L’ingénieur agro-alimentaire et diététicien nutritionniste nous éclaire sur un phénomène de plus en plus récurent dans notre pays, l’intoxication alimentaire. Hilaire de Goethe Mbiatat explique les causes, les symptômes et le traitement, pour une meilleure prévention.
Qu’est-ce qu’une intoxication alimentaire et quelles en sont les causes et les symptômes ?
Une intoxication alimentaire est un ensemble de signes et de symptômes (souvent similaire à la gastroentérite) qu’une personne ou plusieurs personnes présentent suite à l’ingestion d’aliments ou boissons contenant des bactéries, virus, parasites, toxines bactériennes ou des produits chimiques toxiques.
Les intoxications alimentaires peuvent découler d’une contamination de l’aliment avant, pendant ou après sa préparation. Effectivement, une personne peut avoir été malade lorsque les mesures d’hygiène ne sont pas respectées (ex. personne malade qui manipule les aliments). Lorsque les aliments sont mal lavés, pas cuits, mal conservés, entreposés ou qu’il y a contamination croisée (ex. utiliser le même ustensile pour manipuler la viande crue, une fois que la viande est cuite).
Il se peut que certains aliments soient plus susceptibles d’être contaminés : Aliments crus ou pas assez cuits (volaille, viande et œufs). Fruits et légumes crus (pas lavés ou lavés avec de l’eau contaminée). Aliments laissés longtemps sans réfrigération. Poissons et crevettes. Eau non traitée etc.
Les principaux symptômes d’une intoxication alimentaire arrivent quelques heures ou quelques jours après avoir mangé ou bu l’aliment contaminé. Nausées, vomissements, crampes, diarrhée, fièvre et maux de tête. La majorité des infections alimentaires ne durent que quelques jours. Par contre, elle peut aussi entraîner des complications (ex : déshydratation) et rendre le côlon irritable pendant quelques jours.
Quels sont les traitements courants en cas d’intoxication alimentaire légère ou grave ?
Les signes et symptômes d’une intoxication alimentaire s’apparentent souvent à celles d’une gastroentérite. Ainsi, il est important que vous restiez à la maison pour vous soigner et pour éviter de transmettre la maladie à d’autres personnes, et ce, jusqu’à la disparition des symptômes. De plus, se réhydrater et bien s’alimenter sont les deux principales façons de traiter la gastro-entérite et d’éviter des complications. S’hydrater et se réhydrater. Manger pendant une intoxication alimentaire.
Comment peut-on prévenir les intoxications alimentaires à la maison ?
Voici quelques règles de base qui vous permettront de mettre toutes les chances de votre côté pour éviter de vous contaminer. Lavez-vous les mains régulièrement lorsque vous manipulez la nourriture; avant et après vous être rendu aux toilettes et avant de passer à table. Nettoyez soigneusement les fruits et les légumes avant de les préparer ou de les manger. Évitez de manger certains aliments crus (œufs, volaille et viande). Utilisez des planches à découper et ustensiles distinctes entre les aliments et la viande lorsque vous faites la cuisine.
Conservez et touchez la viande crue séparément des autres aliments. (Avec un lavage des mains entre les deux manipulations). Faites cuire suffisamment les viandes. Mettez bien au frais tous les produits susceptibles de devenir « dangereux » rapidement, tels que la mayonnaise, la viande crue ou le lait par exemple. Nettoyez, désinfectez et séchez soigneusement les planches à découper et ustensiles après chaque utilisation. Lavez le comptoir de la cuisine avec de l’eau savonneuse après y avoir préparé les repas. Conservez à la bonne température vos aliments en tout temps. (Réfrigérateur 4 °C ou moins, congélateur -18 °C ou moins). Décongelez et marinez vos aliments au frigo jusqu’au moment de les cuire.
Quelle est la différence entre une intoxication alimentaire et un empoisonnement ?
Une intoxication alimentaire est accidentelle alors qu’un empoisonnement est volontaire et/ou criminelle.
Quels sont les groupes de personnes les plus vulnérables face à une intoxication alimentaire ?
Les personnes les plus exposées sont les enfants de 5 ans et moins, les femmes enceintes, les personnes âgées de 60 ans et plus. Aussi, les personnes dont le système immunitaire est plus faible : cancer, sida ou personne vivant avec le Vih.
Quelles sont les principales causes des intoxications alimentaires récurrentes au Cameroun ces derniers mois ?
Ces derniers temps c’est les fêtes ; il y a toujours beaucoup d’intoxications alimentaires pendant les fêtes ; Ce sont les consommateurs de poisson braisé, poulet et soya mal conservés ; il y a aussi les intoxications présumées criminelles ; mais les résultats des enquêtes judiciaires sont rares pour confirmation.
Existe-t-il un lien entre les intoxications et la qualité des contrôles sanitaires dans les marchés ou restaurants ?
Oui ; l’hygiène de l’environnement est très important pour la prévention des intoxications alimentaires accidentelle. Vendre les aliments par terre et en ambulatoire non protèges est risqué pour la santé humaine.
Les cas d’intoxication sont-ils liés à des produits importés ou locaux ?
Pour les produits importés, il faut bien contrôler ces produits à l’entrée du pays. De plus, les consommateurs doivent avoir l’habitude de lire l’étiquette, vérifier les dates de péremption de ces produits. Les produits locaux, les plats des repas en collectivités font problèmes pour ceux qui ne respectent pas la chaine de froids ou les conditions de conservation des aliments. En effet, les repas froids doivent être faits en chambre réfrigérée jusqu’à la consommation et les plats chauds conservés à 65°C Jusqu’à la consommation.
Quelles mesures pourraient être mises en œuvre pour limiter les décès liés aux intoxications alimentaires ?
En général, les intoxications alimentaires font plus de peur que de mal. Les gens se soignent facilement à la maison. Les décès sont rares sauf les ingestions des produits chimiques dangereux : l’eau de javel, les pesticides et autres produits chimiques dangereux. Pour ces produits, il faut bien les garder.
En conclusion, on doit avoir une attention assez particulière sur les risques pouvant exister sur toute la chaine alimentaire au niveau des champs, transports, stockages, entreposages, transformations et dans les ménages.. Ceci passe par les bonnes pratiques à tous les niveaux. En toxicologie alimentaire on dit que « ce qui tue ne sent pas et ce sens ne tue pas », d’où prévention et prudence.