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Le Bénin sauvé par ses alliés : coup d’État déjoué et soutien régional

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Le Bénin sauvé par ses alliés a frôlé le chaos. Dimanche, les autorités affirment avoir déjoué une tentative de coup d’État contre Patrice Talon. Le chef de l’État se veut rassurant, martelant que la situation est « totalement sous contrôle ». Mais derrière ces mots, l’inquiétude demeure.

Et la Cedeao, consciente de la fragilité du moment, annonce l’envoi d’un soutien militaire. Ce geste traduit la gravité de l’épisode : un président menacé, un pays sous tension et une région qui s’organise pour éviter l’embrasement.

Cette tentative de putsch survient à l’approche du départ de Patrice Talon. Après deux mandats, le président s’apprête à quitter le pouvoir. Le Bénin, petit État d’Afrique de l’Ouest, affiche une croissance solide. Mais, dans le même temps, il reste fragilisé par les violences jihadistes qui rongent son nord. Ainsi, la transition politique s’annonce sous haute tension.

L’Afrique de l’Ouest traverse une décennie agitée. Les coups d’État se multiplient : Mali, Burkina Faso, Niger — voisins immédiats du Bénin — mais aussi Guinée et, tout récemment, Guinée-Bissau fin novembre. La région s’enfonce dans une spirale d’instabilité politique.

Dimanche matin, des tirs ont éclaté près de la présidence. Peu après, des militaires ont envahi la télévision nationale. Ils ont proclamé la destitution du président Patrice Talon, dénonçant la dégradation sécuritaire et l’atteinte aux libertés fondamentales.

Quelques heures plus tard, le ministre de l’Intérieur, Alassane Seidou, est apparu à la télévision nationale. Il a affirmé que la tentative de coup d’État avait été déjouée.

– Cotonou se barricade –

Dimanche soir, Patrice Talon s’est exprimé brièvement devant la Nation. Il a assuré que la situation était totalement sous contrôle et promis le maintien de la sécurité et de l’ordre public sur l’ensemble du territoire.

« Cette forfaiture ne restera pas impunie », a lancé Patrice Talon. À son arrivée au palais présidentiel, il a félicité les militaires de la garde républicaine.

Dimanche soir, la France, ancienne puissance coloniale, a condamné la tentative de coup d’État. Elle a demandé à ses ressortissants de faire preuve de la plus grande prudence et de rester confinés, en raison d’un contexte jugé encore volatil.

À Cotonou, la journée s’est déroulée normalement. Mais le soir venu, la capitale économique s’est vidée plus tôt qu’à l’accoutumée, rapporte un journaliste de l’AFP.

Dans les heures qui ont suivi, la capitale a vu se dresser des barrages militaires. Autour de la présidence et du camp de Guézo, les soldats ont verrouillé les accès, matérialisant la ligne de défense du pouvoir.

Ces checkpoints, au-delà de leur fonction sécuritaire, incarnaient la démonstration de force d’un régime décidé à reprendre la main. Dans le paysage urbain, ils sont devenus le signe visible d’une nation sous tension, où chaque carrefour se transforme en frontière entre l’ordre et le chaos.

« Ce soir, on va rentrer plus tôt. On ignore qui est derrière ce coup d’État », confie à l’AFP Michelle Eudoxie, coiffeuse de 50 ans.

« Ce matin, j’ai entendu des tirs. J’ai quitté le quartier, j’avais peur », raconte Nabil Sacca, vendeur d’essence présent près du palais présidentiel.

– Déploiement de troupes ouest-africaines –

Selon des sources militaires citées par l’AFP, une douzaine de soldats ont été arrêtés. Certains seraient impliqués dans la tentative de putsch. Une source sécuritaire n’a pas précisé si le lieutenant-colonel Pascal Tigri, considéré comme le meneur, faisait partie des interpellés.

Une source proche du dossier affirme qu’il est désormais en fuite. Cette information, encore entourée de zones d’ombre, ajoute une nouvelle dimension à la crise : celle d’un meneur insaisissable, échappant aux mailles du pouvoir.

Son absence nourrit l’incertitude et entretient la tension, comme si l’ombre du putsch continuait de planer sur le pays. Dans le récit de cette journée, la fuite devient un symbole : celui d’une menace qui persiste, invisible mais toujours présente.

Dimanche, la crise a pris une dimension régionale. La présidence nigériane a confirmé avoir conduit des frappes à Cotonou, à la requête du Bénin. L’opération visait à déloger les putschistes retranchés dans la télévision nationale et regroupés dans un camp militaire.

– Un pays sauvé par ses voisins –

Ce recours à une puissance voisine illustre l’ampleur de la menace : le pouvoir béninois, fragilisé, a dû solliciter l’appui extérieur pour reprendre le contrôle de ses propres institutions.

Dans le récit de cette journée, ces frappes marquent un tournant symbolique : celui d’une souveraineté mise à l’épreuve, contrainte de s’appuyer sur la solidarité régionale pour survivre.

« Des forces nigérianes au sol sont actuellement présentes au Bénin », a précisé Abuja dans son communiqué.

La Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a réagi avec fermeté. Elle a ordonné le déploiement immédiat de forces venues du Nigeria, de la Sierra Leone, de la Côte d’Ivoire et du Ghana.

Cette mobilisation vise à épauler le gouvernement béninois et son armée républicaine, mais aussi à défendre l’ordre constitutionnel menacé. Au-delà de l’opération militaire, ce geste traduit la volonté de la Cedeao de se poser en rempart collectif contre les dérives putschistes qui secouent la région.

Dans le récit de cette crise, l’intervention régionale devient un symbole : celui d’une solidarité imposée par l’urgence et d’une bataille pour préserver l’équilibre démocratique en Afrique de l’Ouest.

– Le bras armé de la Cedeao –

La Force en attente de la Cedeao incarne le bras armé de l’organisation régionale, mandatée pour préserver la paix et la stabilité en Afrique de l’Ouest. Son rôle n’est pas théorique : en 2017, elle s’était déployée en Gambie pour contraindre le président sortant Yahya Jammeh à céder le pouvoir, après son refus de reconnaître sa défaite électorale.

Cet épisode reste gravé comme un précédent fort : celui d’une intervention collective destinée à défendre l’ordre démocratique. Dans le contexte actuel, l’évocation de cette force résonne comme un avertissement : la Cedeao est prête à agir de nouveau pour empêcher que le Bénin ne bascule dans l’instabilité.

En 2023, pourtant, la Cedeao avait reculé. Après le coup d’État au Niger, l’organisation régionale avait renoncé à déployer ses forces. Ce renoncement, perçu comme un aveu de faiblesse, a marqué les esprits.

Il a mis en lumière la difficulté croissante à endiguer la vague de coups d’État en Afrique de l’Ouest. Dans la mémoire collective, cette abstention demeure le symbole d’une communauté fragilisée et d’une région où l’ordre constitutionnel vacille sous la pression des militaires.

L’Union africaine (UA) a condamné « fermement et sans équivoque » cette tentative de coup d’État.

– Le Bénin face au spectre des putschs –

L’histoire politique du Bénin a été jalonnée de plusieurs coups d’État ou tentatives, mais le dernier remonte à 1972.

« Aujourd’hui, c’est comme si je revivais ce que nos parents ont vécu en ce temps-là », raconte Remy Agblo, un commerçant.

Patrice Talon, installé au pouvoir depuis 2016, s’approche de l’échéance constitutionnelle. En 2026, il parviendra au terme de son second mandat, la limite fixée par la loi fondamentale.

Cette échéance marque un tournant : celui d’un dirigeant qui, après une décennie de règne, devra céder la place. Dans l’histoire politique du Bénin, cette échéance traduit à la fois la solidité des institutions et l’incertitude de la succession, dans un pays où l’équilibre entre démocratie et autorité demeure fragile.

Romuald Wadagni, ministre des Finances et dauphin désigné de Patrice Talon, est considéré comme l’ultra-favori de la présidentielle d’avril 2026, après l’exclusion du principal parti d’opposition.

« La tension est palpable depuis des mois à cause des élections », souligne Anatole Zinsou, informaticien à Cotonou. Il déplore l’exclusion de certains acteurs du processus électoral.

Patrice Talon est reconnu pour avoir stimulé l’économie du Bénin. Mais ses opposants l’accusent d’avoir durci le régime, dans un pays autrefois cité pour la vitalité de sa démocratie.

 

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