« Le Cameroun vend les médicaments excessivement chers ». C’est une déclaration qui va créer une onde de choc dans l’univers de la santé au Cameroun.
Le très discret et efficace Dr. Pierre Sopngwi, leader et pionnier des médicaments génériques au Cameroun et en Afrique Centrale avec 40 ans d’expérience en tant que pharmacien sort de sa réserve et démontre comment le Cameroun devrait mettre en œuvre la *Couverture Santé Universelle (CSU).
Le diplômé de la faculté de pharmacie de Montpellier 1 depuis 1984 pense que la Couverture Santé Universelle telle que mise sur pieds au Cameroun en ce moment ne prend pas en compte le bien-être de tous les Camerounais et propose un modèle plus inclusif et moderne qui tiendra compte de nos spécificités locales. Un modèle qui améliorera les plateaux techniques dans les hôpitaux, qui rapprochera le Cameroun du prix mondial du médicament pour une meilleure prise en charge des malades.
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Du fait de cette cherté des médicaments dans les pharmacies, certains se rabattent sur les vendeurs de médicaments dans le secteur informel qui obtiennent leurs produits de trois sources principales : certains médicaments sont passés en contrebande au Cameroun depuis le Nigeria voisin et sont distribués dans tout le pays ; d’autres sont achetés – sans prescription – dans des pharmacies légalement autorisées, puis revendus moyennant un bénéfice ; enfin, des médicaments sont achetés au personnel de structures de santé qui tentent ainsi de gagner quelque revenu supplémentaire.
Ces services privés – tant formels qu’informels – sont la preuve vivante du dysfonctionnement du système de santé public. Ils existent là où, et parce que les services publics n’atteignaient pas leurs objectifs. Environ la moitié des prestations de soins ‟modernes” au Cameroun se déroulent en dehors des services publics (détenus par l’État). Le circuit informel a acquis une position cruciale dans les soins quotidiens, à côté des hôpitaux et centres de santé privés.
Quatre raisons au moins expliquent pourquoi les vendeurs de médicaments informels répondent mieux aux besoins de la population pauvre que les institutions formelles. D’abord, les médicaments des vendeurs sont plus abordables. Les clients peuvent acheter la quantité exacte, minimale ou maximale, dont ils ont besoin pour pratiquer une automédication à un moment donné. En comparaison, le pharmacien de la ville ne vend les médicaments que conditionnés, dans leur emballage original, ce qui peut être trop coûteux pour certains clients.
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Deuxièmement, les vendeurs de médicaments sont géographiquement plus accessibles que les pharmacies. On peut toujours trouver un vendeur dans un rayon de quelques kilomètres de son lieu d’habitation, tandis qu’une pharmacie ou un dispensaire distribuant des médicaments peut être situé à 50 kilomètres ou plus.
Troisièmement, la plupart des vendeurs sont disponibles de jour comme de nuit. Leurs magasins ferment uniquement quand tout le monde est couché ; et même après la ‟fermeture”, il est généralement possible d’acheter des médicaments si nécessaire. Cette flexibilité contraste nettement avec les horaires stricts auxquels se conforment les services formels.
La quatrième raison de la popularité des vendeurs de médicaments est l’existence d’une distance sociale entre fournisseur et client bien moindre que dans le secteur formel.
