Démocratie : Le Cameroun entre alternance forcée ou apaisée

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Une mise en perspective de la question d’alternance au Cameroun s’impose nécessairement à quelques années seulement de la fin du septennat du président Paul Biya qui n’a pas encore donné des signes ni de départ, ni de continuité.

 

La problématique de l’alternance intéresse aussi bien les acteurs politiques que les partenaires techniques et financiers. Au fil des élections tenues au pays, la question mobilise tous les acteurs que ce soit la société civile, la presse et les intellectuels.

La tenue d’élections toujours contestée ainsi que l’implication politique de la société civile et de la diaspora ont diversement concouru à l’avènement d’une alternance au Cameroun. Depuis le 20 mars 1965, le pays organise des élections présidentielles. Si certaines se sont passées sans crises majeures, d’autres ont par contre débouché sur des violences post-électorales. Cette double catégorisation des élections est fondamentalement liée au fait, la tenue d’élections démocratiques est moins ancrée dans les habitudes institutionnelles.

Commémorations du RDPC

 

A lire: Présidentielle 2025 au Cameroun: Le Rdpc cible les électeurs

 

 

Au Cameroun, le « Biya must go» a toujours suscité la mobilisation d’une partie de l’opposition avec l’implication de la société civile avant et après le scrutin de 2018 sans que cela n’empêche la réélection du président sortant Paul Biya avec une majorité bien confortable.

Même si les partis d’opposition récemment arrivés sur la scène politique ont bénéficié d’un grand soutien populaire, il y a comme des relents communautaires, ce qui rend difficile l’appropriation nationale de l’engagement militant et conséquemment l’action politique s’apparente à la « politique du ventre ». La pérennisation de la dynamique de mobilisation dépend alors de la capacité des partis d’opposition à être une véritable alternative. Cela suppose des concessions de part et d’autre.

Dans la volonté de participer à la construction de la démocratie, nous avons choisi de croiser les regards de deux universitaires pour comprendre le jeu des acteurs et les goulots d’étranglement face à l’épineuse problématique de l’Alternance politique au Cameroun.

Lisons donc Dr Aristide Mono et Dr Luc Nyimi Bekono.

A.J.

 

Dr Aristide Mono

La question d’alternance au Cameroun : forcée ou apaisée ?

 

« Le clientélisme est congénital au caractère patrimonial de l’État»

 

Titulaire d’un PhD en Science politique, Aristide Mono est Chercheur associé au Centre d’Études et de recherches pluridisciplinaires sur l’Esclavage et la Traite en Afrique (CERPETA). Enseignant à l’Institut Calasanz du Droit à l’Éducation (ICALDE).

 

Comment expliquer ces difficiles successions en Afrique subsaharienne du moins pour ce qui est de la persistance et la reconstruction du pouvoir personnel ?

 

La principale explication est la patrimonialisation de l’État. Elle est marquée d’une part par la privatisation ou disons la personnalisation du pays considéré par l’élite au pouvoir comme une propriété privée et de l’autre, par la prédation de l’État en termes de main mise sur les biens du pays à des fins personnelles ou claniques. Autrement dit, les ordres aux prétentions perpétuelles font de l’État une affaire privée et source énorme de rentes. Il s’agit de la dimension purement prédatrice des différentes représentations et appréhensions de la gestion de l’État. Les positions de pouvoir sont intégrées dans les perceptions et les pratiques comme des positions génératrices de fortunes. Ce qui donne lieu à la gouvernance anthropophagique. C’est la chasse à ces privilèges économiques illicites qui nourrit et assure la maintenance des ambitions perpétuelles. Ainsi s’ouvre la guerre de la conservation à tout prix et à tous les prix du pouvoir par des ordres dominants dont solidité tient généralement à l’érection des hommes forts que sont les présidents de la république, dignes plénipotentiaires de ces ordres. C’est dans ce sens que la corruption, le népotisme, le favoritisme, la brimade des opposants, la répression violente des mobilisations de rue, le trucage du système électoral et des élections sont mobilisés en tant que mécanique d’entretien de la perpétuation au pouvoir. Et cette patrimonialisation est d’essence coloniale et de substance néocoloniale. En d’autres termes, le système de privation et de prédation de l’État puise dans les réflexes de gestion des colonies et bénéficie de l’appui des anciennes puissances coloniales qui, face à la demande criarde des indépendances, a verni la colonisation d’une couche d’autodétermination. Cette dernière lecture nous donne l’occasion de lever le voile sur un autre déterminant important de la perpétuation au pouvoir en Afrique. Le pouvoir perpétuel répond ici à une commande des anciennes puissances coloniales qui, malgré les indépendances proclamées, ne sont pas toujours prêtes à se séparer de ce qui aura été officiellement leurs précarrés. À cet effet, à coup d’ingérence flagrante et d’infantilisation notoire des États à pouvoir perpétuels, ces puissances ne lâchent jamais ceux qu’ils appellent les « bons élèves ». Le pouvoir perpétuel est donc le pouvoir des « bons élèves » des puissances coloniales travesties, originelles (anciennes puissances impérialistes) et nouvelles (nouvelles puissances impérialistes). À côté, on peut noter la faiblesse des forces alternatives dans leur incapacité structurelle et systémique à monter de véritables projets de renversement des ordres éternitaires d’Afrique. Les petites marges de liberté d’expression politique que leurs offrent les pouvoirs en place sont mal exploitées. Du coup, que ce soit dans le jeu institutionnel ou extra intentionnel, ces forces sont permanemment laminées.  Il y a aussi le déficit de culture politique des populations de ces pays avec des incidences remarquables sur les choix politiques, d’où la grande tendance à l’abstention et la manipulation des masses. Ceci gèle davantage tout effort d’alternance.

 

Comment comprendre les logiques de personnalisation et leur résilience ?

 

Ces logiques de personnalisation voire de personnification marquent l’échec même de l’État et de sa démocratisation. L’échec de l’État dans le sens où son objectivation se sent trahit. En se référant au contrat ou au pacte social, genèse de l’État, on réalise qu’il y a une grave hypothèque des parts qui reviennent au peuple. Le peuple est spolié et abusé par des clans qui décident de s’arroger par des moyens actifs et passifs ce qui revient à tous. L’État devient une propriété de quelques individus. Or, exclure le peuple de la gestion de l’État c’est prononcer la fin du contrat social. L’échec de la démocratisation de l’État dans le sens où la vox populi vox dei au cœur de la gestion démocratique du pays est substituée par une logique monopolistique, un managérial impérial de l’État par un petit groupe à leurs fins propres. Ceci se traduit sur le terrain par la mobilisation de tous les moyens possibles de conservation de pouvoir y compris la brimade physique.   La résilience des ordres ainsi établies tirent sa force de l’usage de la corruption, celui du démantèlement de toute coalition d’action à même de faire échec aux ambitions d’éternisation au pouvoir. Ici, on peut noter l’achat de conscience et la provocation à chaque fois, des tensions interethniques et l’instrumentalisation du tribalisme primaire. C’est du diviser pour mieux régner. Une sorte de rentabilisation des conflits identitaires. Le manœuvrage des identités primordialistes ou villageoises apparait même comme l’un des leviers importants de cette résilience qui est engraissée par les déficits de culture politique des masses.

 

Au Cameroun les tensions politiques sont majeures- Est-ce qu’il faut remettre en cause l’institutionnalisation du jeu politique ?

 

Les tensions politiques sont le propre du jeu politique. Dit autrement, les tensions entre parties aux luttes politiques relèvent de l’ordre de la banalité. Seulement, lorsqu’elles deviennent chaotiques c’est-à-dire lorsqu’elles virent vers la désagrégation de l’ordre politique ou social elles deviennent problématiques. Pour ce qui est du Cameroun, il s’agit de la dérive chaotique des tensions politiques avec des cas de recours aux armes comme modalité d’expression politique. On assiste depuis quelques années à la désinstitutionalisation du jeu conséquence de la désaffection de son institutionnalisation après les convulsions de 90.

Désinstitutionalisation parce que les acteurs sortent désormais du cadre institutionnel de l’expression politique pour opérer dans des arènes où l’encadrement disciplinaires et sécuritaire est difficilement maitrisable. Le jeu est déporté vers des sites qui pourraient être considérés de no man’s land. La désaffection que trahit cette désinstitutionalisation fait référence à la crise de confiance entre les acteurs et le régime ou le système de jeu. Le régime et le système électoral par exemple sont de plus en plus dénoncés du fait qu’ils sont loin de garantir un jeu et une issue équitables. Face à cette déception, certains acteurs pensent à déportation du jeu vers des lieux où la victoire leur semble possible. On a donc les mouvements de rues avec des appels insurrectionnels. On a aussi la guerria comme celle des sécessionnistes anglophones de l’Ambazonie qui ont opté pour la lutte armée comme forme d’échange de coups politiques face à ce qu’ils considèrent comme marginalisation des anglophones dans le mariage entre les anciens Cameroun francophone et anglophone. Bref toutes ces tensions politiques chaotiques sont l’expression et la conséquence de la désinstitutionalisation du jeu politique.

 

La succession de Paul Biya n’est pas envisagée par les tenants du système et du coup il se pose le problème du rejet de la limitation des mandats. D’aucuns parlent d’une succession sans alternance. Cela est-il valable ?

 

Dire que la succession de Paul Biya n’est pas envisagée c’est lire le système en place à partir d’une grille exclusivement scénographique. Or, l’analyse politologique commande aussi la prise en compte de la coulisse. Juste pour relever que les attitudes affichées sont largement insuffisantes pour construire un discours apodictique sur les intentions du régime. Je pense que c’est une illusion. Non, le régime envisage le départ du président Biya, de façon sérieuse d’ailleurs. Les luttes de neutralisation réciproque intra-régimes constituent une parfaite illustration de cette affirmation. Les clivages entre factions de la baronnie à travers des guerres de positionnements, des cooptations des poulains et des arrestations à géométrie variable de l’opération Épervier renseignent à suffisance sur cet état de préparation de la succession. Seulement, l’ordre dominant n’arrive pas encore à dégager un successeur consensuel. Il a encore du mal à dégager un dauphin réel. C’est ce qui explique par exemple le tâtonnement autour la succession parentocratique du fils du président Frank Biya. Mais ce balbutiement ne doit pas laisser croire qu’il ne prépare pas la succession. Concernant la question de la limitation des mandats, c’est un débat vidé par la modification de la constitution en 2008. Cette question n’est pas de ce fait lié à l’existence ou pas d’un Dauphin. Quant à la succession sans alternance. Je pense qu’il peut beaucoup s’agir de l’alternance sans transition. Et ce dernier état de choses n’est possible que si la reproduction en gestation arrive à éclore c’est-à-dire que si les ambitions de gré à gré finissent par se concrétiser. À ce moment, on assistera à la continuité malgré le changement de l’homme-président parce que les héritiers auront tout simplement opté pour la perpétuation du système légué.

 

Peut-on envisager un changement significatif des règles constitutionnelles après le départ de Paul Biya ?

 

Il y aura forcément une refonte du régime de jeu politique. Tôt ou tard, le départ du président Paul Biya donnera lieu à l’institutionnalisation d’un nouvel ordre même si cela risque de se produire à l’issue des luttes politiques plus chaotiques que celles connues jusqu’ici parce que les héritiers tenteront un forcing de maintien de l’ancien ordre y compris par la mobilisation des moyens durs.  Cependant, personne ne peut donner avec exactitude la période du déclenchement de ces réformes parce que comme je venais de l’évoquer, les héritiers ne sont pas d’humeur à accéder à la demande des progressistes puisque cela marquera ipso facto leur défaite. Néanmoins au-delà de cette incertitude, la réorganisation démocratique du jeu aura lieu après le départ du président. Et cette réorganisation passe par une révision ou mieux par la rédaction d’une nouvelle constitution après l’échec de 1996, parce qu’il faut noter qu’en 96 le régime a invalidé le projet de la nouvelle constitution issue des assises de la tripartite. Il a préféré modifier celle qui existait. Donc, la constitution en vigueur au Cameroun est celle de 1972. Une constitution aujourd’hui largement caduque au regard de l’évolution des enjeux de l’État dont les plus plausibles sont le système de la compétition politique et la forme de l’État à même de calmer les velléités centrifuges des communautés. Des enjeux qui sont d’ailleurs travaillés par des conflits béants. Autant d’urgences qui imposent la rédaction d’une nouvelle constitution, malheureusement le président Biya semble ne pas voir ces urgences malgré les dégâts de ces conflits.

 

Est-ce le clientélisme politique ne va pas fausser les règles du jeu démocratique ?

 

Le clientélisme est congénital au caractère patrimonial de l’État. Sa survie dépend de celui-ci. Disons que tant que le système patrimonial n’est pas défait, le clientélisme subsistera ou encore si le système patrimonial est défait, le clientélisme sera neutralisé. Donc tout dépend du sort que les héritiers réserveront au système de patrimonialisation de l’État. Mais, il faut reconnaitre déjà que le clientélisme ne s’arrêtera pas immédiatement au lendemain du départ du président Biya parce qu’en plus d’être systémique, il est structurel c’est-à-dire qu’il est suffisamment ancré dans les mœurs politiques au point d’en constituer un éthos. Il ne sera pas facile de le dynamiter d’un seul coup. C’est un travail qui nécessitera assez de temps. Du coup, toute réforme engagée butera dans un premier temps sur cette gangrène. Et c’est l’un des plus gros obstacles que les innovateurs doivent redouter. La haute corruption, le favoritisme et la cooptation abusive tireront les premières réformes vers/par le bas.

Les experts sur la question s’accordent à dire que les successions annoncées font plus de malheur en Afrique. Est-ce que ce ne sera pas le cas au Cameroun si jamais Paul Biya annonçait sa retraite ?

Quelle que soit la modalité de départ du président Biya, par la mort ou par la démission, la transition va connaitre des moments de convulsion chaotique parce que tous les ingrédients de condensation d’une implosion sont déjà réunis. La crise anglophone constitue un apéritif de cette implosion qui guette le Cameroun post Biya. Il en est de même des explosions des bombes artisanales observées de manière répétitive dans les deux capitales du pays Yaoundé et Douala. On peut aussi citer la condensation des tensions communautaires primaires qui risquent d’être activées davantage par des factions engagées dans la lutte de contrôle du pouvoir. Il y a vraiment lieu de regretter le fait que le président la république n’ait pas pris assez de temps pour ouvrir le jeu politique, seule solution de décompression de cette implosion en condensation.

 

Peut-on dire que ce sont les batailles au sein du RDPC qui contraignent Paul Biya à garder le pouvoir alors même qu’il se sent fatigué ?

 

Sous réserve des raisons personnelles cachées du président, je pense que sa longévité au pouvoir est liée non seulement à son appétit du pouvoir mais aussi à l’échec de la fabrication d’un Dauphin capable de perpétuer la sécurisation clanique du pouvoir. Le système semble être surpris par l’usure de l’homme-président même si cela peut relever d’une stratégie murement pensée par ce dernier dont l’objectif aura été d’éviter les éventuelles menaces d’un Dauphin affirmé qui, avant éclosion, allait user de sa notoriété pour anticiper son départ. Donc la thèse des batailles intra RDPC est une hypothèse mineure. Le problème est celui du président qui n’a jamais été favorable à la construction d’un Dauphin.

 

Cette manière de faire indique-t-elle alors les grandes limites de démocratisation camerounaise ?

 

Effectivement, toutes ces défaillances prouvent que l’objectivation de la gestion de l’État au cœur de l’idéal démocratique a été liquidée au profit de la subjectivation. En lieu et place des institutions fortes on a plutôt bâti une logique d’hommes forts. Malheureusement de tels systèmes sont toujours porteurs de conflits à la disparition de l’homme-mort. La stabilité du Cameroun a toujours dépendu de l’homme président avec l’illusion légitime d’un présidentialisme monarchie où la vie de l’État dépend de la personne du président. Il est clair que la vox populi vox dei a été gelée au profit de la voix exclusive du président et de sa galaxie.

 

Au Cameroun tout est fait pour maintenir le régime en place. La recette combine diverses formes de cooptation, de coercition et parfois même de criminalisation. Le contrôle est parfois très brutal. Est-on en droit de se demander si ce jeu est productif ?

 

Ce jeu a été toujours productif pour l’ordre au pouvoir dans ce sens que ce sont ces usages décomplexés des moyens non démocratiques qui ont assuré la perpétuation de son hégémonie. Comme relevé plus haut, le contrôle politique par des moyens non conventionnels s’affirme aujourd’hui comme l’un des principaux ressorts, sources d’alimentation, de la longévité du pouvoir de Yaoundé. Ces méthodes lui ont permis de mieux faire main basse sur les ressources économiques, administratives, politiques et économiques du pays. Ainsi suivant leurs objectifs, ces ressorts ont été efficaces et porteurs. Mais, coté nation et État ou peuple, cela a desservit. Déjà le processus de démocratisation a pris un coup, différant ainsi de plusieurs décennies la transition puis la consolidation de la démocratie. Ensuite, les projets de développement n’ont pas toujours connu des aboutissements heureux car victimes des détournements des ressources allouées. Il en a été de même de la rentabilité de l’appareil étatique, grippé du fait des incompétences et des manques de motivation des agents cooptés par la corruption et le favoritisme. Enfin, cet état de chose a été source de conflits dont les plus ouverts ont été la crise de Boko Haram et celle anglophone qui sont toutes, la conséquence des injustices sociales provoquées par l’accaparement clanique des ressources collectives de la nation. L’adhésion des jeunes à des groupes extrémistes, parties à ces crises, trahit en grande partie une revanche sociale qui est une dénonciation de la gouvernance patrimoniale du pouvoir perpétuel. Dans le cas spécifique de la crise anglophone, le mobile est exclusivement la remise en cause de la posture managériale de l’ordre au pouvoir dont l’incapacité de contenter les complexes communautaires et leurs occupants a été actée par les porteurs d’armes. Aujourd’hui le bilan de ces crises (Boko Haram et Sécession), 6000 morts en moins de 10 ans (2013 et 2021), peut servir d’illustration pertinente du manque à gagner de la nation camerounaise dans ce système de conservation par tous les prix du pouvoir.

 

Quels sont les leviers sur lesquels il faut s’appuyer pour sortir du gouffre de la confiscation du champ politique pour une démocratie authentique ?

 

Le levier principal reste l’engagement effectif des Camerounais dans la gestion de l’État. Il s’agit de l’engagement politique qui se décline en deux postures : d’abord, la participation aux politiques publiques notamment de la mise sur agenda à l’évaluation en passant par les processus de décision et de mise en œuvre. Cela permet de limiter les libertés que seront tentées de se donner les gouvernant dans la gestion de la chose publique qui au sens de la Res publica est la chose de nous tous. Ensuite, la participation au jeu politique qui reste déterminant dans le choix des gouvernants et celui des offres politiques. Il faut que les Camerounais cessent de sous-traiter leurs responsabilités politiques ou simplement leur citoyenneté à quelques individus qui se sont souvent arrogés indument l’exclusivité de l’intelligence politique. Que le pouvoir revienne au peuple tout en espérant que celui-ci sera finalement conscient de son rôle de dépositaire originelle du pouvoir de l’État. Ceci nécessité une certaine activation qui, ma foi, doit être menée par la société civile. Pourquoi la société civile ? Parce que celle-ci, de par son caractère trans-partisan et ses objectifs hors de la quête du pouvoir est plus crédible aux yeux du peuple que les partis politiques qui portent les gènes du clivage. Elle peut, de fait, porter amplement les projets de socialisation politique active des masses. Mais, il important de reconnaitre aussi que la société est quasi inexistante au Cameroun. Les acteurs qui en font office sont pour la plupart trop partisans. Du coup, pour ce projet de socialisation politique, il faut préalable que le pays se dote d’une vraie société civile c’est-à-dire politiquement neutre et puissante. A côté de cela, il faut que le président Biya s’attèle autant que se peut de faire du restant de ces années de pouvoir des années de décompression des tensions en condensation. Ceci passe par l’ouverture effective du jeu politique. En effet, l’ouverture du jeu permet de mettre le peuple au centre du pouvoir à travers des choix libres et respectés. Elle donne aussi la possibilité au peuple de contrôler l’action de ces mandataires et de sanctionner ces derniers lors des élections par exemple. Cela permet finalement de décongestionner la gestion du pays et mettre effectivement les gouvernants au service des gouvernés gage de stabilité de l’État.

 Entretien mené par Alphonse Jènè

 

 

Dr Luc Nyimi Bekono

 

La question d’alternance au Cameroun : forcée ou apaisée ?

 

«…Les tensions persistent parce que d’une manière générale, les aspirations des citoyens ne sont pas suffisamment satisfaites»

 

Il est Docteur/PhD en Science politique, Enseignant chercheur des Universités, en service au Département de Science politique de la Faculté des sciences juridiques et politiques de l’Université de Douala. Membre de l’observatoire des mutations politiques en Afrique centrale et dans le Golfe de Guinée (OMUPAC).

 

Comment expliquer ces difficiles successions en Afrique subsaharienne du moins pour ce qui est de la persistance et la reconstruction du pouvoir personnel ?

 

Il faut lier les difficiles successions en Afrique subsaharienne au déficit d’acculturation aux pratiques inhérentes à la démocratie de référence occidentale. Déficit d’acculturation qui, lui-même est tributaire d’une greffe culturelle mal appropriée du fait justement de son altérité. En réalité la plupart des sociétés de l’Afrique subsaharienne ont historiquement une culture de soumission à un «Chef» ou un «Roi». Une telle tradition a toujours imposé un culte révérenciel à l’impérium de celui qui fait office de «Guide» ou «Roi». Le passage à la démocratie dans les années 1990 n’a malheureusement pas réussi à transformer ces variables «culturelles anciennes» au profit de l’appropriation de celles nouvelles, caractéristiques de la démocratie occidentale. Qui plus est, les processus de passage à ce nouvel ordre de gouvernance sont révélateurs d’une anticipation relative à l’imposition par les bailleurs de fonds, d’un modèle de société qui jusqu’ici n’était pratiqué. C’est dire en réalité que la persistance et la construction du pouvoir personnel en Afrique subsaharienne ont partie liée à la culture endogène africaine. Leur inscription dans continuité en contexte de démocratisation ne doit pas surprendre. Il s’agit entre autres résistances culturelles qui montrent que les variables culturelles exogènes qui peuvent affecter une société à un moment de son histoire, ne sauraient totalement effacer celles endogènes. Toute société combine ces deux variables en essayant de les réadapter à ses réalités socioculturelles et historiques propres.

 

Comment comprendre les logiques de personnalisation et leur résilience ?

 

Il convient de noter que les logiques de personnalisation du pouvoir en Afrique subsaharienne sont historiquement situées. Elles sont révélatrices de la faible institutionnalisation du pouvoir qui prévaut encore et malheureusement dans la plupart de ces Etats. Il faut entendre par institutionnalisation du pouvoir ici, le détachement du pouvoir de la personne physique qui l’exerce au profit de l’institution; entendue comme structure stabilisée, juridiquement régulée et dont la pérennité transcende la durée de vie des acteurs qui interagissent en son sein. Cependant, plusieurs variables explicatives peuvent être mobilisées pour rendre compte de la résilience, préférons-nous, de la rémanence du phénomène de personnalisation du pouvoir dans le contexte actuel. Outre les variables socioculturelles et historiques qui ont été évoquées plus haut, il convient d’associer à cela les variables qui se découvrent des trajectoires historiques de ces sociétés de la colonisation à la postcolonisation.

C’est qu’en réalité, les processus d’étatisation des sociétés de l’Afrique subsaharienne qui ont abouti aux premières indépendances, ont vu s’instaurer des premiers chefs d’Etat dont l’action devait s’inscrire dans un contexte critique relatif aux luttes postindépendatistes. Un tel contexte a contribué à construire la figure du chef de l’Etat comme «Homme fort» et dont la mission première était d’asseoir son pouvoir en maintenant la paix et la stabilité au moyen prioritairement de la répression. Il s’en est suivi un culte de la personne et de la personnalité qui use dans des ressources variées, notamment la patrimonialisation de la chose publique, le clientélisme et les dons de toutes autres natures etc. L’instauration des systèmes de parti unique a davantage travaillé à consolider de telles logiques. Il s’est ainsi institutionnalisé une sorte de marché politique basé sur la manducation; une sorte de transaction politique consistant à célébrer messianiquement le détenteur du pouvoir pour espérer en retour la rétribution.  Ce sont ces logiques qui vont relativement s’inscrire dans la continuité en contexte de démocratisation et du multipartisme.

 

Au Cameroun les tensions politiques sont majeures. Est-ce qu’il faut remettre en cause l’institutionnalisation du jeu politique?

 

Les tensions politiques au Cameroun ne sont pas rigoureusement à lier à la faible institutionnalisation du jeu politique. Le Cameroun a la prétention de se revendiquer être un pays démocratique. Il se trouve cependant que les tensions sont inhérentes à ce type de société. Raymond Aron ne remarquait-il pas fort opportunément que, la démocratie est le seul régime qui ne sache se battre contre ses propres ennemis, du fait justement de son caractère éminemment conflictuel. Le Cameroun est une démocratie plurale caractérisée par une forte diversité ethnoculturelle et linguistique. Ceci est susceptible de nourrir de tensions sociopolitiques d’ordre divers. Lier ces tensions de façon péremptoire à la faible institutionnalisation du jeu politique invite aussi à un peu de circonspection. Si le déficit d’institutionnalisation du jeu politique pourrait y être pour quelque cause, il importe davantage de souligner d’une part la problématique de la gouvernance qui est d’ordre systémique, et d’autre part le dynamisme même du jeu démocratique.

S’agissant de la problématique de la gouvernance, les tensions persistent parce que d’une manière générale, les aspirations des citoyens ne sont pas suffisamment satisfaites du fait des contraintes auxquelles fait face la gouvernance actuelle. Il est évident que le sentiment de frustration relatif au mal-être généralisé actuellement est susceptible justifier ces tensions politiques. Mais ces tensions sont surtout alimentées par le dynamisme du jeu politique. Leur exacerbation actuelle est tributaire de l’instrumentalisation (manipulation) de certains problèmes sociopolitiques par les leaders politiques (du parti au pouvoir et de l’opposition). Dans leur fonction tribunitienne, les partis de l’opposition travaillent à discréditer le parti au pouvoir en instrumentalisant certaines situations qui préoccupent les citoyens. En retour et pour se maintenir, l’ordre dirigeant instrumentalise les mêmes situations pour se défendre. C’est dans c’est dans ces interactions que naissent des problèmes sociopolitiques qui, font l’objet d’interprétation par les citoyens et nourrissent par conséquent des tensions politiques comme c’est le cas actuellement dans notre pays.

 

La succession de Paul Biya n’est pas envisagée par les tenants du système et du coup il se pose le problème du rejet de la limite des mandats. D’aucuns parlent d’une succession sans alternance. Cela est-il valable?

 

Cela est légitime que les acteurs se battent pour préserver et conserver leurs propres intérêts. Il est de nature que celui qui possède le pouvoir ou en tire profit tende à le détenir perpétuellement pour ne pas perdre ses avantages. Les acteurs peuvent donc pour cette fin, mobiliser les ressources possibles à leur disposition parmi lesquelles, le rejet de la limitation des mandats auquel vous faites allusion. Certes, l’argument de l’illimitation des mandats qui a justifié la révision de certains articles de la Constitution en 2008 peut-être scientifiquement défendable. Toutefois, cela est à inscrire dans la logique de conservation des intérêts de certains acteurs dominants. Cependant, parler d’une succession sans alternance peut être précoce. La configuration politique actuelle est complexe de sorte qu’esquisser une lecture de l’avenir expose de se tromper, au risque d’égarer l’opinion qu’on est sensé éclairer.

 

Peut-on envisager un changement significatif des règles constitutionnelles après le départ de Paul Biya ?

 

Le changement significatif des règles constitutionnelles après l’éventuel départ du président de la République peut varier selon les cas de figure possibles. Si l’on aboutit à l’hypothèse de la succession par un membre du parti au pouvoir, il est probable que l’on s’inscrive dans la continuité de la politique du parti au pouvoir, sans que l’on assiste à une révolution constitutionnelle véritable. Chaque parti a sa politique et sa ligne idéologique en trame de fond, même s’il peut y avoir succession de personnes à sa tête. La seule condition c’est que le parti se ne divise pas après le départ du leader. S’il réussit à maintenir son bloc et toutes ressources, l’éventuel successeur ne que pérenniser la politique du parti qui est encadrée par les règles constitutionnelles actuelles. Il y va de son intérêt parce que le parti politique est un système plus ou moins structuré.

En revanche si l’on assiste à l’hypothèse d’une alternance de partis politiques, dans ce cas on peut envisager une relative révolution constitutionnelle. Dans la mesure où le parti politique qui accède au pouvoir vient avec sa politique et son idéologie. Il voudra par conséquent modeler autant que cela est possible la Constitution qui est le baromètre de la régulation politique de l’Etat, à sa politique.

 

Est-ce que le clientélisme politique ne va pas fausser les règles du jeu démocratique?

 

La politique est un jeu qui met en interaction plus ou moins conflictuelle des acteurs qui déploient des stratégies en fonction des ressources à leur disposition. Ce jeu est encadré par des règles principalement formelles mais aussi informelles. Il peut par conséquent être envisagé que clientélisme investisse ce jeu à la fois comme règle informelle et comme stratégie. J’entends par clientélisme ce type de rapports sociaux à la fois personnalisés et inégalitaires, caractérisé par un échange de prestations jugé mutuellement bénéfiques. Ce genre de pratique est courant en politique, si l’on s’accorde évidemment que la politique est jeu d’intérêts. En rapport avec la démocratie, l’idéal voudrait que les pratiques de cette dernière soient gouvernées par des considérations éthiques. Mais la réalité politique d’ici et d’ailleurs finit toujours par révéler tout autre chose. En réalité il est d’essence de la pratique traduire imparfaitement ce que recommandent les idéaux. Un jeu politique ancré du clientélisme est forcément travesti et par conséquent fausse les principes idéaux de la démocratie.

 

Les experts sur la question s’accordent à dire que les successions annoncées font plus de malheur en Afrique. Est-ce ne sera pas le cas au Cameroun si jamais Paul Biya annonçait sa retraite?

 

Cette position des experts en question mérite d’être relativisée. Les situations varient en fonction des contextes et des configurations politiques. Ce qui est constant à l’observation depuis les années 1970 – 1980, est que les successions en cas de vacance, de démission ou décès, même lorsqu’elles se conformeraient aux dispositions constitutionnelles, ont toujours généré des tensions. Il en est ainsi par exemple du Sénégal en 1980 et du Cameroun 1982. C’est dire en effet, que les successions annoncées et celles brusques sont susceptibles de créer les tensions. S’agissant justement des successions annoncées, elles ne font pas toujours plus de malheur que cela peut laisser croire à première approximation. Au contraire, l’expérience a montré que les successions annoncées conduisent souvent à une véritable alternance. Qu’il suffise d’évoquer les cas survenus dans les années 2000 pour s’en convaincre. Au Ghana en 2000 par exemple, le dauphin de Jerry Rawlings, John Atta-Mills a perdu l’élection face à l’opposant John Kufuor. Dans la même veine, l’opposant Ernest Bai Koroma a remporté l’élection de 2007 en Sierra Leone face à Solomon Berewa, successeur choisi du président sortant Ahmed Tejjan Kabbah etc. Des exemples sont nombreux qui montrent que les successions annoncées débouchent souvent sur l’alternance partisane. Ceci peut avoir pour explication, le fait que le parti au pouvoir reste souvent attaché au président en exercice et dont le départ entraine les fractures au sein du parti, en donnant l’opportunité aux partis d’opposition de prendre le dessus.  De tels cas de figure peuvent aussi être envisagés au Cameroun. Toutefois comme il a été souligné plus haut, les situations varient en fonction des contextes et des configurations politiques, donc des rapports de force en présence.

 

Peut-on dire que ce sont les batailles au sein du Rdpc qui contraignent Paul Biya à garder le pouvoir alors même qu’il sent fatigué?

 

Des batailles au sein du Rdpc, je n’en sais pas grand-chose. Peut-être qu’elles sont larvées parce qu’elles ne s’expriment pas de façon ostentatoire pour qu’on puisse prétendre qu’elles contraignent le Chef de l’Etat à rester en exercice. Je ne saurais non plus préjuger de la fatigue du président Paul Biya. Je ne suis pas dans son organisme et en plus, il n’a jamais fait d’annonce officielle pour dire qu’il se sent fatigué. Certes, des cas existent où les tensions au sein du parti au pouvoir ont contraint un président sortant à se représenter. Ça a été par exemple le cas du Parti Socialiste (PS) au Sénégal en 2000 où, les tensions à l’interne ont contraint Diouf à se représenter. Ce qu’il faut enfin de compte retenir c’est que toute éventuelle transition à la tête d’un parti, de surcroit à la tête de l’Etat entraine souvent des luttes de leadership tributaires des ambitions des acteurs. L’effet pervers est que ces luttes en viennent souvent, si ce n’est à dissoudre le parti, du moins à le fragiliser.

 

Cette manière de faire indique-t-elle alors les grandes limites de la démocratisation au Cameroun?

 

Il n’existe pas de démocratie sans limites. Mêmes celles qu’hier on considérait comme les grandes démocraties ont révélé leurs faiblesses à la face du monde. Le cas des gilets jaunes en France et la crise postélectorale aux Etats-Unis sont révélateurs à cet effet. Chaque démocratie a ses contraintes et les rationalités qui s’en découvrent sont modelées au gré de ces contraintes. Certes, toute manœuvre de clôture hégémonique du jeu politique obstrue l’idéal démocratique et en constitue une limite.

 

Au Cameroun tout est fait pour maintenir le régime en place. La recette combine diverses formes de cooptation, de coercition et parfois même de criminalisation. Le contrôle est parfois brutal. Est-on en droit de se demander si ce jeu est productif ?

 

Le cliché sur lequel vous présentez le Cameroun me parait un peu excessif. Tout se passe comme si aucune possibilité n’est donnée aux partis d’oppositions pour tenter de renverser la tendance. Ce qui n’est pas totalement vrai. Le multipartisme est effectif au Cameroun et il y a une tenue régulière des élections. Plutôt que de toujours jeter l’anathème sur l’ordre dirigeant, il faut aussi interroger la franchise et l’efficacité de l’action de l’opposition qui est l’un des acteurs majeurs du changement. Il est légitime que ceux qui détiennent le pouvoir ou en tirent profit, déploient des moyens pour le conserver. Mais en retour que fait l’opposition pour changer la situation. En dehors de l’élection de 1992 où l’opposition s’est véritablement illustrée comme acteur du changement, qu’est-elle devenue après. L’on a assisté à une opposition de plus en plus agonisante et qui a développé un discours fataliste à propos de l’élection comme mécanisme de dévolution du pouvoir. Le fait de faire croire aux électeurs que les élections sont tout le temps, truquées a comme effet pervers que ces derniers se découragent d’aller aux urnes, pendant que le parti au pouvoir mobilise ses électeurs. Comment espérer un changement dans ces conditions. Plutôt que de tenir le gouvernement pour seul responsable, il faut savoir que les responsabilités sont partagées. C’est la conjugaison de ces actions qui peut donner lieu à un jeu productif.

 

Un autre acteur entre dans le jeu politique : la tribalisation du pouvoir politique. Et là le mécanisme devient complexe….

 

Il faut savoir que l’instrumentalisation du fait ethnique a toujours été un investissement rentable dans le jeu politique en Afrique subsaharienne. L’usage de la tribu ou de l’ethnie en politique ne doit pas surprendre au point de créer l’alarmisme autour. Dans les années 1990 si vous avez bonne souvenance, la situation était pire. L’exacerbation des conflits interethniques en cette période avait donné matière à un volumineux ouvrage qui fait l’économie de ces altercations (Le Cameroun éclate ? Une anthologie commentée des revendications ethniques, Editions C3, 1992). C’est vrai avec la présidentielle d’octobre 2018 a assisté à une montée en escalade de l’instrumentalisation du tribalisme. Montée en escalade qui se manifeste dans les discours à travers les usages pervers des réseaux sociaux. C’est qui est regrettable c’est que, les acteurs politiques utilisent le fait ethnique comme ressource politique oubliant que cet usage politique produit des effets de réalité auprès des citoyens qui se réapproprient ces répertoires d’actions politiques et les répercutent dans leurs comportements au quotidien. Il revient cependant aux citoyens de comprendre qu’ils sont manipulés par les entrepreneurs politiques qui, seuls savent tirer avantage de l’instrumentalisation politique du tribalisme. Que le citoyen lambda comprenne que lorsqu’on étiquète le Pcrn parti des Bassa’a, c’est pour minorer l’envergure nationale de ce parti et le désolidariser des autres ethnies. Il en va de même du RDPC, du MRC, du SDF et toutes les autres formations politiques. La manipulation du fait ethnique est une stratégie dans la compétition politique. Il faut être naïf pour ne pas le comprendre.

 

Quels sont les leviers sur lesquels il faut s’appuyer pour sortir du gouffre de la confiscation du champ politique pour une démocratie authentique?

 

L’opposition en tant qu’acteur majeur gagnerait d’abord à savoir s’opposer. Savoir s’opposer c’est être capable de créer une synergie qui puisse constituer rapport de force significatif face au parti au pouvoir qui fortement implanté sur le plan national et international et qui a su avec succès, fédéré les forces à sa cause. Savoir s’opposer c’est aussi se départir de ces façons habituelles de faire la politique qui reposent soit sur le boycott des élections, soit sur la fixation sur la personne du Chef de l’Etat genre «He must go». L’opposition doit proposer des solutions alternatives qui soient capables de séduire le grand nombre pour qu’il adhère à sa cause. Les pressions de la société civile ne doivent pas être du reste.  La voie de la violence n’a jamais été la meilleure. Elle crée toujours des frustrations qui peuvent nourrir la rancœur et la vengeance.

Entretien mené par Alphonse Jènè

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