Entré à Downing Street avec la mission de ramener la stabilité économique au Royaume-Uni, Rishi Sunak risque d’en partir sans gloire, semblant incapable de se défaire de son image de technocrate déconnecté des réalités dans une campagne qui tourne au chemin de croix.
A moins de trois semaines des élections législatives du 4 juillet, rien ne semble pouvoir sauver le chef du gouvernement, plombé par l’usure des conservateurs au pouvoir depuis 14 ans mais aussi par sa faible popularité.
Les deux tiers des Britanniques jugent qu’il est un mauvais Premier ministre, une proportion qui a plus que doublé depuis son arrivée au pouvoir fin octobre 2022, selon l’institut de sondage YouGov.
A l’époque, la désignation comme chef des conservateurs de cet ancien banquier d’affaires, premier représentant d’une minorité ethnique à diriger le pays, avait tout d’une revanche. Lors de la campagne interne de l’été 2019 pour succéder à Boris Johnson, les militants lui avaient préféré la plus droitière Liz Truss.
Mais celle ci avait rapidement dû démissionner, après avoir fait tanguer les marchés et la livre sterling avec ses annonces de dépenses et de baisses d’impôts massives.
Depuis, la sérénité est revenue à la City, l’économie affiche une légère croissance et l’inflation est largement retombée. Rishi Sunak peine pourtant à s’en faire attribuer le crédit, même au sein de son parti, plus divisé que jamais et sur lequel il n’a jamais vraiment imprimé sa marque ou imposé son autorité.
Même son opiniâtreté à tenter de faire aboutir le projet conservateur d’expulser des migrants au Rwanda – que les travaillistes ont promis d’abandonner s’ils arrivent au pouvoir – n’a pas suffi à satisfaire l’aile droite des Tories.
– Bourdes –
Et depuis qu’il a convoqué les élections, sa campagne tourne au calvaire: mauvais sondages malgré des promesses de baisses d’impôts, entrée dans la course du candidat anti-immigration Nigel Farage, qui pourrait doubler les conservateurs, et bourdes à répétition.
Très critiqué, son séjour écourté en France pour les commémorations du 80e anniversaire du Débarquement, l’a contraint à reconnaître une « erreur » et présenter ses excuses.
Certains, même dans ses rangs, y ont vu un manque criant de sens politique.
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Les 19 mois au pouvoir de ce fils d’un médecin généraliste et d’une pharmacienne, devenu millionnaire et époux d’une riche héritière indienne, ont été émaillés de maladresses dans les rapports humains.
Comme lorsqu’en visite dans une soupe populaire, il demande à un sans-abri s’il travaille « dans les affaires » ou quels sont ses « projets pour le week-end ».
La fortune de son épouse, qui a longtemps bénéficié d’un statut fiscal avantageux, leur maison en Californie, ou une vidéo de jeunesse où il affirmait n’avoir pas d’amis « de la classe ouvrière », avaient déjà suscité le malaise avant son arrivée au pouvoir.
– Ascension fulgurante –
Est-ce dû à sa relative inexpérience en politique? Rishi Sunak n’y fait son entrée qu’en 2015, à 44 ans, quittant le monde de la finance pour être élu député dans le Yorkshire (nord).
Né le 12 mai 1980 à Southampton, sur la côte sud de l’Angleterre, il est l’aîné de trois enfants. Nés en Inde ou d’origine indienne, ses grands-parents ont immigré d’Afrique orientale dans les années 1960.
Ce fan de cricket et de la saga Star Wars a fréquenté le très élitiste Winchester College, un pensionnat pour garçons, avant d’étudier politique, philosophie et économie à Oxford, puis à Stanford aux Etats-Unis.
Il a ensuite fondé sa propre société d’investissement.
Après son élection en 2015, l’ascension de ce partisan du Brexit est fulgurante. Début 2020, il est propulsé au prestigieux poste de ministre des Finances, distribuant des milliards de livres d’aides publiques pendant la pandémie de Covid-19. Avant de contribuer au départ de Boris Johnson en 2022, en démissionnant du gouvernement après un énième scandale impliquant l’ancien Premier ministre.
Sa chute sera-t-elle aussi rapide? Aucun Premier ministre sortant n’a jamais perdu son siège lors d’une élection législative au Royaume-Uni. Et Rishi Sunak est candidat dans une circonscription réputée sûre pour son camp.
Son avenir chez les conservateurs sera aussi jugé à l’aune du nombre de parlementaires que le parti conservera. Rishi Sunak a promis de se battre « jusqu’au dernier jour » malgré la débâcle annoncée.
Source: Agence France-Presse Aucune étiquette pour cette publication.
