Marafa Hamidou Yaya sort de son mutisme

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Dans les colonnes de Jeune Afrique, l’ancien secrétaire général de la présidence de la République du Cameroun Marafa Hamidou Yaya incarcéré depuis de nombreuses années à la Prison centrale de Yaoundé est sorti de léthargie verbale dans laquelle il s’était muré, par une interview exclusive dans laquelle il estime que la situation du Cameroun  est trop grave pour qu’il continue de garder le silence. 

Si dans les premières années de son incarcération Marafa Hamidou Yaya était assez prolixe par des sorties  épistolaires dans lesquelles il dénonçait avec véhémence les  manœuvres et les incongruités du régime de Paul Biya. L’ex secrétaire général à la présidence de la république s’était muré dans un silence dont les explications sont à trouver comme l’explique le journal Jeune Afrique, dans sa volonté de ne pas contrarier le pouvoir au vue des démarches qu’entreprennent sa famille et ses proches  pour son évacuation sanitaire en Europe. Car, la contraction de la maladie du glaucome à fait perdre à Marafa l’usage de son œil droit. Une maladie qui s’étend au fil des jours et dont la progression détériore progressivement son œil gauche . D’où la mise en branle de cette demande  d’évacuation qui malgré l’intervention de plusieurs personnalités et même de l’ex-président français François Hollande  n’a daigné trouver grâce aux yeux du régime.

Lasse d’attendre et de voir la société camerounaise aller de mal en pire, Marafa Hamidou Yaya s’est exprimé sans peur de resserrer l’étau sur ses conditions de détention. « La situation de mon pays, le Cameroun, est trop grave pour que je reste silencieux. Il est de mon devoir de m’exprimer, quitte à ce que mon régime d’incarcération, déjà extrêmement strict, soit durci après » déclare-t-il   tout en demandant pardon pour ses codétenus qui risquent de subir le même sort « Il est probable que ce durcissement affectera mes codétenus. J’espère qu’ils me le pardonneront » poursuit-il.

François Hollande & Paul Biya

 

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Dans cette interview  le prisonnier d’Etat revient non seulement sur son état de santé mais aussi sur ses conditions de détention et sur la dégradation du pays.  Concernant sa santé, Marafa Hamidou Yaya fait comprendre que l’absence d’autorisation d’évacuation semble être une façon implicite pour Paul Biya comme le pensent certaines personnalités d’attendre que « Marafa deviennent aveugle ». Si l’opération de son œil qui ne peut se faire qu’à l’étranger n’est pas fait le plus vite possible, « le seul remède sera inévitablement à terme de me retirer les globes oculaires » explique t – il. Avant de continuer « Je ne bénéficie ni d’assistance ni d’aménagements. Dans mes demandes d’évacuation sanitaire, j’ai sollicité un placement en résidence surveillée, ce qui me permettrait de recevoir une aide pour les gestes du quotidien. Comme je l’ai indiqué, tout cela est resté sans réponse ».

A la question de savoir si son maintien en détention est une forme de neutralisation vue son poids politique, il argue « Sur les six condamnés dans ce dossier, combien sont aujourd’hui encore en prison ? Un seul, moi. Le dernier à avoir été libéré l’a été il y a quatre ans. Ceci alors que, contrairement à d’autres, j’ai été condamné pour une prétendue « complicité intellectuelle », sans le moindre signe de détournement ou d’enrichissement personnel. Mon maintien en détention et la torture que je subis, en particulier à travers le refus de soins, car il s’agit bien de torture en termes juridiques, ne peuvent donc avoir qu’un caractère politique. »

Cabral Libii

 

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S’agissant de l’avenir du Cameroun l’ex secrétaire général à la présidence de la république se montre inquiet « Comme tous mes compatriotes, je suis très inquiet du déclassement progressif du pays. Depuis des années, le pouvoir compromet notre avenir commun de deux manières : en ne faisant pas les bons choix, et en faisant les pires choix à leur place. Les bons choix, ce serait d’investir dans les infrastructures de transport et d’énergie efficaces, de construire des écoles et des hôpitaux, de diversifier l’économie. Les mauvais choix, ce sont ces infrastructures obsolètes avant d’être achevées, c’est de construire à prix d’or de nouveaux stades de football, des hôtels qui restent vides, jusqu’à importer du gazon pour la Coupe d’Afrique ».

Un désarroi dans lequel il pense avoir encore des choses à apporter pour la reconstruction du pays « Je crois pouvoir encore aider mon pays. J’ai pour cela la volonté, les idées et l’expérience. Toutefois, ma santé et ma survie sont entièrement soumises à l’arbitraire du président de la République, Paul Biya. Mais pour ce qui est de mon engagement futur au service de mon pays, il reste aux mains de la Providence », argue-t-il dans le journal panafricain.

Pour rappel, Marafa Hamidou Yaya avait condamné en 2012 à vingt-cinq ans de prison ferme pour « complicité intellectuelle de détournement d’argent public ».

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