Alors que la prochaine élection présidentielle pointe à l’horizon, les jeunes de la Région de l’Adamaoua dénoncent leur faible représentativité au sein de l’appareil étatique.
A quelques mois seulement de la présidentielle, la jeunesse de l’Adamaoua est de plus en plus remontée contre le régime et ne cachent pas leur insatisfaction par rapport au partage inéquitable du gâteau national. Elle dénonce avec véhémence une représentativité de plus en plus faible qui, à la croire, traduirait le visage peu reluisant de la ville de Ngaoundéré. Des chiffres illustrent cette triste réalité.
On se souvient qu’il y a près de quatre ans, la région de l’Adamaoua se voyait déposséder de deux postes de préfets, à savoir Mamoudou dans le département du Faro-et-Déo et Aboubakar Iyawa dans la Kadey, sans être remplacés ; alors que 16 sous-préfets en fonction qui attendent légitimement des promotions, sont originaires de cette région, quatre du département du Mbéré, cinq de la Vina, quatre du Mayo Oulo, et trois du Faro.
Au jour d’aujourd’hui, triste est le constat, le département du Faro et Déo a un préfet et un gouverneur alors que les départements du Mbéré, Mayo=Banyo, Djerem et la Vina continuent d’attendre inlassablement que leur tour arrive. Désabusés et ne sachant plus à quel saint se vouer, les jeunes se disent marginalisés honnissent par le régime de Yaoundé.
Ousmanou Seihou, président départemental du Cnjc dans la vina a d’ailleurs évoqué cette marginalisation des jeunes de la région de l’Adamaoua lors de la préparation de la visite du premier ministre à Ngaoundéré le 26 juillet dernier. L’un des initiateurs de l’investissement humain du 20 juillet dernier en prélude à la venue à Ngaoundéré du premier ministre relève les problèmes auxquels fait face la ville de Ngaoundéré.
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« La jeunesse, qui reste lucide, attend beaucoup de l’Etat, et donc, du premier ministre qui arrive. Nous pouvons d’abord relever les problèmes qui sont les nôtres dans la ville de Ngaoundéré. Nous avons un réel. Nous avons un réel problème d’insécurité. Ces derniers temps, vous observez que des jeunes agressent et se font agresser. Il y a des meurtres et des enlèvements, ces informations sont vérifiables auprès des services de sécurité. Nous lançons un appel aux jeunes de ne pas s’investir dans ces méfaits. Le gouvernement doit nous accompagner dans ce combat en insérant nos jeunes, le chômage est vraiment profond. Les jeunes ont des diplômes, sont formés, mais la vie est de plus en plus chère. L’état lance certes des concours, encourage les jeunes dans l’entreprenariat, mais ces jeunes ne sont pas, jusqu’ici, véritablement pris en charge. Nous les retrouvons dans la rue. Nous demandons, dans cette optique, un programme spécial pour les jeunes de l’Adamaoua, afin de les accompagner dans l’agriculture, l’élevage, le commerce etc…..Les organisations existent sur les papiers, mais nous les voulons opérationnelles. Et les jeunes de la Vina se sentent spécialement délaissés, abandonnés à eux même. Aujourd’hui, si un jeune ne connait pas une élite, n’a pas de relation forte, il lui est difficile de s’en sortir. Ce, même dans l’entreprenariat dans lequel il veut s’engager, y compris un petit commerce. Surtout aujourd’hui, sur le plan politique, ces leaders d’opinion utilisent la jeunesse pour l’instrumentaliser, pour la stigmatiser. Nous ne voulons plus de ces pratiques, qui plus est à l’approche des échéances électorales ».
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La jeunesse, dit-il a un rôle capital à jouer. « Elle ne doit plus se retrouver dans la rue et nous demandons à l’état de l’insérer véritablement. Il faut d’abord valoriser ceux qui travaillent déjà en leur donnant des postes de responsabilité, ensuite, il faut ouvrir un canal de recrutement de ces jeunes dans les structures. Dans la ville de Ngaoundéré, il y a des structures parapubliques, mais très peu de jeunes de la Vina y travaillent. Voilà l’hôpital de référence que le premier ministre va inaugurer. Combien de jeunes de Ngaoundéré y travaillent. On les compte au bout des doigts. Pourtant nous avons des jeunes formés, des médecins, des infirmiers diplômés d’Etat qui ne sont pas valorisés. Ils ne sont pas pris en compte », déplore Ousmanou Seihou, président départemental du Cnjc dans la vina. Aucune étiquette pour cette publication.