on risque de retrouver les mêmes problèmes au niveau de l’embryon.
Combien de temps peut durer un sperme qu’on a collecté ou alors un ovocyte qu’on a gardé ? Ça peut aller jusqu’à combien d’années de conservation ?
Il n’y a pas forcément de limitation théorique ou physique pour cela. Mais souvent, ce sont les lois des pays qui limitent ce temps de conservation. On a fait des études en France, on a vu qu’on a pu obtenir des enfants par un donneur qui avait congelé son sperme 20 ans auparavant.
Donc il n’y a pas de limitation dans la conservation. L’ovocyte, c’est encore plus compliqué parce que l’ovocyte, c’est une cellule très fragile. Il ne se congèle pas toujours très bien et on a des taux d’altération assez importants.
Jusqu’à quel âge peut-on donner son sperme ou son ovocyte?
Là aussi, ça dépend des pays. Il y a une limitation en France. De mémoire, je crois que c’est 48 ans. Il y a certains spermes de très bonne qualité mais qui se congèlent mal. Pour les ovocytes, plus on les donne jeunes, mieux il y a la chance qu’elles vont pouvoir apporter à une receveuse future.
Jeune, c’est à quel âge ? Au minimum ou au maximum ?
Tout dépend. On peut à avoir à 38 ans une bonne réserve ovarienne. Ça sera très bien pour congeler. Mais il y a des jeunes femmes qui ont 28 ans et qui ont une réserve très basse et elles ne sont pas de bonnes clientes pour le don d’ovocytes.